Roland Gori

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Roland GORI est Psychanalyste à Marseille et Professeur de psychologie et de psychopathologie cliniques à l'université d'Aix-Marseille 1. Il est l'auteur de nombreux ouvrages de psychanalyse.

Sommaire

[modifier] Approche

La parole et le langage ont une place essentielle dans son écriture et son enseignement. Son œuvre est profondément centrée sur et par le discours psychanalytique dans une référence authentiquement freudienne. Dans Logique des passions, Roland Gori écrit "des discours qui habitent l’humain nous n’avons que les mots pour retrouver un monde perdu ou que nous n’avons jamais possédé. Et sous les mots, il y a encore d’autres mots, et sous les autres mots d’autres mots encore…"

Très engagé dans les débats actuels il s'oppose aux dérives du scientisme en psychiatrie et à l'instrumentalisation de l'humain . Pour cela il plaide "pour des sciences encore humaines" (cf une interview sur http://www.psychanalyse-en-debats.com)

ainsi écrit-il dans un tout récent article - La novlangue de la psychopathologie aujourd’hui "Faute de remettre en cause le pouvoir autoproclamé de l’expertise et de l’évaluation généralisée, la santé mentale redeviendrait une branche de l’hygiène publique dont la psychiatrie est issue. Elle se trouverait réduite ainsi à un dispositif biopolitique de recomposition de nos sensibilités psychologiques et sociales au sein duquel nous deviendrions tous des exclus potentiels à l’intérieur de la cité. Un tel dispositif risquerait au nom de la « science », quelque peu malmenée, de se faire le simple alibi d’un pouvoir souverain sur ce que Giorgio Agamben nomme « la vie nue » des exclus. Lorsque la vie et la politique s’identifient, le risque est grand de voir se développer ces totalitarismes qui font du « biologique » cette fatalité au nom de laquelle les décisions politiques sont recodées comme des normes « naturelles ». Nous ne devrions pas oublier que nos décisions ne relèvent d’aucune naturalité mais procèdent presque toujours d’actes et de paroles dont émerge notre humanité."

[modifier] La psychanalyse et l’université

En suivant les chemins de son œuvre, trois périodes se distinguent

De 1969 à 1983 :L’acte de parole

Dès ses premiers travaux, soutenus par Didier Anzieu (Anzieu qui sera son directeur de thèse), la question de l'acte de parole est posée afin d’en circonscrire sa place et sa fonction. Le langage et le discours en sont les axes fondamentaux, tant sur le plan théorique que méthodologique, pour interroger la vérité inconsciente qui parle le sujet.

A quoi s’intéresse Roland GORI ? Probablement à ce que les discours produisent dans leur énonciation, comment ils structurent le sujet, tout en voilant et dévoilant les désirs inconscients. Le discours EST la pensée pour autant que l'on lise cela à la lumière de la méthode freudienne des associations "libres".

Ainsi la psychanalyse freudienne apparait comme à la fois le corpus théorique propre à conceptualiser cela , mais aussi comme la méthode qui met en jeu dans la cure analytique par la confrontation aux souffrances, ces mêmes notions alors incarnées. Ainsi a t il entrepris une réflexion épistémologique sur les rapports d’“inquiétante familiarité” entre la psychologie clinique et la psychanalyse.

Des questions sont alors en germes que l’on peut condenser ainsi : Quelle est l’architecture des mots assemblés en discours, comment rendre compte par les mots de l’inconscient et de ses effets en nous, quelle théorisation permet de dégager le langage de sa réduction à la communication, comment rendre compte du transfert par le jeu des mots adressés ? Sommes nous dépendants de la langue au point de lui devoir l’illusion de notre être ? et quelles souffrances n’affleurent elles pas dans les mots et les plaintes, au point de tenter dans le site de la cure analytique d’en analyser les contours et les labyrinthes ? avec quelle rigueur universitaire peut on écrire ou dire ces mots sous les mots et le transfert ? Des notions se dégagent alors comme : le corps et le code en lien avec l'article de Didier ANZIEU , mais aussi une proximité d’avec les textes de Winnicott.

"comme un récit de rêve..."

de 1983 à 2000:

Le modèle puissant de l’analyse des rêves tel que Freud l’a proposé dès 1900 devient alors une source encore plus profonde. Roland GORI s’emploie dès lors à proposer une analyse des discours de souffrance des patients dits “somatiques” (à distance de toute prétention causaliste et de la psychosomatique) mais dans la prescription méthodologique freudienne, afin de considérer tout récit de plainte comme un récit de rêve ! Il insistera ainsi dans son ouvrage central la preuve par la parole sur des notions comme celle de "roman de la maladie" étroitement liée à celle du "roman familial" freudien, ou encore sur la notion de "complaisance somatique"…

"Comme un récit de rêve" cette formule centrale conjugue à la fois une rigueur théorique et des propositions de recherches. Cela signifie qu'avant de s’engouffrer dans les effets de signification, d’un dire, d’une narration, d’une symptomatologie il est analytiquement parlant plus intéressant de considérer ces fragments comme des bouts de récits de rêves (et par là les distinctions entre restes diurnes et désirs infantiles inconscients)….n’y a-t-il pas en ce point la promesse d’une rigueur pour la psychanalyse…

Les thématiques les plus actuelles

De 2000 à 2007:

Mémoire et souvenir A partir des questions sur l’analyse de l’acte de parole Roland GORI va procéder (en lien avec les enseignements freudiens) à l’Èlaboration d’un modèle psychopathologique de la mémoire à distance du souvenir. Cette mémoire il la décrit ainsi : elle "s’actualise dans les mots et les phonèmes du discours , et tend à faire de la pensée une manipulation de signes". En ce sens il rejoint les énoncés Lacaniens de la logique du signifiant autant que les travaux et certaines propositions de la pragmatique du langage

La logique des passions.

Ainsi qu’il l’indique parfois lui même la passion passionne Roland GORI et c’est dès lors logiquement qu’il approche la clinique du phénomène passionnel,afin de rendre compte de la genèse, de la fonction et de la structure des passions.

Pour GORI le phénomène passionnel demeure soumis à la logique de l’inconscient. la passion est selon lui "un état produit par la poétique du langage, les équivoques de la parole et par une sorte de maladie de la langue qui s’impose à la faveur d’une implacable séduction intersubjective".

Epistémologie et rationalité de la psychanalyse.

Au travers de nombreux textes sur la rigueur conceptuelle de la théorie freudienne, et la mise en perspective critique du scientisme il proposera une étude des idéologies et des rationalités scientifiques dont les point de connexion avec Foucault ou Canguilhem abondent. Dans le même mouvement le creusement du sillon de la rationalité propre d’une recherche en psychopathologie clinique référée à la psychanalyse est poursuivi et approfondi et notamment en collaboration avec christian HOFFMANN dans leur ouvrage "la science au risque de la psychanalyse".

Contre les empires

Les travaux les plus récents procèdent d’un engagement et d’une fougue contre La médicalisation de l’existence (en collaboration avec marie-josé DEL VOLGO), la civilisation médico-économique ou encore l’empire des coachs (en collaboration avec pierre LE COZ). Ces derniers ouvrages écrits en collaboration avec d’autres auteurs (voir bibliographie infra) insistent sur un mode critique et de manière rigoureuse sur les ravages idéologiques que les logiques scientistes autant que libérales produisent auprès des citoyens dont on nie le statut de sujets en les ravalant au rang d'individu statistiques ou exemplaires de "l'espèce"....

[modifier] Parcours institutionnel et éditorial

Le parcours universitaire et institutionnel de Roland GORI est complexe, c’est pour cela qu’il sera développé dans des enrichissements ultérieurs de cette rubrique.


élève de Didier Anzieu lors de ses travaux de première thèse d’état en 1969 puis une seconde en 1976

Proche de René Kaës lorsque celui ci enseignait à Aix-Marseille 1

Fondateur en 1983 du CIRPC (centre interrégional de recherches en psychopathologie clinique) à partir duquel il fondera la revue clinique méditerranéenne, support de nombreux colloques jusqu’en 1992

Clinique méditerranéenne qui deviendra en 1992 et jusqu’à ce jour l'une des revues en psychopathologie universitairement reconnue et dotée d’un comité scientifique et d’un comité de lecture publiée chez Erès

Dans le même temps il accompagne et crée plusieurs axes des laboratoires successifs de recherches en psychologie clinique à l’université et assure la direction de recherche dans deux types de DEA successifs de psychologie clinique et psychopathologie à Aix-Marseille 1 et dirige de nombreuses thèses (près d’une quinzaine à ce jour) et HDR (habilitation à diriger des recherches).

Membre de nombreuses missions d’études, de comités d’expert il sera élu au CNU a partir de 1992 et en assurera la présidence en 1998, il quittera cette instance en 2003 Mais continue à siéger dans nombre de commissions de spécialistes

A partir de 2000 il participe avec Pierre Fédida à la fondation du SIUEERPP(Séminaire Inter-Universitaire Européen d’Enseignement et de Recherche en Psychopathologie et Psychanalyse : une association européenne de recherches et d’enseignement en Psychopathologie clinique et psychanalyse constituée d’un réseau d’enseignants-chercheurs. ).

A ce jour Roland GORI enseigne toujours à Aix-Marseille 1 il travaille au sein du: Laboratoire de Recherches en Psychopathologie Clinique et Psychanalyse Université d'Aix-Marseille I Centre Saint Charles - 3, place Victor-Hugo – 13331 Marseille cedex 3

[modifier] Oeuvres

  • Gori R., Le Coz P., 2006, L’Empire des coachs Une nouvelle forme de contrÙle social. Paris: Albin Michel. Il s’agit de l’ouvrage le plus récent dont l’accent critique ne le cède en rien à la rigueur dans ‘analyse des discours. L’idéologie néo-libérale est ici lisible dans son projet de réduction du sujet à l’entrepreneur de sa propre existence pensée en termes d’investissement et de rentabilité, mais alors que devient l’inconscient, les souffrances psychiques et la poétique du sujet
  • Caverni J.P., Gori R., 2006, (ouvrage collectif sous la dir. de) Le consentement Droit nouveau du patient ou imposture? Paris: In Press.
  • Gori R., Del Volgo M.J., 2005, La santé totalitaire Essai sur la médicalisation de l’existence. Paris: Denoël. Ouvrage proche de la pensée de Foucault, prompt à analyser les dérives d’un ordre des discours qui au nom du bien de l’individu évide et épuise le sujet et sa quête de sens dans les souffrances. Ce travail prolonge à la fois le travail de Mme Del Volgo sur l’instant de dire et ceux de GORI dans la preuve par la parole
  • Clot Y., Gori R., 2003, Catachrèse: éloge du détournement. Nancy: PUN, 27-50.
  • Gori R., 2002, Logique des passions, Paris: Denoël. (Traduit en portugais et en italien, traduction en cours en russe), Flammarion-Poche, 2006. Probablement l’ouvrage le plus clinique et singulier, autour d’une langue elle même passionnée et très libre dans ses aller et retour entre clinique et théorie. Passion et haine y sont liées et déliées dans leurs effets d’abîme et de pertes pour le sujet en souffrance.
  • Gori R., Hoffmann Ch., 1999, La science au risque de la psychanalyse. Toulouse : ÈrËs. Structuré comme une partition à quatre mains cet entrelac d’articles des deux auteurs livre par touches successives un panorama de ce que le scientisme dans son écart à la rationalité conduit à des jugements inquisitoriaux. Conçu comme une réponse à la polémique de Sokal et Brickmont l’ouvrage présente en mosaïque des articles essentiels mais toujours rattachés à la ,preuve par la parole. On y lira un article décisif et de grande audience : le rêve n’existe pas qui recentre la rigueur analytique sur le mouvement d’énonciation de la parole. Ainsi n’y a-t-il pas de rêve à analyser en dehors du récit qui le donne à entendre, lequel récit est adressé en séance sur l’axe transférentiel à l’analyste. C’est moins aux contenus du dire qu’à ses effets d’adresse que la clinique psychanalytique aurait à faire…
  • Gori R., 2001, La preuve par la parole Sur la causalité en psychanalyse. Paris : puf, 1996. Traduction : 1998, a prova pela fala sobre a causalidade em psicanalise. Escuta (Sao Paulo) et Universita Catolica de Goias (Goiania) (traduit en portugais par Mirian Giannella). Probablement l’ouvrage le plus complet et le plus profond d’un point de vue psychanalytique et épistémologique. Le discours, la parole y sont présentés comme surdéterminés dans le dispositif d’interlocution qui les révèle autant qu’il les crée. La psychanalyse produit un site qui secrète dans l’interlocution une parole transférentiellement adressée; là réside sa valeur autant que sa limite, sa rigueur et ses possibles. Le statut du discours et la rigueur de la psychanalyse sont ici explorés avec une richesse de références qui en font l’ouvrage clef de voûte de GORI, les livres précédents y trouvent leur point d’équilibre et d’enrichissement, les suivants y puisent leur charpente conceptuelle
  • Gori R. (ouvrage collectif sous la direction de), 1989, L'unité de la psychologie?, Paris : Navarin.
  • Gori R., 1978, Le corps et le signe dans l'acte de parole. Paris, Dunod. 274 pages, (trad. espagnol et portugais).
  • Gori R., Poinso Y., 1972, Dictionnaire pratique de psychopathologie. Paris, Editions Universitaires, 206 pages (trad. italien, espagnol).


Pour les thèses de Doctorat une rubrique viendra prochainement préciser leurs places dans cet ensemble

[modifier] Références



Psychanalyse

Histoire · Écoles  · Métapsychologie
Dans le monde · Influence · Critiques . Index alphabétique