Service d'ordre légionnaire

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Le service d'ordre légionnaire (SOL) est une organisation militaire de choc.

[modifier] Histoire

Quand, en juin 1940, Pétain avait pris le pouvoir, Joseph Darnand, ancien combattant de 1914-18 et de 1939-40, mais aussi militant d'extrême droite, compromis dans le complot de La Cagoule, s’était rallié avec enthousiasme à la « Révolution nationale ». Et cela d’autant plus que le vieux maréchal avait institué dans les trois mois, sans aucune pression allemande, les lois anti-démocratiques et anti-juives d’inspiration hitlérienne, auxquelles Darnand et ses amis conspirateurs rêvaient de longue date. Darnand avait donc pris résolument la tête de la nouvelle « Légion française des combattants » (LFC), dans les Alpes-Maritimes.

C'est alors qu'il y créa le Service d'ordre légionnaire, organisation de choc, où s'introduisirent, entre autres, parmi les partisans les plus remuants du Maréchal, certains éléments douteux du « Milieu » niçois. Par la suite, cet organisme fut étendu, le 12 décembre 1941, à toute la zone sud et à l'Afrique du Nord, où il rassembla les partisans les plus déterminés de la Révolution nationale. L'initiative de cette nouvelle organisation revint à Pierre Gallet, Marcel Gombert et Jean Bassompierre, tandis que son programme fut codifié par le même Bassompierre, Noël de Tissot et le docteur Durandy.

Ce SOL prônait le culte du Chef, la haine de la démocratie, le racisme, mais aussi la « Collaboration » avec l’ennemi nazi.

Plusieurs chefs et militants des SOL se livrèrent alors à des actions brutales contre les adversaires réels ou supposés du régime, qui ne pouvaient se défendre, et déclenchèrent une vague de délation qui n’épargnait pas même les autorités civiles ou religieuses de l’État français.

Le commandement national du SOL ayant été attribué à Darnand, celui-ci s’était installé à Vichy. Mais il y affichait les positions ouvertement collaborationnistes, adoptées sous l’influence de Pétain dont il prenait à la lettre les déclarations et ne cessa jamais de recevoir le soutien. Ainsi était-il passé avec éclat du patriotisme à la trahison, choquant les autres dirigeants de la Légion et des Chantiers de Jeunesse, qui voulaient bien eux aussi « collaborer », mais avec plus de tact, et entre gens convenables.

Aussi l’autonomie du SOL fut-elle décidée, autant pour écarter de la Légion ses énergumènes les plus compromettants, que pour permettre à Darnand et à ses hommes d’agir, à leur façon.

Il faut dire qu’à la suite du débarquement allié de novembre 1942 en Afrique du Nord et de l’occupation allemande de la zone sud, le Maréchal, avait exalté, dans un discours du 5 janvier 1943, le « patriotisme » des SOL qui avaient, aux côtés de l’Armée d'Afrique, tiré sur les Américains. En réalité, seules quelques dizaines de ces « nervis » sur des milliers s’étaient battus à Oran et au Maroc, tandis qu’à Alger les SOL s’étaient tous laissés capturer sans résistance, lors du « putsch du 8 novembre 1942 », par lequel quatre cents résistants mal armés avaient, à eux seuls, neutralisé pendant quinze heures le XIXe corps d’armée vichyste, et permis ainsi le succès immédiat du débarquement allié à Alger.

En conséquence, Pétain avait annoncé, le 5 janvier 1943, l’autonomie du SOL et sa transformation en « Milice française ». C'est ainsi que Pierre Laval, en accord avec le maréchal Pétain, décida de créer, par la loi du 30 janvier 1943, la Milice française, qui absorba l'ancien service d'ordre légionnaire (SOL). Il en devint le chef, avec Joseph Darnand pour adjoint.

Les membres de cette milice allaient mettre en pratique la « collaboration » prêchée par le maréchal en multipliant les exactions et les crimes, et notamment s'associer aux forces d'occupation pour attaquer les maquisards. À la Libération, ils s'enfuirent en Allemagne et, là, furent versés dans les SS.

[modifier] Bibliographie

  • Jean-Paul Cointet, La légion française des Combattants, Albin Michel, Paris, 1995.
  • Jean-Pierre Azéma et François Bédarida, Vichy et les Français, Paris, Fayard, 1996.
  • Pierre Giolitto, Histoire de la Milice, Perrin, Paris, 2002.
  • Jean Delperrié de Bayac, Histoire de la Milice (1918-1945), Fayard, Paris 1995.
  • Professeur Yves-Maxime Danan, La vie politique à Alger de 1940 à 1944, L.G.D.J., Paris 1963.
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