Sciatique

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La sciatique ou lombo sciatique est une douleur suivant le territoire du nerf S1 ou L5 atteint au niveau de la colonne vertébrale (rachis lombaire) ou à sa proximité immédiate.

Elle doit être différenciée du nerf sciatique, appelé parfois « sciatique » tout court et qui nait de la réunion de plusieurs racines nerveuses (dont L5 et S1). Une lésion de ce dernier provoque une sciatalgie.

Sommaire

[modifier] Étiologie

[modifier] Épidémiologie

C'est une maladie fréquente : elle concerne 5 à 10% des patients ayant des douleurs du dos (dorsalgies)[1].

L'âge, le stress, le tabagisme et un travail impliquant des mouvements du dos augmentent le risque de sciatique[2].

[modifier] Symptomatologie

Les douleurs sont typiquement intermittentes, d'un seul côté (unilatérale), irradiantes du rachis lombaire jusque dans les orteils, parfois majorées lors des efforts de toux ou à la défécation, calmées par le repos en position allongée ou debout.

Elles peuvent être déclenchées par la position assise (notamment en voiture).

Elles sont parfois accompagnées d'un cortège de symptômes tel des fourmillements (paresthésies), une perception douloureuse de certains stimulus (allodynie) ou une perte de la sensibilité d'une partie de la jambe.

A noter qu'il peut exister une forme hyperdouloureuse avec éventuellement blocage du rachis lombaire appelé lumbago.

Elle est reproduite par la manœuvre de Lasègue : flexion passive de la hanche (provoquée par l'examinateur), jambe tendue. Le « Lasègue croisé », où la douleur est reproduite par l'élévation de l'autre jambe, serait plus spécifique mais moins sensible[3].

La topographie peut être indicative du nerf atteint : face latérale de la jambe et face dorsale du pied jusqu'au gros orteil ("hallux") pour la racine L5, face postérieure du mollet et plante du pied pour la racine S1.

[modifier] Éléments diagnostics

La description de la douleur est suffisante dans 90 % des cas.

La radiographie standard du rachis lombaire n'est nécessaire que si l'on suspecte une cause autre qu'une hernie discale, ou en cas de sciatique récidivante ou rebelle au traitement. Elle ne permet pas cependant de visualiser la hernie (le disque intervertébral étant radio-transparent).

Seuls l'IRM et le scanner rachidien permettent de visualiser la hernie. La sensibilité et la spécificité de ces examens est cependant loin d'être absolue : un cinquième à un tiers des patients ont une hernie discale et n'ont jamais souffert d'une sciatique[4].

La sacco-radiculographie par injection directe d'un produit de contraste dans le canal rachidien, est une technique abandonnée depuis les années 1990.

Les examens biologiques sont utiles dans certaines situations (Vitesse de sédimentation et Numération globulaire).

L'Électromyogramme est inutile dans les formes typiques (aide lors du diagnostic différentiel)

[modifier] Diagnostic différentiel

[modifier] Pseudosciatique du sportif

La souffrance du muscle piriforme ou pyramidal, qui prend son origine sur le sacrum à l’intérieur du petit bassin et se dirige en dehors vers la hanche pour se fixer à la partie supérieure du fémur, encore appelée grand trochanter, peut être responsable de douleurs évoquant la sciatique mais dont la cause et le traitement sont différents. En effet, le muscle pyramidal sort du petit bassin par la grande échancrure sciatique, qui contrairement à ce que laisse penser son nom, n'est pas très large. Le nerf grand sciatique passe également par cette échancrure entre le muscle pyramidal et d’autres muscles, ou pour un faible pourcentage de la population (moins de 15%), directement à l'intérieur du pyramidal[5]. Ce muscle, qui est rotateur externe de la cuisse, est très sollicité lors de la course à pied et du cyclisme, et sujet à surmenage. Par ailleurs, il peut souffrir d'ischémie partielle si l'on reste trop longtemps assis sur un siège qui le comprime, ce qui peut être le cas chez les cyclistes. Plus rarement, une souffrance du pyramidal peut se produire sans exercice sportif chez des personnes qui conservent trop longtemps une position mettant ce muscle en état d'ischémie (siège dur appuyant au mauvais endroit) et maintiennent leur(s) jambe(s) dans une position d'étirement ou de flexion continuelle du muscle.

La contracture douloureuse qui s'ensuit peut comprimer ou irriter le nerf sciatique, entraînant une sciatalgie[6]. En principe, la manœuvre de Lasègue n'entraîne pas de douleur révélant une compression du nerf au niveau des vertèbres.

[modifier] Évolution

Elle est favorable la plupart des cas de manière spontanée. Elle peut parfois se prolonger ou récidiver.

Dans de rares cas, elle se complique d'un syndrome de la queue de cheval avec apparition d'une paralysie et de troubles des sphincters, relevant d'une intervention chirurgicale urgente.

[modifier] Traitement

[modifier] Traitement médical

Il était traditionnel de prescrire un repos allongé sur un plan dur durant l'accès de sciatique. Cette attitude n'a pas prouvé son efficacité[7]. De même, l'administration d'antalgiques (médicaments anti-douleurs) ou d'anti-inflammatoires non stéroïdien ne fait pas mieux qu'un placebo[8].

L'injection de corticoïdes dans le canal lombaire (infiltration épidurale)semble avoir un effet bénéfique [8]même s'il reste controversé[9].

Le port d'un corset et des séances de kinésithérapies peuvent être prescrits.

Les massages et autres pratiques (chiropraxie, tractions...) sont d'une efficacité discutable[10].

[modifier] Traitement chirurgical

Il consiste à supprimer la hernie discale. Il ne doit être proposée que dans 3 cas : si déficit moteur ou troubles sphinctériens, si douleur malgré le traitement morphinique et corticoïde et si la durée d'évolution malgré le traitement est supérieur à 3 mois.

[modifier] Chimionucléolyse

Elle consiste en l'injection dans le disque intervertébral d'une substance, la chymopapaïne, qui va dissoudre le noyau (nucleus pulposus"") réduisant ainsi la hernie.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Notes et références

  1. ab Koes BW, van Tulder MW, Peul WC, Diagnosis and treatment of sciatica, BMJ, 2007;334:1313-1317
  2. Helena M, Viikari-Juntura E,Martikainen R, Takala EP, Riihimaki H, Individual factors, occupational loading, and physical exercise as predictors of sciatic pain, Spine, 2002:27(10):1102-1108
  3. Deville WLJM, Windt DAWM, van der Dzaferagic A, Bezemer PD, Bouter LM, The test of Lasegue: systematic review of the accuracy in diagnosing herniated discs, Spine, 2000;25:1140-7
  4. Jensen MC, Brant-Zawadzki MN, Obuchowski N, Modic MT, Malkasian D, Ross JS, Magnetic resonance imaging of the lumbar spine in people without back pain, N Engl J Med, 1994:331:69-73
  5. 4. Kamina P, Santini JJ. nerfs des membres,Anatomie Introduction à la clinique (tome 6), 2e édition. 1994, Maloine Paris
  6. Docteur Jehan Lecocq, Service de Médecine Physique et de Réadaptation, CHU de Strasbourg cité dans [1] ; [2] ; [3]
  7. Hagen KB, Jamtvedt G, Hilde G, Winnem MF, The updated Cochrane review of bedrest for low back pain and sciatica, Spine 2005;30:542-6
  8. ab Vroomen PCAJ, Krom MCTFM de, Slofstra PD, Knottnerus JA, Conservative treatment of sciatica: a systematic review, J Spinal Dis 2000;13:463-9
  9. Luijsterburg PAJ, Verhagen AP, Ostelo RWJG et Als, Effectiveness of conservative treatments for the lumbosacral radicular syndrome: a systematic review, Eur Spine J 2007 Apr 6
  10. Hancock MJ, Maher CG, Latimer J et Als. Assessment of diclofenac or spinal manipulative therapy, or both, in addition to recommended first-line treatment for acute low back pain: a randomised controlled trial, Lancet, 2007;370:1638-1643

[modifier] Liens externes