Vladimir Horowitz

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Vladimir Samoïlovitch Horowitz (en russe : Владимир Самойлович Горовиц, en ukrainien : Володимир Самійлович Горовиць), né à Kiev le 1er octobre 1903 (certaines sources citent Berditchev) et mort à New York le 5 novembre 1989, est un pianiste virtuose russe de renommée mondiale.

[modifier] Biographie

D'origine juive, provenant d'un milieu bourgeois de la société ukrainienne cultivée, Vladimir Horowitz apprit le piano dès l'âge de cinq ans en compagnie de sa mère. À douze ans, il entrait au Conservatoire de Kiev. Il y reçut un enseignement musical qui fit de lui un pianiste accompli, bien qu'alors il préférât composer plutôt que de jouer la musique des autres. Il étudia ensuite avec Sergueï Tarnovski, puis avec Felix Blumenfeld. Une rencontre musicale marqua sans doute la formidable destinée du jeune Horowitz : le célèbre compositeur russe Alexandre Scriabine, après l'avoir entendu au piano, l'encouragea dans la voie de la carrière musicale.

C'est à seulement dix-sept ans que Vladimir Horowitz donna son premier concert public, à Kiev, sa ville natale. Sa renommée musicale fut déjà assurée en Russie grâce à son interprétation de vingt-trois récitals à Leningrad en 1924. L'année suivante, il fit une tournée très appréciée en Europe. Il est déjà très remarqué pour son jeu précis et sa grande virtuosité, si bien qu'un concert à Berlin en 1926, lui vaut le surnom d'« ouragan des steppes ».

Dès lors, Vladimir Horowitz enchaîne les représentations : en 1928 il se produit à Londres puis à New York au Carnegie Hall, en jouant le premier concerto pour piano de Tchaïkovski avec l’Orchestre Philharmonique de New York dirigé par Thomas Beecham. Il commença la même année ses premiers enregistrements. Horowitz fit alors la connaissance de Sergueï Rachmaninov ; les deux pianistes devinrent rapidement très amis. Rachmaninov, lui-même pianiste virtuose, déclara au sujet de son troisième concerto qu'il n'avait pas imaginé qu'on puisse le jouer aussi brillamment qu'Horowitz. Rachmaninov rétablit spécialement pour Horowitz, qui se fit une spécialité de son interprétation, sa deuxième sonate qu'il avait simplifiée car il n'en surpassait plus lui-même les difficultés techniques.

Aimant l'ambiance de la capitale française, Vladimir Horowitz s'installe temporairement à Paris, dont il ne voudra par la suite jamais quitter les richesses culinaires. En 1933, il joua pour la première fois en soliste, avec le grand chef d'orchestre italien Arturo Toscanini, le Concerto n° 5 (dit « L’Empereur ») de Beethoven avec l’Orchestre philharmonique de New York. La même année, en décembre, il épouse Wanda Toscanini (la fille du chef d'orchestre), rencontrée lors d'une des répétitions de ce concert. C'est en 1939 qu'il quitte la France pour s'installer définitivement aux États-Unis, à New York.

Le public d'Horowitz a pu regretter certaines périodes d'absence totale de la scène : avant son départ aux États-Unis (entre 1936 et 1938) puis entre 1953 et 1965, 1969 et 1974 et de 1983 à 1985. Ces périodes correspondent à des périodes de profonde dépression de l'artiste, contribuant à l'image romantique que l'on peut se faire de son personnage. Horowitz connut en effet le malheur de perdre son unique fille, Sonia, qui mourut à Genève en 1975.

Néanmoins, « l'ouragan des steppes » déplaçait des foules pour chacun de ses concerts où les places étaient chères et réservées très longtemps à l'avance. Son très étroit et complice rapport au public était constitutif de son grand charisme. Cependant, ses rares concerts étaient très appréciés du fait qu'il y réalisait ses meilleures interprétations, surpassant de loin tous les enregistrements programmés en studio. Horowitz arrivait à des performances incroyables devant des milliers de personnes, prenant de grands risques pianistiques devant lesquels reculent la quasi-totalité des pianistes en public, et créant une « réaction protoplasmique avec le public » (extrait d'une interview dans une file d'attente où campaient les fans afin d'acheter des billets pour l'un de ses récitals au Carnegie Hall).

Sa propension de jeunesse à l'écriture musicale l'a hanté toute sa vie. « Je suis un compositeur », disait-il souvent. Ainsi, il arrangeait de nombreux morceaux, qui sublimaient, musicalement et techniquement, les originaux, et la rareté de ses apparitions en public ne leur donnaient que plus de prix. Par exemple, les rhapsodies hongroises 2, 6 13, 15 (marche de Rakoczy) de Liszt, ou son exceptionnelle réécriture de la danse macabre de Camille Saint-Saëns arrangée pour piano par Liszt, celle de la Marche nuptiale de Mendelssohn, transcrite par Liszt, ou encore son impressionnante transcription de la marche américaine The Stars And Stripes Forever, de John Philip Sousa, où l'on peut entendre par moment 3, voire 4 voix complètement différentes à la fois. Plus subtilement par exemple de discrètes modifications de scherzos de Chopin, ou du finale de la polonaise héroïque, dont l'interprétation qu'il donna en bis à Berlin dans les années 1980 est un modèle d'interprétation horowitzien, mettant très bien en exergue le « bel canto » caractéristique de son jeu. Une composition particulièrement célèbre (il en donna en particulier une version unique en concert privé à la Maison Blanche) sont les Variations Carmen sur un thème du célèbre opéra de Bizet. Beaucoup de morceaux arrangés ou composés par Horowitz sont d'ailleurs interprétés ou repris actuellement par de jeunes pianistes, tels Arcadi Volodos (variations Carmen, Danse macabre, marche de Rakoczy) ou Valeri Koulechov (Hommage à Horowitz, virtuoso transcriptions for piano, chez BIS. Cette liste est non exhaustive : on peut rajouter ses paraphrases de Tableaux d'une exposition de Moussorgsky, ou encore d'autres).

Horowitz était néanmoins conscient de la dérive théâtrale que des pièces aussi brillantes faisaient prendre aux récitals, se disant limiter volontairement, en « musicien sérieux », ce type de morceaux en bis, les qualifiant de « mints » dont on ne saurait abuser : « Après ce genre de morceau, le public oublie tout le concert. Ce n'est pas juste ! ».

On peut regretter aujourd'hui qu'Horowitz ait mis tant de soin à composer ses récitals, et à choisir les quelques morceaux dignes d'être interprétés en concert ou d'enregistrement. La conséquence est en effet que sa discographie est moins étendue qu'on aurait pu le souhaiter. Par exemple, il n'interpréta pas d'autre rhapsodie hongroise de Liszt que les quatre déjà citées mais dans les années 30 il joua en public la rhapsodie espagnole et le 1er concerto. Cependant, toutes ses interprétations étaient mûrement réfléchies, il ne jouait pas un compositeur tant qu'il n'en avait pas lu l'œuvre intégrale. Ceci permit au monde musical de redécouvrir notamment Muzio Clementi ou encore Domenico Scarlatti , dont Horowitz s'ingénia à démontrer qu'ils furent des précurseurs du romantisme et de la musique de Beethoven. Il fut également un précuseur de l'interprétation des oeuvres d' Alexandre Scriabine.

À la fin de sa vie, Horowitz développa un amour de la musique de Mozart et réalisa un enregistrement du célèbre concerto n°23 en la majeur en 1987. C'est au printemps de la même année que fut donnée sa dernière représentation publique, en Allemagne. Soulignons enfin l'art d'Horowitz dans l'interprétation de la musique impressionniste (Liszt, Au bord d'une source par exemple ; Wagner Isoldes Liebestod arrangée pour piano par Liszt, un des derniers enregistrements d'Horowitz) mais aussi de la musique moderne. Horowitz créa en effet de nombreuses sonates de Kabalevsky et de Prokofiev aux USA (6e, 7e, 8e). Pour l'anecdote, Horowitz joua la 7e sonate de Prokofiev, écrite en 1942, au consulat soviétique de New York en janvier 1944, et envoya le premier exemplaire du disque à Prokofiev qui lui retourna un exemplaire signé de la partition sur lequel il écrivit « au pianiste prodigieux de la part du compositeur ».

Vladimir Horowitz mourut chez lui, à New York, le 5 novembre 1989, d’une crise cardiaque. Il est inhumé dans le tombeau de famille de Toscanini, à Milan.

Pianiste désormais mythique, le « roi des pianistes », Vladimir Horowitz fut admiré pour la puissance de son jeu pianistique et ses multiples prouesses techniques, par le public comme par les pianistes professionnels : Clara Haskil, qui le surnommait « Satan au clavier », Martha Argerich, Sviatoslav Richter, Arcadi Volodos, Valeri Koulechov. Il gagna la réputation du meilleur virtuose pour ses interprétations de Liszt, Chopin, Rachmaninov, Scriabine et Tchaïkovski.