Villa Ipatiev

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Maison Ipatiev, 1928
Maison Ipatiev, 1928

La maison Ipatiev (Дом Ипатьева en russe) doit son nom à son ancien propriétaire, un industriel nommé Nikolaï Nikolaïevitch Ipatiev. La maison Ipatiev ou "Maison à destination spéciale" (ou encore "La Maison des Intentions Particulières") était située à Iekaterinbourg dans l'Oural.

C'est dans cette maison que furent séquestrés puis exécutés le tsar Nicolas II et sa famille.

Sommaire

[modifier] La villa Ipatiev

Quand les Bolcheviques décidèrent d'emprisonner la famille Romanov à Iekaterinbourg, ils choisirent une maison située dans le centre historique de la ville sur la rue Voznessenski pour leur servir de prison, la maison Ipatiev, du nom du propriétaire à l'époque. Cet homme vivait avec sa famille au premier étage, le rez-de-chaussée lui servant de bureaux pour son entreprise de métallurgie qu'il dirigeait. C'était une maison spacieuse (18 x 31 mètres), moderne, confortable car équipée de l'électricité, du téléphone et même d'une salle de bain et de WC. Cette maison comportait également une petite terrasse donnant sur un jardin.

La maison était construite sur une double pente et une partie du rez-de-chaussée donnant sur la rue Voznessenski se révélait donc être un quasi sous-sol .

La maison avait été construite en 1897 pour un certain Andreï Redikortsev qui était ingénieur dans les mines. Mais cet homme avait été impliqué dans une vaste affaire de corruption et avait été forcé de vendre sa maison à un autre homme : IG Charaviev. Cet homme travaillait également pour les mines de platine dans l'ouest de l'Oural. C'est un peu plus tard, en 1908 que IG Charaviev revendit sa maison à Nicolas Ipatiev pour 6000 roubles de l'époque.

10 ans plus tard, le samedi 27 avril 1918, les Bolcheviques réquisitionnaient sa maison en demandant à Nicolas Ipatiev de l'évacuer sous deux jours. Il s'agissait d'une réquisition passagère et il fut autorisé à stocker ses affaires dans une pièce du sous-sol ( attenante à la pièce où sera exécutée la famille Romanov 3 mois plus tard ) qui fut placée sous scellés. Après le départ de Nicolas Ipatiev, sa maison fut entourée d'une double palissade de bois allant jusqu'au fait des fenêtres, des mitrailleuses installées sur le toit transformaient la maison en forteresse. La maison Ipatiev était prête à accueillir la famille Romanov qui y arriva pour partie le 30 avril ( Nicolas, Alexandra et Maria ) suivis ensuite par le reste de la famille restée à Tobolsk le 23 mai à cause d'une crise d'hémophilie d'Alexis qui le rendait intransportable.

[modifier] La garde de la famille impériale

Nicolas II en mars 1918.Dernière photo du tsar, prise alors qu'il était prisonnier à Tobolsk.
Nicolas II en mars 1918.
Dernière photo du tsar, prise alors qu'il était prisonnier à Tobolsk.

La garde de la famille impériale est assurée par des hommes ayant toute la confiance du commissaire Iakovlev, ce sont des ouvriers travaillant dans les usines avoisinantes. Le commandant Avdeïev commande la garde extérieure et intérieure de la maison Ipatiev. Le logement du commandant et de dix autres gardes se situait à l'étage réservé à la famille impériale. Cette cohabitation sera source pour les membres de la famille impériale de nombreuses vexations, ils seront les victimes d'incessants quolibets de la part des gardes, de plaisanteries douteuses à l'encontre des jeunes grandes-duchesses. Aucune intimité n'était possible pour chacun des membres de la famille de Nicolas II de Russie, qui furent dans l'obligation de partager cette villa avec leurs geôliers.

C'est dans la cave de la villa Ipatiev qu'eut lieu dans la nuit du 16 au 17 juillet 1918 le massacre de la famille impériale accompagnée dans la mort par le docteur Ievgueni Botkine, de trois domestiques : le cuisinier de la famille impériale Ivan Kharitonov, du valet de chambre Alexis Trupp, de la femme de chambre Anna Demidova qui fut assassinée à coups de baïonnette.

Après la reprise de la ville par les armées blanches, les pièces de la villa où eurent lieu le massacre furent placés sous scellés et le général tchécoslovaque Radola Gajda installa son état-major à l'étage. Son bureau personnel se trouvait alors dans la pièce qui avait été affectée au tsar et à la tsarine[1].

[modifier] La maison Ipatiev aujourd'hui

Église construite à l'emplacement de la villa.
Église construite à l'emplacement de la villa.

De la villa Ipatiev il ne reste plus rien de nos jours : En 1977, elle fut détruite sur l'ordre du politburo. Boris Eltsine, alors premier secrétaire du parti communiste de Sverdlovsk (nom d'Iekaterinbourg de 1924 à 1991), fut chargée de sa démolition.

Le terrain fut remis en 1990 à l'Église orthodoxe, qui lança en 2000 les travaux d'une église. Celle-ci fut consacrée en 2003, 85 ans après la mort du Tsar.

[modifier] Références

  1. Maurice Janin, Ma mission en Sibérie 1918-1920, Payot, Paris, 1933, page 53.

[modifier] Sources

  • Nicolas II de Russie de Henri Troyat
  • L'affaire Romanov de Michel Wartelle

[modifier] Articles connexes

[modifier] Lien externe