Sobibor

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Sobibór - le mémorial
Sobibór - le mémorial

Sobibór, de son nom allemand officiel SS-Sonderkommando Sobibor, était un camp d'extermination nazi sis dans l'actuelle Pologne du sud-est. Il était situé dans la voïvodie de Lublin, district de Włodowa, à l’orée d'une forêt de pins clairsemée. Le camp est précisément situé à 12 km au sud du village de Sobibór dans la forêt, à un lieu dit appelé Stare Kolonia Sobibór. De mai 1942 à l'été 1943, les autorités allemandes y firent assassiner environ 250.000 Juifs. Le camp avait pris naissance dans le cadre de l'Opération Reinhard comme complément du camp d'extermination de Belzec.

Sommaire

[modifier] Historique

Le camp d'extermination de Sobibór ressemblait sur beaucoup de points à l'installation de Belzec. Le commandant, Franz Stangl, avait adopté la technique d'extermination du commandant de Belzec, Christian Wirth. Son adjoint était Gustav Wagner. À Sobibór les Juifs étaient assassinés dans des chambres à gaz ; à la fin 1942 et en 1943 le camp atteignit une « capacité » d'environ 1.300 victimes par gazage.

Les victimes étaient essentiellement des Juifs, de Pologne (surtout de Lublin et de Galicie de l'est - entre 145 000 et 150 000), de République tchèque et de Slovaquie (31 000), d'Allemagne et d'Autriche (10 000), de France (2 000), de Lituanie (14 000), et des Pays-Bas (34 313) [1]. Des Gitans et des Polonais non juifs comptèrent aussi parmi les victimes. Deux convois acheminèrent des Juifs de France sur le site de Sobibór, les convois n°52 et 53 des 23 et 25 mars 1943, dont seuls cinq déportés étaient comptabilisés comme survivants en 1945.

Le plan du camp s'inspirait lui aussi du système typique d'extermination en masse des Juifs pendant la Deuxième Guerre mondiale. Après leur arrivée, sous le prétexte de leur faire prendre une douche, on conduisait les Juifs dans les chambres à gaz par le « tuyau » — un passage long d'environ 200 mètres entouré de clôtures électriques, camouflé avec des branchages. Alors, le personnel envoyait dans les chambres des gaz d'échappement d'un moteur diesel contenant du monoxyde de carbone. Les victimes étaient d'abord jetées directement dans des fosses communes du bois contigu, puis elles furent brûlées à partir de l'été 1942. Parmi les arrivants la garnison choisissait environ 600 à 1.000 « juifs de travail » qui devaient se charger du travail au camp avant d'être finalement assassinés.

Le camp employait quelque 30 membres de l'Action T4 et environ 100 trawnikis, gardes volontaires soviétiques (prisonniers de guerre) formés par les SS dans le camp de Trawniki [2] dont peut-être le garde John Demjanjuk.[3]

[modifier] Révolte du 14 octobre 1943

À partir de juillet 1943, le camp devait être transformé en camp de concentration. Cependant, après une révolte visant à une évasion massive le 14 octobre 1943, il fut définitivement fermé.

Cette révolte, l'une des trois qui éclatèrent dans les camps d'extermination (avec celle de Treblinka le 2 août 1943 et celle du Sonderkommando de Birkenau le 7 octobre 1944 [4]), fut surtout le fait de prisonniers de guerre soviétiques d'origine juive de Biélorussie sous la direction d'un officier de l'Armée rouge, Alexander Petcherski (aussi appelé "Sasha"), et du prisonnier civil Leon Feldhendler. 300 prisonniers réussirent effectivement à s'enfuir, dont seulement 47 purent voir la fin de la guerre. À l'occasion de cette émeute neuf membres de la SS et deux gardiens trawnikis, des Volksdeutsche, périrent également. À la suite les SS assassinèrent presque tous les prisonniers de camp qui n'avaient pas pu s'enfuir ou même n'avaient en rien participé à la résistance. Cela faisait encore au moins plusieurs centaines de personnes. Seuls quelques-uns furent conduits dans d'autres camps.

Les événements de Sobibór ont inspiré le film Escape from Sobibor, dont l'authenticité n'est pas parfaite, et le roman Flucht aus Sobibor de Richard Rashke. Le cinéaste Claude Lanzmann, réalisateur de « Shoah » a réalisé en 2001 un documentaire intitulé Sobibor, 14 octobre 1943, 16 heures sur la révolte des détenus du camp qui est le témoignage de Yehuda Lerner, un survivant y ayant participé.

Après que le camp eut été fermé définitivement, les SS essayèrent de dissimuler les traces de leurs crimes. Entre autres ils construisirent une ferme d'aspect anodin et plantèrent de nombreux arbres sur l'ancien terrain du camp d'extermination.

[modifier] Notes

  1. (fr) www.jewishgen.org
  2. (en) United States Holocaust Memorial Museum
  3. (fr) L’ex-SS Demjanjuk acquitté au bénéfice du doute, 30 juillet 1993, L'Humanité.
  4. Voir sur cet épisode Georges Bensoussan, Philippe Mesnard et Carlo Saletti (dir.), Des voix sous la cendre. Manuscrits des Sonderkommandos d'Auschwitz-Birkenau, Paris, Calmann-Lévy/Mémorial de la Shoah, 2005 (ISBN 2-702-13557-9) rééd. 2006.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Littérature

  • MOLLA, Jean. Sobibor. Paris : Éditions Gallimard Jeunesse, 2003. 191 p. ISBN 2-07-054612-8

[modifier] Filmographie

[modifier] Articles connexes