Serge Martin

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Serge Martin est enseignant-chercheur (maître de conférences en langue et littérature françaises à l'Université de Caen Basse-Normandie) après avoir été longtemps formateur d'enseignants à l’IUFM de Versailles. Il dirige un séminaire à l'Institut Mémoire de l'Édition Contemporaine (« Archive, vie et théorie du langage »). Il est membre du comité de rédaction et chroniqueur poésie de la revue Le Français aujourd'hui depuis 1989 et a été membre du secrétariat national de l'A.F.E.F.. Il anime la revue Résonance générale avec Laurent Mourey et Philippe Païni.

Il enseigne la linguistique générale et la littérature du XXe siècle, plus précisément la poésie contemporaine et la littérature pour la jeunesse. Il est membre du groupe POLART (Poétique et politique de l'art).

Sommaire

[modifier] Une recherche du continu langage et relation

Sa recherche vise une poétique de la relation qui passe par une critique des théories relationnelles portées par de nombreuses disciplines (d’Édouard Glissant à Gérard Genette en passant par Gilles Deleuze, Jacques T. Godbout, Erwinn Goffman, Jacques Lacan, Francis Jacques et beaucoup d’autres). Mais contrairement aux philosophes, aux psychologues ou aux sociologues, il ne s’agit pas d’y opposer seulement une analytique ou une topique mais bien de repartir des discours qui font la relation dans et par le langage pour non seulement tester ces théories mais surtout suivre de nouveaux problèmes dans l’invention de poèmes-relations dans et par les arts du langage. Cette attention empirique aux poèmes, non comme formes ou genre mais comme activités, engage à la fois toujours des singularités relationnelles (donc des relations et non "la Relation") tout en construisant un universel langagier : la relation dans et par le langage.

[modifier] Un opérateur de la critique: le poème-relation

Ce qui a au moins deux conséquences : la poétique qui s’y exerce n’est plus à considérer en opposition à la critique, comme le pose Gérard Genette, mais bien comme la critique même : la visée de la spécificité des discours qui n’est pas seulement leur singularité, comme dit le même Genette, mais leur valeur. Par là, le poème-relation comme opérateur de valeur met l’éthique (ou l’attitude) et le politique (ou la décision) dans le continu du poétique (ou le geste). C’est ainsi que cette recherche engage non comme des secteurs particuliers ou des dimensions singulières, une critique des séparations habituelles pratiquées dans l’université et dans l’édition. Prenant appui sur les travaux anciens de Wilhelm von Humboldt, repartant à nouveaux frais de Ferdinand de Saussure, considérant pleinement l’apport de Émile Benveniste et attachant la plus grande importance à la théorie du rythme et du sujet de Henri Meschonnic, Serge Martin a ouvert quelques perspectives nouvelles qui permettent d’observer des problèmes nouveaux en critique littéraire (la fable comme mode de dire dans et par la théâtralité et l’oralité des voix-relation), en linguistique (l’énonciation non comme posture mais comme historicité opposant des gestes à ce que la linguistique énonciative nomme marques) mais également en didactique (le rapport au savoir comme rapport de sujets et non rapport de sujet à objet). Ce que l’on peut résumer par la formule suivante : le poème-relation est l’expérience d’un seul devenant l’expérience de chacun. Ce qui indique une visée anthropologique dans et par l’attention au langage comme activité critique, relation critique mise à neuf en écriture comme en lecture, en enseignement comme en autodidaxie.

[modifier] Citations

Conclusion de Langage et relation (L'Harmattan, 2005, p. 319-320) :

La relation comme forme interne, noyau poétique, des discours, de tout discours permet de penser le commun avec du séparé, des tensions voire des conflits mais aussi des rapprochements voire des alliances qui ne sont jamais dépassements afin de reconstituer des termes mais en vue d’un intersubjectif plein de pluralité. C’est que le sujet-relation oppose à la totalité-totalisation l’infini, l’inaccompli et aux termes la valeur, y compris la pluralité interne qui dispose un continu de signifiants relation, autant de séries relationnelles qui concourent à une résonance générale qui fait la relation de tel discours, le poème du discours.

Du point de vue de la critique, la relation fait une critique de ses dispositifs habituels puisqu’elle oblige à penser son historicité : la relation n’est jamais à saisir mais toujours à chercher. La relation est forte d’utopie.

Tant pour celui qui dit écrire des poèmes que pour celui qui dit observer ce qui s’écrit, la relation n’est jamais d’intention et toujours de risque, d’abandon à sa force, d’écoute au plus près de ce qu’elle porte et peut porter jusque dans cette activité de l’écriture ou de la critique.

Limiter la relation à une question disciplinaire, à une approche des faits, c’est certaine-ment la condamner soit à une sortie du langage, soit à une attention bloquée sur ses termes. C’est pourquoi, on ne peut dissocier la visée anthropologique de la visée poétique : la relation traverse toutes les recherches en sciences humaines et sociales en tant que concept critique ne cessant de faire le test des promesses et donc obligeant à reprendre, à reconsidérer, à augmenter l’attention à la pluralité, à la mutabilité, au rythme par la recherche de l’historicité et de l’oralité.

Enfin, la proposition d’un sujet amoureux qui ne se confine pas à quelque amour que ce soit, mais qui en tant que sujet relation le plus serré, dont la force est la relation de la relation, est à prendre comme une critique de toutes les notions qui arrêtent la théorie du langage à une théorie du sujet comme agent, acteur, énonciateur, etc., tous les termes qui oublient la relation alors même qu’ils veulent en rendre compte. Le sujet-rapport est un passage toujours passage : une éthique de la réversibilité, une politique de la pluralité, une économie du don et une poétique de la relation montreraient alors ensemble que « dans et par le langage » ouvre à ce qui est l’humanité de l’humanité, l’humain en tant que poème comme relation, passage de sujet parce que sujet du passage. Une poétique de la relation dans et par le langage met au défi la « poésie », la « linguistique », l’« anthropologie »… et l’« amour » de faire de leur objet un vrai sujet.

[modifier] Bibliographie

Ouvrages:

Francis Ponge, coll. « Références », Paris, Bertrand-Lacoste, 1994.

(avec Marie-Claire Martin) Les Poésies, l’école, préface de Bernard Noël, coll. « L’Éducateur », Paris, Presses Universitaires de France, 1997.

(avec Marie-Claire Martin) Les Poèmes à l’école, Une anthologie, coll. « Parcours didactiques à l’école », Paris, Bertrand-Lacoste, 1997.

Les Contes à l’école, coll. « Parcours didactiques à l’école », Paris, Bertrand-Lacoste, 1997.

La Poésie dans les soulèvements. Avec Bernard Vargaftig, coll. « Esthétiques », Paris, L’Harmattan, 2001.

[Direction, introduction et contribution] Chercher les passages avec Daniel Delas, coll. « Sémantiques », Paris, L’Harmattan, 2003.

[Direction et introduction] Avec Bernard Noël toute rencontre est l’énigme, La Rochelle, éd. Rumeur des âges, 2003.

L’Amour en fragments. De la relation critique à la critique de la relation, coll. « Manières de critiquer », Arras, Artois Presses Université, 2004.

[Direction, introduction et contribution] Ghérasim Luca passionnément, coll. « Triages », Saint-Benoît-du-Sault, éd. Tarabuste, 2005.

[Direction, introduction avec Gérard Dessons et Pascal Michon et contribution] Henri Meschonnic, la pensée et le poème, Paris, In’Press, 2005.

Langage et relation, Anthropologie de l’amour, coll. « Anthropologie du monde occidental », Paris, L’Harmattan, 2005.

Articles principaux:

« Réticence, retenue : le travail d’écoute du poème-relation » dans J. Michel et M. Braester (dir.), La Réticence dans des écritures poétiques et romanesque contemporaines, Actes du colloque international (Haïfa, mars 2007), Paris, Bucarest, Jérusalem : éd. EST, Samuel Tastet éditeur, 2007, p. 13-24.

« Le poème, un retour de vie. Actualités du Kaddish » dans M. Bercot et C. Mayaux (dir.), Poésie & Liturgie XIXe-XXe siècles, coll. « Littératures de langue française », Bern, Berlin, Bruxelles, Frankfurt am Main, New-York, Oxford, Wien : Peter Lang, 2006, p. 261-276.

« Le poème, une éthique pour et par la relation rythmique (notes sur Henri Meschonnic et Ludwig Wittgenstein) » dans B. Bonhomme t M. Symington (éds.), Le Rythme dans la poésie et dans les arts, Interrogation philosophique et réalité artistique, Paris : Honoré Champion, 2005, p. 357-373.

« Au-delà des banlieues il y a des hommes libres » dans V. Houdart-Mérot et M.-M. Bertucci (dir.), Situations de banlieues. Enseignement, langues, cultures, Lyon : INRP, 2005.

« Le rap ou la volubilité au cœur de la cité », dans M.-M. Bertucci et D. Delas (dir.), Français des banlieues : français populaire ?, Centre « Texte/Histoire », Université de Cergy-Pontoise, Amiens, Encrage, 2004, p. 33-46.

« Trois courts exercices plus un vers une poétique de l’admiration », dans D. Denis et F. Marcoin (dir.), L’Admiration, coll. « Manières de critiquer », Arras : Presses Universitaires d’Artois, 2004.

« L’évidence et l’énigme du poème de circonstance » dans Hughes Labrusse (dir.) Vers Malherbe et Ponge, Caen : Éditions pour le bicentenaire du Lycée Malherbe de Caen, 2004.

« Questions de et à Jean Bollack : avec Paul Celan », dans D. Delas (dir.), Traduire 2, Centre « Texte/Histoire », Université de Cergy-Pontoise, Amiens : Encrage, 2002, p. 199-214.

« Au cœur de la relation dans le langage : l’amour-en-poésie dans l’œuvre de James Sacré », dans C. Van Rogger Andreucci (éd.), Actes du colloque « James Sacré », Université de Pau - Mai 2001, Saint-Benoît-du-Sault : Tarabuste, 2002.

« Bernard Vargaftig », dans M. Jarrety (éd.), Dictionnaire de poésie de Baudelaire à nos jours, Paris : P.U.F., 2001.

« Francis Ponge », dans P. Hamon et D. Roger-Vasseldans (dir.), Le Robert des grands écrivains de langue française, Paris : Dictionnaires Le Robert, 2000.

« Situations de l’amour-en-poésie », dans J.-L. Chiss, G. Dessons (dir.), La Force du langage, Rythme, discours, traduction, autour de l’œuvre d’Henri Meschonnic, Paris : Honoré Champion, 2000, p. 127-149.

« Le proême pongien aujourd'hui » dans Christine Van Rogger Andreucci (dir.), Les Nouveaux courants poétiques en France et en Grèce, 1970-1990, Pau : Centre de Recherches sur la poésie contemporaine, Publications de l'Université de Pau, 1995.

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens externes

  • IUFM de Caen-Basse-Normandie: CV de Serge Martin: [1]
  • Site de POLART: [2]
  • Site de l'A.F.E.F.: [3]
  • Site des éditions Armand Colin, revue Le Français aujourd'hui : [4]