Tomorrow Never Knows

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Tomorrow Never Knows
Chanson par The Beatles
extrait de l’album Revolver
Sortie Royaume-Uni 5 août 1966
États-Unis 8 août 1966
Durée 2:57
Genre(s) Rock psychédélique
Auteur(s) John Lennon et Paul McCartney
Producteur(s) George Martin
Label Parlophone
Pistes de Revolver
Got to Get You into My Life

Tomorrow Never Knows est la dernière chanson de l'album des Beatles Revolver. Elle a été écrite par John Lennon mais est tout de même créditée Lennon/McCartney. Elle ouvre l'ère psychédélique pour les Beatles et, par son motif rythmique obsédant, peut également être considérée comme précurseur du genre techno.

Sommaire

[modifier] Genèse de la chanson

Pour cette chanson, John Lennon s'inspire du livre de Timothy Leary — alias « le Pape du LSD » —, The Psychedelic Experience. Leary avait écrit ce livre suite à sept mois d'initiation au bouddhisme dans l'Himalaya ; il s'agissait en fait d'une adaptation du Livre des morts tibétain[1]. John Lennon n'a lui-même jamais lu ce livre, il s'est contenté pour sa chanson de celui de Leary, comme il l'explique en 1972 : « On a suivi les instructions de son « manuel du parfait trip ». J'ai fait exactement comme il dit dans le livre et puis j'ai écrit Tomorrow Never Knows qui a pratiquement été la première chanson sous acide »[2]

[modifier] Enregistrement

Cette chanson est la première du genre de la part des Beatles : par le rythme hypnotique de la batterie, par le fait qu'elle ne soit jouée que sur un seul accord (do), par les nombreux sons inhabituels que l'on ne retrouvait pas dans les pièces des autres albums, et par le solo de guitare inversé. Dernière piste du disque, Tomorrow Never Knows semble être une parfaite transition vers l'album suivant, Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band, de par son esprit et ses innovations. Mais contrairement à ce qu'on pourrait en déduire, c'est la première chanson que le groupe a enregistrée lors des sessions de Revolver[1].

Tomorrow Never Knows inclut des boucles sonores préparées par Paul McCartney, et l'enregistrement de ce titre s'est déroulé comme un véritable happening, huit ou neuf ingénieurs du son actionnant autant de magnétophones pour envoyer les boucles à la demande vers la table de mixage. L'effet sonore tournoyant du Leslie Speaker d'un orgue Hammond fut par ailleurs détourné pour que la voix de John Lennon sonne comme celle du « Dalaï-Lama chantant du haut d'une montagne », tel qu'il l'avait demandé.

Le titre, chanté par John Lennon, utilise dans sa partie instrumentale des effets d'opposition de phase entre les deux pistes, et semble donc avoir été créé spécifiquement pour la stéréo. Toutefois, cette version a posé problème pour la version mono : en raison de cette opposition de phase, une partie de l'instrumental disparaissait si l'on se contentait de jouer la superposition des deux pistes. George Martin supervisa donc la mise au point de la version mono.

Il faut se rappeler le contexte de 1966 : l'immense majorité des électrophones étaient encore monophoniques, les disques stéréophoniques ne pouvaient être lus sans dommage sur des platines monophoniques, ni l'inverse (la gravure universelle se généralisera un peu plus tard), et les radios FM européennes étaient encore toutes monophoniques.

« De tous les morceaux des Beatles, c'est celui qui ne pourrait pas être reproduit : il serait impossible de remixer aujourd'hui la bande exactement comme on l'a fait à l'époque ; le « happening » des bandes en boucle, quand elles apparaissent puis disparaissent très vite dans les fluctuations du niveau sonore sur la table de mixage, tout cela était improvisé. »
    — George Martin, Summer of love, The Making of Sgt Pepper's

[modifier] Analyse des paroles

A l’image du livre de Timothy Leary, la chanson est aussi construite comme un mode d'emploi. Chaque couplet reprend toujours la même structure : d'abord l'instruction, par exemple Lay down all thought, surrender to the void (« Abandonne toute pensée, livre-toi au vide »), suivie de sa signification, en l'occurence It is shining (« C'est briller »). Ce passage en particulier traite du concept de Vacuité dans le bouddhisme. La réaction de Timothy Leary à ce sujet a été que Lennon a su témoigner de l'importance de ce principe dans sa chanson[1]. Par ailleurs, le titre de travail de la chanson était The Void[1], jusqu'à ce que Ringo Starr laisse échapper Tomorrow Never Knows (Demain ne sait jamais). John Lennon a finalement renommé sa chanson avec ce titre cocasse pour relativiser l'aspect philosophique des paroles.

George Harrison — des quatre Beatles, c'est lui le plus féru de philosophie orientale — voit la chanson comme traitant de l'essence même de la méditation transcendantale. Le premier couplet dit qu'il faut « débrancher son esprit, se relaxer », parce que, selon ses mots : « depuis notre naissance, nous ne faisons que penser, même quand nous dormons, nous rêvons, il n'y a pas un seul moment où l'esprit peut se reposer »[2]. Plus loin, John Lennon chante : That you may see the meaning of within / It is being (« Tu peux voir le sens intérieur / C'est être »). Harrison explique que l'être, la vraie nature de l'âme, c'est la transcendance, tout le reste étant superflu. Il conclut : « Je ne suis pas certain que John ait totalement compris ce qu'il disait. Il a réalisé qu'il touchait à quelque chose, mais il n'a peut-être pas fait l'expérience de ce qu'il chantait », ce que Lennon avait lui-même confirmé en 1968[3].

Les autres couplets sont dans la même veine. Ainsi, la connaissance se situe dans le fait que « l'amour est tout, et l'amour est tout le monde ». D'autres passages sont clairement psychédéliques, comme par exemple « écouter les couleurs de ses rêves ». La chanson se conclut par une dernière invective philosophique : « Joue le jeu de l'existence jusqu'à la fin... du début. »

[modifier] Reprises par d'autres artistes

George Martin a expliqué que, au vu du procédé très particulier utilisé pour créer la chanson, il était impossible de la reproduire. Cela n'a pourtant pas empêché d'autres artistes de l'adapter et de la reprendre :

[modifier] Notes et références

  1. abcd Steve Turner, L’Intégrale Beatles : les secrets de toutes leurs chansons (A Hard Day’s Write), Hors Collection, 1999, 208 p. (ISBN 2-258-04079-5), p. 115-116
  2. ab George Harrison, John Lennon, Paul McCartney, Ringo Starr, The Beatles Anthology, Seuil, 2000 (ISBN 2-02-041880-0), p. 209-210
  3. (en) Notes sur Revolver sur The Beatles Interview Database [lire en ligne]