Suréna (général parthe)

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Surena (84 à 52 av. JC - ou Suréna ou Suren) était un célèbre général de la cavalerie parthe durant le règne d'Orodès II (vers 57 à 38 av. JC) de la dynastie des Arsacides, appartenant à la famille des Suren.

Il apparait que le nom Suren était à l'origine un titre : Le rang le plus haut dans le royaume, après la famille royale, était celui des « Surena », ou « général », et cette position héréditaire désignait une famille précise.[1]

« Surena » est la forme latine de « Sûrên » ou « Sūrēn ».

Sommaire

[modifier] Suréna, le général parthe

Statue en bronze d'un prince parthe, cité comme le général Surena - Trouvé au Khuzestan vers 100 ap.JC - Musée National d'Iran.
Statue en bronze d'un prince parthe, cité comme le général Surena - Trouvé au Khuzestan vers 100 ap.JC - Musée National d'Iran.

Dans La vie de Crassus, écrit plus de 225 ans après, Plutarque décrit Suréna :

« Suréna n'était pas un homme ordinaire : ses richesses, sa naissance et sa réputation le plaçaient immédiatement au-dessous du roi ; en valeur et en prudence il était le premier des Parthes, et ne le cédait à personne pour la beauté de la taille et de la figure. Quand il était en voyage, il avait à sa suite mille chameaux qui portaient son bagage, deux cents chariots pour ses concubines, mille cavaliers tout couverts de fer et un plus grand nombre armés à la légère, car ses vassaux et ses esclaves auraient pu lui composer une escorte de dix mille chevaux ; sa naissance lui donnait le droit héréditaire de ceindre le bandeau royal aux rois des Parthes le jour de leur couronnement.  »
    — Plutarque, Vie de Crassus [2]

En 54 av. JC, Suréna commande les troupes d'Orodès II à la bataille dynastique de Séleucie qui permet à Orodès II de reconquérir le trône sur son frère et rival Mithridate III.

L'année suivante, en 53 av. JC, les romains attaquent à l'ouest les états vassaux des parthes. Orodès II envoie sa cavalerie lourde et ses archer à cheval les combattre, toujours sous les ordres de Suréna. La rencontre a lieu à la Bataille de Carrhes, maintenant Harran en Turquie actuelle. La qualité des troupes parthes, leur mobilité sur les légionnaires et la supériorité de leur équipement leur donne la victoire sur des romains numériquement supérieurs, commandés par le triumvir Marcus Crassus.

Suréna aurait attiré Crassus dans un guet-apens, prétextant une rencontre pour mieux l'assassiner. Selon la fameuse légende, sa réputation d'homme riche et avide[3] ayant précédé le romain, le général parthe l'aurait fait exécuter en lui coulant de l'or fondu dans la bouche, lui disant « Rassasie-toi de ce métal dont tu es si avide ! »[4].

La défaite romaine est très sévère : 20 000 morts et 10 000 prisonniers. Mais si l'écho est retentissant en Orient et en Occident et marque l'arrêt de l'expansion romaine à l'est, elle ne fut pas exploitée à leur avantage par les parthes. Toujours selon Plutarque, cette immense victoire de Suréna lui couta la vie : « Le roi fit mourir ce général, dont la gloire avait excité son envie ». Craignant vraisemblablement qu'il ne représente une menace pour lui, Orodès II le fit exécuter.

Suréna est mis en parallèle avec Rostam, héros mythique de la Perse antique.

[modifier] La Maison des Suren

Le nom des Surena ou Suren désigne une des 2 familles de la noblesse parthe[5] mentionnées explicitement dans les textes de l'ère Arsacide.

Lors de la deuxième moitié de l'ère Arsanide (qui dura de 247 av. JC à 224 de notre ère), la famille Surena avait le privilège de couronner la tête des rois parthes les jours de sacre. Après la chute des Arsanides au IIIè siècle et l'avènement des Sassanides, les Surena servirent les successeurs Perses, à la cours desquels ils étaient identifiés comme faisant partie des « clans parthes ».

Il est probable que les Surena possédaient des terres au Sakestan, région entre l'Arachosie et la Drangiane, actuellement à cheval sur l'Iran et l'Afghanistan, d'où ils expulsèrent les autochtones, les Sakas (littéralement le Sakestan est la terre des Sakas), branche des Scythes qui immigra au Penjab. Il apparait que les Surena gouvernèrent la province du Sistan (dont le nom dérive de Sakestan et qui était à l'époque beaucoup plus grande que la province iranienne actuelle) comme leur fief personnel.

Outre le général Suréna, l'archéologue Ernst Herzfeld[6] affirme que les rois indos-parthes de la dynastie de Gondopharès sont des représentants de la Maison des Suren. Au VIè siècle, le gouverneur satrape d'Arménie qui tenta d'y rétablir le Zoroastrisme fut un autre membre notable. La dernière mention de la famille fut un commandant militaire en Chine du nord au IXè siècle [7].

Le nom Suren est resté commun en Arménie.

[modifier] Références et liens

  1. Ammianus Marcellinus, historiographe de la fin de l'antiquité.
    (en) Rawlinson, George, The Seven Great Monarchies Of The Ancient Eastern World, vol. 6, Londres, 1910: Dodd, Mead & Company
  2. Vie de Crassus, Plutarque, texte intégral enligne pour toutes les références s'y rapportant.
  3. Crassus était reconnu alors comme l'homme le plus riche de Rome, et comme un parvenu devant son ascension politique à sa fortune. Sa recherche de gloires militaires répondait à celles de ses rivaux, Pompée et César.
  4. Il semblerait cette légende fut inventée à Rome par les ennemis de Crassus pour le salir.
  5. La deuxième est la Maison des Karen.
  6. (de) Herzfeld, Ernst Emil, Archæologische Mitteilungen aus Iran, vol. I, Berlin 1929, Ed. Dietrich Reimer, pp. 70-80.
  7. (en) Perikanian, A. Iranian Society and Law, Yarshater, Ehsan, Cambridge History of Iran, vol. 3.2, Londres 1983: Cambridge UP, p. 627-681.

[modifier] Voir aussi

  • Suréna dernière tragédie écrite en 1674 par Pierre Corneille, dont l'histoire est inspirée de la vie du général parthe.

[modifier] Liens internes

[modifier] Liens externes