United States Navy

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Sceau du département de la Marine
Pavillon actuel de l'US Navy, premier de son histoire et remis à l'honneur depuis le 11 septembre 2002
Ancien pavillon de 1776 jusqu'en 2002

L'US Navy ou United States Navy est la marine de guerre des États-Unis d'Amérique et représente l'une des cinq composantes des forces armées des États-Unis. Elle est depuis la Seconde Guerre mondiale la première force aéronavale au monde.

Elle dépend du Secrétaire à la Marine des États-Unis et elle est dirigée par le Chief of Naval Operations.

L'US Navy est composée en 2007 de plus de 260 navires de guerre dont les plus imposants sont ses 11 porte-avions géants et d'une aéronautique navale comportant environ 4 000 aéronefs opérationnels. Il faut rajouter les 123 navires auxiliaires (pétroliers, transports et ravitailleurs du Military Sealift Command) ainsi que la Flotte de réserve.

Plus d'un demi-million d'hommes et de femmes en font partie, que ce soit en service actif (226 551 au 30 septembre 2007 [1]) ou dans la réserve.

Port de San Diego en Californie, le 2 mai 2003 : arborant son fanion "Homeward Bound" et affichant une bannière Mission accomplie, le porte-avions USS Abraham Lincoln fait escale avant de revenir à son port d'attache d'Everett, État de Washington, à la suite d'un déploiement d'environ 10 mois en support des opérations Liberté immuable et Libération de l'Irak. L’Abraham Lincoln se séparait des équipages du Carrier Air Wing Fourteen (CVW-14) et en était alors à 286 jours de navigation, attendu le 6 mai à sa base.  Le fanion dit "Homeward Bound" constitue une tradition de la marine américaine, qui remonte aux temps des navires à voile. Il est présenté sur les vaisseaux qui ont effectué un séjour outremer de plus de neuf mois, lorsqu'ils rentrent dans le premier port des États-Unis où ils vont s'ancrer. Sa longueur est d'un pied par membre d'équipage, pourvu que cette longueur ne dépasse pas celle du bateau. Lors de l'arrivée au port, le fanion est coupé. Le bleu revient au capitaine, et le reste est remis aux hommes.
Port de San Diego en Californie, le 2 mai 2003 : arborant son fanion "Homeward Bound" et affichant une bannière Mission accomplie, le porte-avions USS Abraham Lincoln fait escale avant de revenir à son port d'attache d'Everett, État de Washington, à la suite d'un déploiement d'environ 10 mois en support des opérations Liberté immuable et Libération de l'Irak. L’Abraham Lincoln se séparait des équipages du Carrier Air Wing Fourteen (CVW-14) et en était alors à 286 jours de navigation, attendu le 6 mai à sa base.
Le fanion dit "Homeward Bound" constitue une tradition de la marine américaine, qui remonte aux temps des navires à voile. Il est présenté sur les vaisseaux qui ont effectué un séjour outremer de plus de neuf mois, lorsqu'ils rentrent dans le premier port des États-Unis où ils vont s'ancrer. Sa longueur est d'un pied par membre d'équipage, pourvu que cette longueur ne dépasse pas celle du bateau. Lors de l'arrivée au port, le fanion est coupé. Le bleu revient au capitaine, et le reste est remis aux hommes.

L'US Marine Corps dépend administrativement de l'US Navy.

En cas de guerre, les forces de l'US Coast Guard, qui relèvent du Département de la Sécurité intérieure, sont placées sous le commandement de l'US Navy.

Sommaire

[modifier] Historique

[modifier] La guerre d'indépendance des États-Unis d'Amérique

Afin de faire face aux débarquements des troupes britanniques, l’assemblée coloniale de Rhode Island décide, le 12 juin 1775, de construire des bâtiments de guerre. Le 13 octobre 1775, le Congrès des États-Unis charge un Comité de la Marine, précurseur du futur ministère, de créer une flotte de guerre pour l'ensemble des treize colonies. Peu après, cette instance voit ses attributions étendues à l’ensemble des affaires maritimes.

Le 10 novembre 1775, une nouvelle résolution permet la constitution d’une infanterie de marine destinée à l’abordage et au débarquement. Cette force embarquée sera articulée en deux bataillons : c’est la naissance des Continental Marines qui devait devenir plus tard le Corps des Marines des États-Unis.

Pour monter de toutes pièces une marine militaire, l’organisme administratif, dirigé par le commodore Esek Hopkins, s’inspire de ce qu’il connaît déjà - le modèle britannique - tout en se pliant aux conditions locales et aux minces réalités financières du moment.

La toute jeune Continental Navy peut au moins s’appuyer sur l’expérience des chantiers de construction de la côte Atlantique qui, depuis un siècle, construisent des navires pour la Royal Navy. Quant aux équipages, Hopkins fait appel aux marins et officiers qui ont servi dans la flotte de Sa Majesté. Parmi ceux-ci figure le jeune lieutenant de vaisseau John Paul Jones, qui sera montré en exemple à des générations d’officiers de Marine américains, pour avoir résumé une évidence en une formule restée célèbre : « Without a respectable Navy, alas America! ». Bien que certaines fournitures fassent défaut, un nombre impressionnant de bâtiments est mis à l’eau pendant le conflit. Si un seul vaisseau de ligne de 74 canons, l’America, est construit, les petites frégates, corvettes, bricks et autres goélettes sont d’assez bonne facture. En revanche, l’artillerie pose problème. Le savoir-faire manque, si bien que pour l’armement et les autres fournitures militaires, les Insurgents se tournent vers la France à qui ils donnent d'ailleurs l'America en remplacement d'un navire français perdu durant cette guerre.

En effet, alors que la flotte de guerre américaine n’était qu’embryonnaire – ce qui n’a pas empêché les corsaires, à l’image de John Paul Jones, de mener une efficace guerre de course au commerce de l'ancienne métropole -, la France dans la guerre d'indépendance américaine a joué un rôle que certains disent décisif, c’est en effet la marine royale de Louis XVI qui, en s’assurant la maîtrise des mers, a interdit le ravitaillement par mer des troupes britanniques, a facilité la victoire franco-américaine sur terre et finalement a poussé l'empire britannique à reconnaître sa défaite.

Au total, environ 65 navires (neufs, convertit ou capturé) servit sous ses couleurs et 11 survécurent à cette guerre.

Après la victoire et la reconnaissance de l'indépendance des nouveaux États-Unis d'Amérique, le Congrès en autre pour raison financière décida la dissolution de la Continental Navy et des Marines et le dernier navire de cette flotte, le USS Alliance, fut vendue à un financier le 1er août 1785.

[modifier] Après l’indépendance

La frégate de 52 canons USS Constitution en 2006. Lancé en 1797, elle participa à la Quasi guerre contre les corsaires français puis à la guerre de 1812 contre le Royaume-Uni. Transformé en navire-école, elle ne sera retirée du service actif qu'en 1906.
La frégate de 52 canons USS Constitution en 2006. Lancé en 1797, elle participa à la Quasi guerre contre les corsaires français puis à la guerre de 1812 contre le Royaume-Uni. Transformé en navire-école, elle ne sera retirée du service actif qu'en 1906.

Devant les problèmes récurrents de piraterie dans la mer des Caraïbes et les côtes d'Afrique du Nord, le Congrès des États-Unis décide par une loi du Congrès du 27 mars 1794 (l'Act to provide a Naval Armament) de recréer une nouvelle marine de guerre autour de 6 frégates par 50 voix contre 39 [2].

La dégradation des relations diplomatiques entre les États-Unis et la France révolutionnaire en guerre avec le reste de l'Europe fit que l'on assista à une quasi-guerre maritime entre 1798 et 1800 entre ces nations, ou l'usage de corsaires de part et d'autre fut intensif.

La toute jeune marine américaine était alors forte de 14 bâtiments de guerre dont 9 frégates, appuyés par 365 navires-corsaires. Des captures de navires marchands et plusieurs combats navals durèrent jusqu'à ce que la France du Consulat s'accorde à un règlement honorable.

Puis en 1801 eut lieu la première guerre barbaresque, ou les dey de Tripoli et ses alliés de la Côte des Barbaresques déclarèrent la guerre aux États-Unis qui ne voulaient plus payer de tribut pour le passage de leurs navires. Cela entraina l'envoi d'une escadre en mer Méditerranée qui au prix de deux navires fera que le traité de paix du 4 juin 1805, les États-Unis sont libérés de l’obligation de payer un tribut aux Tripolitains. À compter de cette date, une escadre américaine mouillera en Méditerranée en permanence, exception faite de la période de la guerre de Sécession. Mais une seconde guerre éclata au printemps 1815 et une expédition navale fut menée par Decatur contre le dey d’Alger.

La guerre de 1812 vit pour la seconde et dernière fois des navires américains affronter la Royal Navy. Devant la puissance de la flotte britannique, ce fut là aussi des corsaires qui attaquant les navires de commerce adverses firent le plus d'action.

[modifier] La guerre de Sécession

Combat des navires cuirassés USS Monitor et CSS Virginia de la Confederate States Navy.
Combat des navires cuirassés USS Monitor et CSS Virginia de la Confederate States Navy.

L'US Navy avait été conçue à l'origine pour tenir tête à son ancien ennemi, la Royal Navy. Bien que d'une taille moyenne au début des hostilités, avec seulement 90 navires à voiles et à vapeur, elle se développa rapidement, compta 386 bateaux portant 3 027 canons fin 1862, et remplit ses missions de blocus des ports des États confédérés d'Amérique et de soutien aux forces terrestres de façon satisfaisante.

On vit durant cette guerre les premiers combats de cuirassés et l'utilisation de sous-marins par la Confederate States Navy qui bien qu'étant extrêmement dangereux pour leur propre équipage, coulèrent ou endommagèrent 28 navires fédéraux. L'US Navy captura 1 551 bâtiments de commerce et en détruisit 355 durant cette guerre.

Après cette guerre, la Marine vit la majorité de ses navires désarmés et son effectif tomber à seulement 2 000 officiers et 10 000 marins.

[modifier] Début d’une marine mondiale

La bataille de la baie de Manille en 1898, 7 navires américains coulèrent 10 navires espagnols sans aucune perte
La bataille de la baie de Manille en 1898, 7 navires américains coulèrent 10 navires espagnols sans aucune perte
Flotte de l'Atlantique, décembre 1907
Flotte de l'Atlantique, décembre 1907

En 1882, la marine ne comptait que 138 navires dont seulement 57 employés en service actif [3].

Flotte en janvier 1882
Navires à vapeur 65
Navires en bois en voile 23
Navires Cuirassé 24
Torpilleurs 2
Remorqueurs 23


En 1890, l’U.S Navy n’est encore que la sixième flotte du monde, avec 122 000 tonnes.

La faiblesse de celle-ci par rapport aux autres nations fut critiquée et en 1890, le Naval Policy Act (Conseil de politique maritime), nommé par le secrétaire de la Marine Benjamin F. Tracy affirma la nécessité pour les États-Unis d’avoir une flotte puissante non seulement pour ses défenses côtières mais aussi pour protéger ses routes commerciales. Ses recommandations ne furent pas entièrement suivies mais on s’orienta néanmoins avec le Naval Act de 1890 vers une politique plus ambitieuse, le budget de la Marine passant de 75 millions de dollars en 1880 à 725 millions en 1910.

En 1898, la destruction de l’USS Maine dans le port de La Havane déclencha la guerre hispano-américaine, qui constitua la première épreuve du feu sérieuse contre une puissance maritime majeure depuis les affrontements contre le Royaume-Uni. La flotte se composait alors de 5 cuirassés modernes de 10 000 t, 18 croiseurs, 6 monitors, 6 torpilleurs de haute-mer et de nombreux bâtiments auxiliaires

Elle écrasa la Marine de guerre espagnole aux Philippines dans la bataille de la baie de Manille puis à Cuba de manière décisive.

En 1900, l’US Navy devenait troisième marine militaire du monde. En 1908, elle sera la seconde derrière la Royal Navy.

[modifier] Première Guerre mondiale

Tableau sur l’Arrivée de la flotte américaine à Scapa Flow, le 7 décembre 1917
Tableau sur l’Arrivée de la flotte américaine à Scapa Flow, le 7 décembre 1917
Flotte en 1917
Cuirassés 31 dont 9 type Dreadnought
Croiseurs-cuirassés 15
Croiseurs 10
Destroyers 68
Torpilleurs 24
Sous-marins 54

Comme le montre le tableau ci-dessus, les États-Unis possédaient une flotte de haut bord qui n'avait plus rien à voir avec les bâtiments légers qui dominaient lors de la guerre de 1898, les déficiences constatées à l'époque dans le domaine des transmissions ou du tir à la mer ont été largement corrigées.

Après l'entrée en guerre des États-Unis d'Amérique dans la Première Guerre mondiale, en 1917 la marine américaine participa très vite à la lutte anti-sous-marine et à la protection des convois lors de la bataille de l’Atlantique. Il fut décidé qu'elle défendrait et patrouillerait dans l'hémisphère occidental, tandis que la Royal Navy continuerait son action anti-sous-marine autour des îles britanniques avec l'aide que pourrait lui fournir l'US Navy. Celle-ci ne se fit pas attendre : 6 destroyers gagnèrent Cobh (alors Queenstown) en Irlande dès le 4 mai 1917. Le 5 juillet, il y avait 35 destroyers américains dans cette base. À la fin de la guerre, 383 bâtiments de guerre américains se trouvaient en Europe et la flotte compta plus de 2000 navires et 533 000 officiers et matelots. On stoppa dès le mois de mai 1917 un programme de construction de navire de ligne lancé en 1916 pour construire en priorité 250 destroyers et 400 chasseurs de sous-marins.

Pour transporter le corps expéditionnaire en France, le Navy Department disposait, en tout et pour tout, le 1er juillet 1917, de 7 navires de transport de troupes et de 6 navires marchands, soit 94 000 t. En novembre 1918, une Cruiser and Transport Force de 143 vaisseaux, représentant 3 250 000 t avait été constituée. Elle assura le transport de 911 000 soldats en France (un million d’autres le furent par la Marine britannique) ainsi que 8 700 000 tonnes de matériel, la France fournissant quant à elle une grande partie de l’armement et des munitions soit environ 4 000 000 t.

Les convois de troupes américaines pour l’Europe furent si bien défendus qu’il n’y eut à déplorer aucune perte de navires chargés de troupes, ce qui constitue un succès remarquable.

Début 1918, les alliés mirent un point final à l’action des U-Boots de la Kaiserliche Marine quand leur principale voie échappatoire, le passage de 290 km entre les Orcades et la Norvège, fut barrée par un champ de 70 000 mines marines [4].

[modifier] L’entre-deux-guerres

Depuis 1922, la plus grande partie de la flotte se trouve dans l'océan Pacifique, une grande partie de la flotte issue de la Grande Guerre est désarmée.

La crise de 1929 et les économies budgétaires dans le budget de la défense qui s'ensuivent la touchent avec beaucoup d'amplitude, même si elle demeure moins touchée que l'United States Army.

Flotte au 1er avril 1931
Porte-avions 3
Cuirassés 15
Croiseurs 18
Destroyers 78
Navires de petits tonnage 115
Sous-marins 55

Elle est alors divisée en deux flottes très inégales en quantité et qualité :

  • L'United States Fleet avec :
    • La Battle Force, qui compte les cuirassés modernes, les portes-avions, une division de croiseurs et trois ou quatre divisions de destroyers. Elle est basée à Pearl Harbor, à Hawaii.
    • La Scouting Force, qui comprend le reste des croiseurs et plusieurs destroyers, opère dans l'Atlantique et les Caraïbes. Elle dispose en outre d'une escadre d'entraînement qui compte les trois plus vieux cuirassés et huit destroyers.
    • La Submarine Force, dont les sous-marins sont répartit équitablement sur les deux océans.
    • La Base Force, ou le Train, qui regroupe les navires auxiliaires répartit entre l'Atlantique et le Pacifique.
  • L’Asiatic Fleet, qui existe sous différentes appellations depuis 1835, est basé en République de Chine et comprend :
    • La South China Patrol, avec 19 destroyers basés à Chefou.
    • La Yangtze River Gunboats Flotilla, avec cinq canonnières basés à Shanghai.
    • Douze sous-marins et des navires auxiliaires.

En 1933, avec l'élection de Franklin Delano Roosevelt à la présidence des États-Unis, un net redressement apparaît. Son but est de porter la flotte au niveau autorisé par le traité de Washington de 1922 dont elle est loin.

Le Congrès des États-Unis accepte d'accorder des crédits suffisants pour lancer de nouveaux navires, mais bloque en revanche le nombre de marins, de sorte qu'en 1935, la marine ne dispose que de 8 000 officiers et 82 500 matelots qui peuvent armer les navires qu'à 81 %;

On note entre 1934 et 1939 un accroissement notable, surtout en ce qui concerne les croiseurs et les destroyers. Mais les prévisions montrent qu'il faudrait attendre 1944 pour arriver au niveau souhaité.

Quand la guerre sino-japonaise éclate en 1937, l’Asiatic Fleet est rapatrié au Philippines alors que survient un incident préfigurant les combats à venir.

Lors de l'avancée japonaise sur Nankin, la canonnière USS Panay (PR-5) participant à l'évacuation des ressortissants étrangers de la ville est délibérément coulée suite à l'action du colonel de l'armée impériale japonaise Kingore Hashimoto qui après avoir canonné sans résultat le navire la veille fait appel à l'aviation le 12 décembre 1937 pour l'envoyer par le fond. Membre d'une société secrète dont le but est d'éliminer toute influence civile dans le gouvernement japonais, il estimait nécessaire pour cela de provoquer une guerre avec les États-Unis.

Malgré la mort de deux marins et d'un civil, l'affaire ne dégénère pas car le gouvernement de Tokyo exprime immédiatement des excuses et offre des réparations et d'autre part l'isolationnisme américain soutenu par l'immense majorité de l'opinion publique empêche toute éventuelle réaction militaire.

La Scouting Force deviendra Atlantic Squadron en janvier 1939, composé à l'origine d'un porte-avions, de quatre vieux cuirassés, de quatre croiseurs lourd et d'une flottille de destroyers. Elle sera le noyau de la Atlantic Fleet formée le 1er février 1942.

[modifier] La Seconde Guerre mondiale

7 décembre 1941, l'attaque sur Pearl Harbor, une victoire japonaise qui réveille le complexe militaro-industriel des États-Unis d'Amérique
7 décembre 1941, l'attaque sur Pearl Harbor, une victoire japonaise qui réveille le complexe militaro-industriel des États-Unis d'Amérique
La Task Force 38 manœuvre au large des côtes du Japon, août 1945.
La Task Force 38 manœuvre au large des côtes du Japon, août 1945.

Avec le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale qui avait vu l'Allemagne dominer l'Europe continentale et l'impérialisme japonais devenir de plus en plus actif en Asie et dans le Pacifique, le Sénat des États-Unis avait voté le 14 juin 1940 le Naval Expansion Act, connu aussi sous les noms de Loi Vinson-Walsh ou Two-Ocean Navy Act,suivi d'autres lois de programmation qui attribuèrent des crédits considérables pour accroître la flotte de 70 %, la construction de 1 325 000 tonnes de navires de guerre, l'achat ou la conversion de 100 000 tonnes de navires auxiliaires et monter les effectifs de l'aéronavale à 15 000 appareils contre moins de 300 avions embarqués, plus ou moins modernes, et une soixantaine de grands hydravions en septembre 1939.

Le 1er février 1941, l'United States Fleet basé dans le Pacifique prend le nom de Pacific Fleet.

Des mesures visant à aider le Royaume-Uni sont prises, tout en restant neutre. En échange de la cession à bail de bases dans les Caraïbes, la Royal Navy reçoit 40 vieux destroyers américains; la zone de neutralité sous la protection des États-Unis inaugurée en 1939 est portée au 26e méridien. Elle oblige les U-Boots à limiter leurs attaques dans la partie orientale de l'Atlantique. En marge du prêt-bail, le Groenland est placé le 10 avril 1941 sous protection américaine et le 7 juillet, des troupes américaines prennent la relève des forces britanniques en Islande.

D'avril à juin 1941, trois cuirassés, un porte-avions, quatre croiseurs et deux flottilles de destroyers sont transféré du Pacifique à l'Atlantique (soit 20 % de la flotte du Pacifique).

En septembre 1941, un pas supplémentaire de la plus haute importance est franchi. Des navires de l'US Navy participent à l'escorte des convois dans l'Atlantique nord et entre dans la seconde bataille de l'Atlantique.

Le 17 octobre 1941, un U-Boot endommage gravement le destroyer USS Kearney. Le 31, c'est l’USS Reuben James qui est coulé par un sous-marin allemand. Simultanément, un groupe aéronaval composé d'un porte-avions et de deux cuirassés surveille le débouché du détroit de Danemark (entre l'Islande et le Groenland), susceptible d'être emprunté par des bâtiments de la Kriegsmarine. Si le cuirassé de poche Admiral Scheer n'avait pas été victime d'une avarie de machines, on aurait probablement assisté à un premier engagement naval germano-américain, plus d'un mois avant l'attaque japonaise. Le président Franklin Delano Roosevelt se refuse cependant à pousser les choses à l’extrême ; le plus souvent, il néglige de faire parvenir à la Marine américaine les interceptions des messages de la machine Enigma transmise par les services britanniques.

Mais lors de l'attaque sur Pearl Harbor, la Marine n'avait toujours que 6 porte-avions opérationnels (8 tout compris au 31 décembre 1941 avec le CV-1 Langley comme transport d'avions) et engagea les campagnes du Pacifique contre la marine impériale japonaise avec un handicap certain.

Démonstration de force pour la reddition officielle de l'empire du Japon le 2 septembre 1945.
Démonstration de force pour la reddition officielle de l'empire du Japon le 2 septembre 1945.

Les cuirassés de la Flotte du Pacifique étant coulés ou très sérieusement endommagés, l'US Navy dut concevoir une stratégie originale avec les moyens qui restaient à sa disposition.

Le «Silent Service», le service silencieux des sous-marins américains, dont la tactique reposait sur la discrétion, et qui eurent à déplorer la perte de 52 unités ont eu un rôle important et assez méconnu en étranglant l'économie japonaise.

Ils intervinrent dès le début des opérations, alors que les Japonais étaient les maîtres du Pacifique. De concert avec les sous-marins britanniques et hollandais, les 289 sous-marins américains coulèrent 1 178 navires marchands soit 4 800 000 tonnes et 201 bâtiments de guerre (dont 8 porte-avions, 15 croiseurs, 45 destroyers, 25 sous-marins) pour la perte de 52 unités. Ainsi la flotte marchande de l'empire du Japon qui était de six millions de tonneaux en 1941 était réduite à 312 000 tonneaux à la capitulation en 1945 [5],[6].

Ordre de bataille de l'US Navy
Équipement principaux décembre 1941 août 1945
Cuirassés 17 25 (?)
Porte-avions 6 95
Croiseurs 37 45
Destroyers 166 220
Destroyers d'escorte 0 360
Frégates 0 37
Sous-marin 81 160
Patrouilleurs de lutte ASM 1 243
Dragueur de mines 361
Navires amphibies 306
Barges et péniches de débarquement 45 810
Navires divers 335 (patrouilleurs à barges inclus) 84
Aéronavale 3 437 40 912
dont avions de combat 1 774 29 125
Tonnage 1,4 million de t 4,1 millions de t.
Effectifs 3 850 000
dont USMC 450 000

La puissance industrielle des États-Unis se fait sentir massivement en 1943. Au total, la marine met en service 8 cuirassés rapides, 17 porte-avions lourd de classe Essex, 9 porte-avions légers de classe Independance, 77 porte-avions d'escorte et elle affiche une supériorité quasi absolue dans le domaine des bâtiments de débarquement, du train d'escadre ou du génie avec les Seabees [7].

Le 2 septembre 1945, l'US Navy dispose de 99 portes-avions et de plus de 41 000 avions, ce fut le summum de sa puissance.

Au total, 354 navires de l'US Navy de tout type furent détruits durant ce conflit dont 10 porte-avions, 5 cuirassés, 24 croiseurs et 26 destroyers coulés auquel il faut rajouter la perte de 5 unités de l'USCG[8] et 16 512 avions détruits[9].

à compléter

[modifier] La guerre froide

Le 2 septembre 1945, lors de la capitulation du Japon, l’US Navy, avec ses 98 porte-avions et ses 40 000 avions, constitue 70% du tonnage mondial[10]. En l’espace d’un an, le nombre de porte-avions est réduit à 23 et celui des avions à 14 637. L’aviation embarquée est guettée par une obsolescence rapide, tandis que les USAAF étaient entrées dans l’ère de l’aviation à réaction et du bombardement stratégique nucléaire… lequel ne ferait qu’une bouchée des porte-avions, ces mastodontes démodés. L’administration Truman partage ce point de vue et fait voter le National Security Act en 1947. L’année suivante, le premier secrétaire à la Défense, l’amiral James Forrestal bataille pour imposer la construction de 4 « super porte-avions », dont le premier serait l’USS United States de 65 000 tonnes[11], alors que le nombre de navires en ligne passé de 1 194 à 267 et celui des porte-avions de 98 à 15. L’opposition de l’US Air Force, qui met en avant son bombardier intercontinental B-36 Peacemaker, met fin à la construction (commencée 4 jours plus tôt !) de l’United States le 23 avril 1949. Par contre, 3 porte-avions de 45 000 tonnes[12] de la classe Midway sont construits : le Midway, le Franklin D. Roosevelt et le Coral Sea, ainsi quelques croiseurs antiaériens de 13 000 à 17 000 t. ainsi que plusieurs destroyers et escorteurs.. Les principales améliorations par rapport à la classe Essex sont un pont d’envol renforcé faisant partie intégrante de la superstructure et l’embarquement des premiers jets, comme le FH-1 Phantom, opérationnel en 1947.

Le USS Missouri (BB-63) de classe Iowa traversant le canal de Panama le 13 octobre 1945 ; les navires de guerre américains sont prévu pour pouvoir utiliser cette voie de communication vitale pour le déploiement de leur flotte. Seul les porte-avions géant échappent à cette règle depuis les années 1960.
Le USS Missouri (BB-63) de classe Iowa traversant le canal de Panama le 13 octobre 1945 ; les navires de guerre américains sont prévu pour pouvoir utiliser cette voie de communication vitale pour le déploiement de leur flotte. Seul les porte-avions géant échappent à cette règle depuis les années 1960.

Dès la Seconde Guerre mondiale terminée, on assista à une démobilisation très rapide des forces américaines. Pour la Marine, on désarma 607 gros navires dont quasiment tous les cuirassés et 1233 unités légères dont plusieurs centaines sont mises en réserve sous « cocon », c'est la 16e flotte, mouillée dans sept baies de la côte est des États-Unis.

La flotte active se résume à la fin des années 1940 à deux grands ensembles :

  • Flotte de l'Atlantique : 12 porte-avions, 1 navire de ligne, 16 croiseurs, 79 destroyers et 35 sous-marins.
  • Flotte du Pacifique : 8 porte-avions, 1 navire de ligne, 15 croiseurs, 79 destroyers et 35 sous-marins [13].

L'ensemble reste imposant et les navires beaucoup plus puissants qu'au début de la décennie.

[modifier] Situation en 2006 et prospectives pour les années 2010

Le nombre de navires de combat est en diminution constante après l'apogée de la Seconde Guerre mondiale où l'US Navy compta fin 1945 pas moins de 95 porte-avions mais la Marine des États-Unis reste de très loin la première du monde après avoir durant la Guerre froide été talonnée par la Marine soviétique. Dans le cadre d'économies budgétaires demandées par l'administration Clinton, le nombre de bâtiments de combat, amphibies et de soutien a été réduit à 300 en 2000 au lieu des 450 prévus par l'administration Bush père en 1992, déjà réduite sur les 600 prévus par l'administration de Reagan en 1981.

Groupe aéronaval de l’USS Abraham Lincoln en 2000
Groupe aéronaval de l’USS Abraham Lincoln en 2000

Les opérations majeures en cours des forces américaines dans la guerre contre le terrorisme depuis le début du XXIe siècle atteignant des coûts considérables, cela a des conséquences sur les programmes de renouvellement de la flotte.

En effet, elle est passée en 2006 sous le seuil des 260 navires de guerre alors qu’elle alignait 568 unités en 1987. Pour stopper cette déflation, l’US Navy compte se doter de 32 nouveaux navires en plus des navires normalement prévus, pour compenser les retraits, ce qui paraît douteux dans les conditions actuelles. Tous les programmes d’équipement ont pris de 1 à 3 ans de retard.

Selon l’édition 2006 de Flottes de combat, il apparaît probable qu’à partir de 2012/2013, la Marine ne puisse conserver son format actuel de 12 super porte-avions de plus de 100 000 t et qu’il sera réduit à 10 unités. Même constat au sujet de ses 12 grands porte-hélicoptères d’assaut de 40 000 t qui seraient aussi réduit à 10 à partir de 2011.

Au niveau aéronaval, les derniers F-14 Tomcat ont été retirés du service et remplacés par les F/A-18E/F Super Hornet, évolution du Hornet, qui avec celui-ci composeront la totalité des avions de combat de la flotte. Une évolution de ce dernier est en cours de mise au point pour remplacer les avions de guerre électronique EA-6B Prowler qui verront néanmoins leur vie prolongée jusqu’en 2012/2015 ; cette standardisation devrait permettre d’effectuer de grosses économies de logistique et d’entraînement des pilotes et mécaniciens. Les convertibles MV-22-A Osprey commencent à entrer lentement en service sur les navires d’assaut. Le programme du F-35 prend beaucoup de retard et risque de n’être opérationnel qu’en 2014, ce qui va poser problème à l’USMC dont les derniers AV-8B Harrier II seront retirés du service à la même époque.

Dans la catégorie des croiseurs, après le retrait des cinq premiers exemplaires non modernisés de la classe USS Ticonderoga, la situation doit rester stable avec vingt-deux unités dont plusieurs sont équipés à partir de 2006 de missiles anti-missile balistique dans le cadre de la National missile defense.

Pour compenser le retard du programme des grands destroyers futuristes de la classe Zumwalt qui à l’origine devait compter 30 unités et se limitera finalement entre 8 et 12 exemplaires en raison du coût énorme de ces navires (2,3 milliards de dollars l’unité) et qui devaient en principe remplacer les classe Spruance dont les derniers ont été désarmés en 2005, l’US Navy a commandé quelques Arleigh Burke Flight IIA supplémentaires. Cette classe comprendra donc finalement 62 unités (28 Flight I et II, et 34 Flight IIA).

Le programme de frégates furtive Littoral combat ship destiné à remplacer les dernières frégates classe Oliver H. Perry à pris aussi du retard et il est peu probable que les 56 unités prévues soient construites. 2 LCS flight 0 du projet Lockeed Martin et 2 LCS flight 0 du projet General Dynamics aurait dû être construites mais des problèmes de dépassement de coût ont fait stopper le chantier du troisième exemplaire et ce ne sera qu’en fin 2007 que le modèle définitivement choisi sera arrêté.

Le programme des grands LPD de classe San Antonio à pris 3 ans de retard, alors que 12 transports de troupes devaient être livrés entre 2003 et 2010, on ne verra finalement que 9 navires entrer en service en 2006 et 2010.

Le nombre de sous-marins nucléaires d'attaque sera réduit à 48 unités (au lieu de 54). La classe Virginia, qui devait comprendre entre 15 et 30 unités, sera peut-être réduit à un peu plus d'une dizaine avec une commande par an mais le congrès américain cherche à augmenter la cadence pour atteindre les deux livraisons par an.

Les 12 SNLE de la classe Ohio seront encore théoriquement en service dans les années 2010 et n’ont pas encore de successeur désigné tandis que les 4 SSGN ex-SNLE de la même classe dont le premier est opérationnel depuis 2006 apporte une puissance de feu considérable et un soutien aux forces spéciales qui sera sans doute apprécié par les états-majors intéressés.

Fin 2007, l’US Navy a publié un document de travail du vice-amiral John Morgan, « Three Futures, One Navy, A Portfolio Analysis », qui propose 3 scénarios renforçant les capacités amphibies (dès lors que les LHD à pont continu sont dotés du F-35B) au détriment des porte-avions :

  • une flotte à 263 navires (dont 12 porte-avions et 13 LHD) destinée à combattre un adversaire d’égale puissance ;
  • une shaping force à 534 navires (dont 6 porte-avions et 24 LHD) adaptée aux opérations de coalition (la 1000-ships Navy) ;
  • une balanced force à 474 navires (dont 9 porte-avions et 23 LHD), destinée à remplacer l’actuel plan de construction navale sur 30 ans (2008-2037) à 313 navires comprenant 11 à 12 porte-avions et 31 LHD[14],[15].

[modifier] Ordre de bataille au 1er janvier 2002

BÂTIMENTS DE COMBAT

Classe de navires Nombre Tonnage
SNLE SSBN 18 301 750 t
Sous-marin nucléaire d'attaque SSN 54 331 140 t
Porte-avions nucléaire CVN 9 662 120 t
porte-avions classique CV 3 180 860 t
croiseurs lance-missile CG 27 189 540 t
destroyers lance-missile DDG 35 236 040 t
destroyers DD 20 118 400 t
frégates lance-missiles FFG 34 101 615
patrouilleurs PC 13 3 900
dragueurs et chasseurs de mines MCM et MHC 26 25 630
bâtiment de soutien pour la guerre des mines MCS 1 11 000
TOTAL 240 2 161 995 t

BÂTIMENTS AMPHIBIES

Classe de navires Nombre Tonnage
bâtiments de commandement 2 33 580 t
porte-hélicoptères d'assaut LHA et LHD 12 323 210 t
transports de chalands de débarquement LPD et LSD 26 268 630 t
bâtiment de débarquement de chars LST 1 4 970
TOTAL 41 630 390 t

BÂTIMENTS DE SOUTIEN LOGISTIQUE (sauf MSC et RRF)

Classe de navires Nombre Tonnage
AGF 2
AOE 8
ARS 4
AS 2
TOTAL 16 211 270 t

TONNAGE GLOBAL DE l'US NAVY : 3 003 655 tonnes

Source : Flottes de combat 2002

[modifier] Déploiement des flottes

Zone de responsabilité des flottes américaines en 2007.
Zone de responsabilité des flottes américaines en 2007.
  • 4e flotte aussi appelée US Commander Naval Southern/COMNAVSO: se déploie dans l'Océan Atlantique Sud et la mer des Caraïbes, sous le commandement de l'USSOUTHCOM (QG: Mayport, Floride). Réactivée le 1er juillet 2008.

[modifier] Grades dans l’US Navy

[modifier] Voir aussi

[modifier] Références

  1. (en) ACTIVE DUTY MILITARY PERSONNEL STRENGTHS BY REGIONAL AREA AND BY COUNTRY , SEPTEMBER 30, 2007
  2. (en) Texte du décret
  3. Nouveau Dictionnaire encyclopédique universel illustré, Jules Trousset, 1886-1891
  4. Y.H. Nouailhat, Les États-Unis 1898-1933 : L'avènement d'une puissance mondiale, Éditions Richelieu, 1973
  5. Jean-Jacques Antier, Les combattants de la guerre sous-marine 1939-1945, Editions Idégraf, Genève, 1976, p. 184
  6. Philippe Masson, Marines et Océans, Imprimerie nationale, Paris, 1982
  7. Phillipe Masson, La puissance maritime et navale au XXe siècle, Perrin, Paris, 2002, p. 245
  8. uboat.net - Allied Warships - Allied War Losses
  9. Le fanatique de l'aviation hors série n°5, décembre 1996
  10. Rapport « Major Combatant Ships Added to United States Fleet, 7 December 1941 - 1 October 1945 » [lire en ligne]
  11. Pour 331 mètres de longueur et 38 mètres de large
  12. Pour 296 mètres de longueur et 34,4 mètres de largeur
  13. Philippe Masson, La puissance maritime et navale au XXe siècle, Perrin, 2002, p. 311
  14. « US Navy : quelle structure de force ? », dans Défense & Sécurité Internationale (ISSN 1772-788X), no 34 (février 2008)
  15. Rapport au Congrès « Navy Force Structure and Shipbuilding Plans: Background and Issues for Congress » no RL32665 (12 juin 2007) [lire en ligne]

[modifier] Bibliographie

[modifier] Liens internes

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[modifier] Liens externes