Sous-marin nucléaire lanceur d'engins

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Le SNLE-NG Le Téméraire, de la Marine Nationale
Le SNLE-NG Le Téméraire, de la Marine Nationale

Le SNLE (abréviation de « sous-marin nucléaire lanceur d'engins »), aussi connu comme SSBN (Sub-Surface Ballistic Nuclear) selon le code OTAN, est un sous-marin à propulsion nucléaire de très grande taille, équipé de missiles balistiques stratégiques à charge nucléaire en silos verticaux et lancés en plongée. Il est également équipé en torpilles et en missiles aérodynamiques à changement de milieu, des armes anti-navires pour son auto-défense. Sa mission est la dissuasion nucléaire ; il assure, à ce titre, la garantie d'une frappe nucléaire de riposte, en raison de la difficulté de le localiser lors de ses patrouilles en plongée, grâce notamment à ses qualités de discrétion acoustique.

Les pays qui disposent en ce début de XXIe siècle de ce type de sous-marin sont les « cinq puissances nucléaires » : la Russie, la Chine, la France, les États-Unis, et le Royaume-Uni.

À eux seuls, les Américains et les Russes possèdent plus des 4/5e de la flotte de SNLE mondiale.

Sommaire

[modifier] Historique

L'USS George Washington (SSBN-598)
L'USS George Washington (SSBN-598)

Les premiers sous-marins porteur de missiles balistique sont, à partir de 1955, six bateaux modifiés type projet 611 ou Classe Zoulou selon le code OTAN de la marine soviétique. Ces sous-marins à propulsion conventionnelle étaient porteurs de un à deux missiles Scud.

Mais le premier véritable SNLE fut l'USS George Washington (SSBN-598) de l'United States Navy opérationnelle à partir de 1960 avec ses UGM-27A Polaris d'une portée de 2 200 km.

A partir des années 1960, ces vecteurs virtuellement indétectables sont un des piliers de la destruction mutuelle assurée grâce leur capacité de "seconde frappe" en cas d'attaque nucléaire de l'autre camp.

[modifier] États-Unis d'Amérique

La marine américaine possède plusieurs sous-marins de ce type. En 1985, durant la dernière phase de la Guerre froide, 37 sous-marins pouvant emporter un total de 640 missiles balistiques étaient en service (6 classe Ohio, 19 classe Lafayette et 12 classe Benjamin Franklin) [1].

En 2008, la flottille de classe Ohio, actuellement la seule classe en service, compte 14 sous-marins dans leur fonction originale sur les 18 construits. Ce sont les deuxièmes plus gros sous-marins du monde après les Typhoons russes. Ils sont tous actuellement basé dans les deux bases navales de Kings Bay, en Géorgie sur la côte Atlantique, et de Bangor, dans la péninsule de Kitsap se situant dans l'état de Washington sur la côte Pacifique.

Avec la chute du bloc soviétique et la détente qui a suivi sur le plan des armements nucléaires stratégiques, quatre sous-marins de la classe Ohio ont été convertis en sous-marins lanceurs de missiles de croisière (SSGN selon la terminologie OTAN). Les tubes de lancement contiennent chacun une dizaine de missiles Tomahawk, ce qui donne à chacun de ces sous-marins une puissance de feu considérable contre des objectifs terrestres.

Icône de détail Article détaillé : classe Ohio.

[modifier] France

Le Redoutable, premier des SNLE français
Le Redoutable, premier des SNLE français
Missiles M45 et M51 dans des coques de SNLE (type Le Redoutable, à gauche) et de SNLE-NG (type Le Triomphant, au milieu)
Missiles M45 et M51 dans des coques de SNLE (type Le Redoutable, à gauche) et de SNLE-NG (type Le Triomphant, au milieu)

Trois SNLE de nouvelle génération (SNLE/NG) de la classe Le Triomphant sont en service en 2008. Un quatrième est en achèvement.

Le système d'arme des SNLE-NG est composé de :

Les SNLE forment l'une des deux composantes de la stratégie de dissuasion nucléaire française, avec les moyens aéroportés de la force aérienne stratégique et de l'aviation navale. L'atout principal du SNLE réside dans sa discrétion acoustique.

Depuis le lancement de ce programme dans les années 1960, la base opérationnelle des SNLE français est l’Île-Longue dans la rade de Brest.

La mission d'un SNLE français est simple : quitter son port d'attache, de la façon la plus discrète possible, puis rester indétectable tout au long de sa mission pour pouvoir à tout moment déclencher le feu nucléaire, sur ordre du président de la République française.

La procédure de tir des missiles nucléaires est la suivante : dès réception de l'ordre présidentiel et des codes de tir, le commandant du SNLE et son second introduisent les « clés » de tir puis lancent les missiles qui partent alors sur leurs cibles (personne à bord du sous-marin ne connait la destination des missiles, pas même le commandant). Il existe deux « clés » de tir, afin de limiter le risque humain (dépression, tendance suicidaire, folie passagère…).

Une mission de patrouille dure environ 10 semaines, au cours laquelle le SNLE doit rester indétectable. Les 100 à 130 hommes d'équipage vivent donc confinés dans le sous-marin, sans pouvoir donner de leurs nouvelles à leurs proches. En cas de problème de santé, un médecin-chirurgien, assisté de deux infirmiers dont un anesthésiste, peut les opérer à bord du SNLE. Il a été hypothétiquement proposé que ce médecin subisse lui-même une appendicectomie (ablation de l'appendice, habituellement opérée en cas d'appendicite). En effet, dans les années 1970, une patrouille avait été interrompue pour permettre l'évacuation du médecin, victime d'une appendicite, et qui ne pouvait s'auto-opérer. Mais l'idée à été abandonnée car le risque anesthésique dû à cette même opération est trop élevé par rapport au risque d'être atteint d'une appendicite. De plus il est déontologiquement incorrect pour un chirurgien viscéraliste d'opérer un patient non malade.

[modifier] Royaume-Uni

Actuellement, la Marine royale britannique possède quatre SNLE de la classe Vanguard, emportant au total environ 200 ogives, ayant succédé aux quatre bateaux de classe Resolution lancé à partir de 1966 :

Leur port d'attache est la Her Majesty's Naval Base Clyde dans la région d'Argyll and Bute dans l'ouest de l'Écosse.

D'ici 2015, la Marine royale prévoit de maintenir à quatre son nombre de SNLE. En 2007, le parlement britannique a décidé de lancer un programme de renouvellement de la flotte de SNLE avec mise en service de trois nouveaux submersibles pour remplacer les Vanguard à partir de 2022, le nombre d'armes nucléaires devrait être de 160 à cette période.

[modifier] Russie

Un sous-marin de classe Typhoon dans la glace, un géant en voie de disparition
Un sous-marin de classe Typhoon dans la glace, un géant en voie de disparition

La Russie possède 15 SNLE en 2006, dont 12 opérationnels contre 67 en 1984 au temps de l'Union soviétique.

La marine russe possède actuellement trois types différents de SNLE, dont les plus gros sous-marins du monde, ceux de classe Typhoon.

  • Le sous-marin de classe Typhoon peut transporter 20 missiles SS-N-20. À l'état neuf, il était le plus silencieux des sous-marins soviétiques de l'époque. Sur un total de six construits, un seul est encore en service avec seulement 10 missiles, un deuxième sert de banc d'essai à une nouvelle génération de missiles balistiques, le 3M14 SS-N-30 (3M14 Bulava) et un autre ne transportant plus de missiles sera peut-être démantelé comme les trois derniers retirés du service.
  • Classe Delta III : construit à 14 exemplaires à partir 1976, 6 sont en service et devraient être retirés d'ici quelques années. Il peut transporter 16 missiles SS-N-18.
  • classe Delta IV : Portant le surnom de Del'Phin (Le Dauphin, en français) à cause de sa forme, il a été conçu pour remplacer le Typhoon. La Russie en a construit 7, dont 5 sont opérationnels. Depuis 1999, ils sont en travaux de remise à niveau. Deux sont en chantier en 2006. Lorsqu'ils seront tous opérationnels, les Delta III seront retirés du service. Ils peuvent transporter 16 missiles SS-N-23.

La Russie prévoit d'avoir 3 autres SNLE pour 2011 de classe Boreï, la construction de tous les bâtiments a été lancée.

[modifier] République populaire de Chine

La marine de l'armée populaire de libération a possédé un seul SNLE du type 092, le 406 Changzheng lancé le 30 mars 1981 et entré en service en 1987.

C'est en fait un classe Delta III russe modifié qui transporte 12 missiles nucléaires chinois Ju Lang-1 (Code OTAN CSS-N-3) d'une portée de 2 150 km et possède aussi 6 tubes lance-torpilles de 533 mm. Son port d'attache est la base navale de Jianggezhuang à 25 km de Qingdao.

Les Chinois mettent au point un autre SNLE de conception entièrement chinoise, le type 094 (appelé classe Jin par les forces Occidentales) armé de 12 Ju Lang-2 d'une portée estimé à 8 000 km dont le premier est lancé en juillet 2004. Mais certains experts affirment que, pour le moment, il est trop bruyant.

En mai 2008, deux 094 ont étaient lancé et l'Intelligence Community américaine estime que cinq pourraient être construits d'ici 2015.

Selon la FAS, Pékin construit dans les années 2000 une base navale secrète à Sanya (aussi connue sous le nom de Yulin) sur l'île d'Hainan qui serait dotée des infrastructures nécessaires pour y dissimuler des regards indiscrets de satellites militaires ennemis une flotte entière de sous-marins nucléaires [2].

[modifier] Notes et références de l'article

  1. Flottes de combat 1986
  2. (fr) Un SNLE chinois arrive dans la nouvelle base de l’île de Hainan, Le Portail des sous-marins, 28 avril 2008

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens et documents externes

[modifier] Bibliographie

  • Roger Chevalier, « A bord du "Gymnote" », dans Revue aerospatiale, N° hors série 20 ans d'Aerospatiale, janvier 1990