Youcef Sebti

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Youcef Sebti est un écrivain et poète algérien d'expression française né le 23 février 1943 à Boudious, près d'El Milia (Jijel). À l’Institut national agronomique d’El Harrach, il est, égorgé dans la nuit du 27 au 28 décembre 1993, parmi les premiers intellectuels algériens, avec Tahar Djaout, victime du terrorisme islamiste.

Sommaire

[modifier] Biographie

Né dans une famille de petite bourgeoisie rurale, Youcef Septi fréquente le Lycée d’enseignement franco-musulman de Constantine, poursuit des études d’agronomie à El Harrach puis s'inscrit à la faculté des sciences humaines d'Alger où il obient en 1971 une licence de sociologie rurale. Il passe quelque temps à l’hôpital psychiatrique de Kouba (Alger), est chimiste dans les usines de la SNOLCO, enseigne à l’école d’agriculture de Skikda puis, à partir de 1969, à l’Institut d'agronomie d’El Harrach.

[modifier] Deux des poèmes les plus célèbres de Youcef Sebti

  • Nuit de noce [1]
(L'Enfer et la folie, 1981, p. 56)
  • Futur
Bientôt, je ne sais quand au juste
un homme se présentera à votre porte
affamé hagard et gémissant
ayant pour armes un cri de douleur
et un bâton volé
Tôt ou tard quelqu'un blessé
se traînera jusqu'à vous
vous touchera la main ou l'épaule
et exigera de vous le secours
et le gîte
Tôt ou tard je te le répète
quelqu'un viendra de très loin
et réclamera sa part de bonheur
et vous accusera d'un malheur
dont vous êtes l'auteur
Toi
tes semblables
vous qui sabotez la réforme agraire.
(L'Enfer et la folie, 1981, p. 59)

[modifier] Bibliographie

  • Jean Sénac, Anthologie de la nouvelle poésie algérienne, Poésie 1, n° 14, Librairie Saint-Germain-des-Prés, Paris, 1971.
  • L'Enfer et la folie, SNED, Alger, 1981 (72 p.); Bouchene, Alger, 2003 (ISBN 2-912946-66-2)

[modifier] Sur Youcef Sebti

  • Marie-Alice Seferian, "Enfer et folie", propositions pour une lecture d'un texte de Youcef Sebti, Revue de l'Occident musulman et de la Méditerranée, n° 22, décembre 1976.
  • Jean Déjeux, Bibliographie méthodique et critique de la littérature algérienne de langue française 1945-1977, SNED, Alger, 1979.
  • Les Mots migrateurs, Une anthologie poétique algérienne, présentée par Tahar Djaout, Office des Publications Universitaires, Alger, 1984.
  • Jean Déjeux, Dictionnaire des auteurs maghrébins de langue française, Paris, Editions Karthala, 1984 (ISBN 2-86537-085-2).
  • Anthologie de la littérayure algérienne (1950-1987), introduction, choix, notices et commentaires de Charles Bonn, Le Livre de Poche, Paris, 1990 (ISBN 2-253-05309-0)

[modifier] Jugements

"Youcef Sebti n’a jusqu’à ce jour publié qu’un seul recueil, L’Enfer et la folie. C’est une sorte de journal de bord (septembre 62-octobre 66) où sont consignés les souvenirs de la guerre et les désarrois d’une jeunesse. Le regard sur la guerre est loin d’être une rétrospective triomphaliste ou discursive; au lieu du discours guerrier, c’est la poésie intransigeante et totale qui se tient aux détours imprévisibles de l’événement pour faire feu de ses mots rouges. L’Enfer et la folie, aux accents parfois rimbaldiens, est un recueil d’une grande densité où des poèmes éclatent sous l’afflux de la douleur et du cri. Poèmes d’impatience qui ne tolèrent ni le doute ni la retenue, qui brisent leur propre cadence pour rythmer ce monde à venir qui redonnera leur saveur aux choses et aux mots."

Tahar Djaout, Les Mots migrateurs, Une anthologie poétique algérienne, Office des Publications Universitaires, Alger, 1984, p. 17.

"A la poésie qui perpétuait les échos de la geste nationaliste, succède, avec ce mouvement épars de jeunes poètes, une poésie sulfureuse qui interpelle une société castratrice des élans créateurs de la jeunesse. « La technobureaucratie sous-développée », comme il l’écrivait, entreprenait alors de tout transformer sans rien changer : la tradition clanique et tribale à travers un Etat moderne. (...) Il ne faisait partie d’aucun mouvement. Il n’aimait pas les appartenances. (...) Youcef Sebti chante la terre comme seul un paysan sait le faire : elle est la source de la vie, et la vie est source de tourment. Le jeune poète avait entre-temps maturé, et le pays change sous ses yeux. Sebti, lecteur vorace, insatiable, oriente sa réflexion sur les questions cultuelles et civilisationnelles. Il prend son bâton de pèlerin et porte la parole qui questionne partout où on le demande. Il parle et il écrit en arabe et en français. Eclectique, il cite le Coran et « le Capital » : la pensée chez lui est en fusion perpétuelle."

Arezki Metref, L'Humanité, 18 janvier 1994.

[modifier] Lien interne

[modifier] Lien externe

[2] Texte et interview par Mohamed Ziane-Khodja, photographies de Youcef Sebti et Tahar Djaout