Richard Lesclide

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Richard Lesclide, dit aussi le Grand Jacques, ou encore Gabriel Richard, né à Bordeaux en 1825 et mort à Paris le 15 mai 1892, est un écrivain, éditeur, auteur dramatique et journaliste français. Romancier érotique dont le style est qualifié par André Blavier de « libertinage en sourdine[1] », il fut secrétaire de Victor Hugo et fervent promoteur du vélocipède.

Sommaire

[modifier] Sa vie et son œuvre

Eau-forte d'Édouard Manetillustrant Le Corbeau d'Edgar Allan Poe,traduit par Stéphane Mallarméet publié par Richard Lesclide en 1875.
Eau-forte d'Édouard Manet
illustrant Le Corbeau d'Edgar Allan Poe,
traduit par Stéphane Mallarmé
et publié par Richard Lesclide en 1875.

Il fait jouer sa première pièce à Bordeaux en 1843, alors qu'il est encore adolescent. Son condisciple de pension, Charles Monselet, avec lequel il écrit deux autres pièces, l'introduit dans le monde littéraire parisien et lui fait connaître Jules Janin, Champfleury, Aurélien Scholl, Charles Asselineau, Théophile Gautier, Théodore de Banville. Il publie en 1851 un premier recueil de nouvelles, les Voyages autour de ma maîtresse, et collabore à l'Almanach des gourmands de Charles Monselet et à La Parodie d'André Gill. Il travaille aussi au Petit Journal, dont il organise les messageries. Il publie en 1869 un Manuel du vélocipède et fonde la même année Le Vélocipède illustré, puis en 1870 Le Ballon-Poste, journal du siége de Paris.

À ces publications éphémères succèdent plusieurs revues littéraires et artistiques. L'une d'elles est Paris à l'eau-forte, à laquelle est associée une maison d'édition, « La Librairie de l'Eau-forte », qui publie, outre des eaux-fortes, des auteurs tels que Verlaine, Rimbaud, Mallarmé, Villiers de L'Isle-Adam, Germain Nouveau. En 1873, peu après le retour d'exil de Victor Hugo, il devient le secrétaire bénévole du poète, avec qui il partage une même passion pour le cyclisme et pour qui il transcrit La Légende des Siècles. Sur l'exemplaire qu'il lui dédie, Victor Hugo écrit :

« M. Richard Lesclide est un monsieur charmant, compliqué d'un cœur excellent. Cela l'entraîne à des imprudences. Il m'a vu un jour embarrassé du manuscrit de La Légende des Siècles, et hésitant à le livrer à l'imprimerie sans copie. Il m'offrit d'en faire la copie. Il fallait une discrétion absolue et un dévouement infatigable. Il a eu toutes ces vertus, et j'en ai abusé. C'est grâce à sa bonne volonté cordiale et exquise que ce livre a pu paraître à jour fixe, le 26 février 1877, en même temps que la première heure de ma soixante-seizième année.[2] »

À la mort de son maître en 1885, Lesclide fait paraître Propos de table de Victor Hugo, recueil de souvenirs auquel son nom reste le plus souvent associé. Un certain mystère subsiste quant aux autres événements de sa vie, comme aussi sur ses publications, dont la liste demeure vraisemblablement incomplète.

[modifier] « La diligence de Lyon »

De toute la production théâtrale et romanesque de Lesclide, seule a survécu La Diligence de Lyon, parue pour la première fois en 1882. Il s'agit selon André Blavier d'un « divertissement littéraire de qualité », bâti « sur le modèle après tout classique de la quête, de la recherche d’un absolu, à travers faux pas, espoirs déjoués et esquives, épreuves et tribulations.[3] » La trame en est une légende — ou une plaisanterie — qui circulait alors dans les milieux libertins : un jeune homme se voit proposer par une femme de mœurs légères une position sexuelle insolite, aussi affriolante que mystérieuse. Dans un premier temps, il refuse ; lorsqu'il se ravise, la belle a disparu. Commence alors une longue quête qui le conduit de ville en ville pour tenter d'assouvir un fantasme devenu obsession.

Tout le piquant du récit vient de ce que « la diligence de Lyon » — nom de la position sexuelle tant convoitée — n'est jamais décrite, alors que d'autres auteurs ont prétendu en connaître le secret. Verlaine en fait mention dans son Album zutique. Alfred Delvau, qui lui consacre un article dans son Dictionnaire érotique moderne, croit savoir qu'il s'agit d'une posture où la femme chevauche l'homme en « s'embrochant sur le pivot naturel. » Alors, « elle fait comme le postillon sur un des chevaux des anciennes diligences de Lyon » et « elle va de plus en plus fort, comme si la diligence parcourait un chemin raboteux.[4] » Aux détails explicites donnés par Delvau, Blavier oppose la langue et le style de Lesclide, où « le plaisir du récit réside en effet en sa constante ambiguité.[5] »

[modifier] Publications

Romans et contes
  • Voyage autour de ma maîtresse. Les Confidences d'un douanier. Les Inconséquences d'une soutane. L'Impasse du mariage. L'Allégresse des chiffres. Il ne faut pas compter sans l'amour (1851)
  • Contes bleus et roses pour l'amusement des grands et des petits enfants, par Gabriel Richard et Charles Monselet (1866)
  • La Diligence de Lyon (1882). Rééditions : Éditions du Griot, Boulogne, 1990 ; Le Serpent à Plumes, Paris, 1998. Texte en ligne
  • La Femme impossible (1883)
  • Le Dernier Scapin (1884)
  • Contes extragalants (1886)
Souvenirs
  • Propos de table de Victor Hugo (1885). Réédité sous le titre : Victor Hugo chez lui, Raymond Castells, 1998. Texte en ligne
Cyclisme
  • Manuel du vélocipède (1869)
Journalisme
  • La Mère Gigogne et le Petit Poucet réunis : journal illustré dédié aux enfants bien sages. Directeur : Gabriel Richard. Première parution : 1867. Absorbe la même année Le Petit Poucet, journal des petits garçons, Le Petit Chaperon rouge, journal des petites filles et Le Petit Événement, journal populaire illustré des enfants.
  • Le Vélocipède illustré. Première parution : 1er avril 1869.
  • Le Ballon-Poste, journal du siége de Paris, publié pour les départements. Directeur gérant : Gabriel Richard. Première parution : 30 octobre 1870.
  • La Renaissance artistique & littéraire. Fondé par Richard Lesclide, Émile Blémont et Jean Aicard. Première parution : 1872.
  • Paris à l'eau-forte : journal hebdomadaire d’actualité, de curiosité, de fantaisie, illustré d'eaux-fortes. Rédacteur en chef : Richard Lesclide. Directeur des eaux-fortes : Frédéric Régamey. Première parution : avril 1873.
  • La République des Lettres. Première parution : 1875.
Théâtre
  • Lucrèce, ou la Femme sauvage, parodie en 1 acte et en vers de la Lucrèce de M. Ponsard, par MM. Gabriel Richard et Charles Monselet. Bordeaux, Théâtre des Variétés, 7 octobre 1843.
  • Ariel, drame fantastique en 3 actes et 1 prologue, avec chœurs, par MM. G. Richard et C. Duvergier [Charles Monselet] (1845)
  • Les Trois Gendarmes, parodie en 1 acte et en vers des Mousquetaires de MM. A. Dumas et Maquet, par MM. Gabriel Richard et Charles Monselet (1845) Texte en ligne
  • Le Diable au Havre, grande revue-féerie en 4 actes et 5 tableaux, par L. Péricaud et G. Richard, musique de M. A. Roger. Théâtre du Havre, 13 janvier 1864.
  • Pierrot en prison, parade en 1 acte, par le Grand Jacques, avec trois eaux fortes de Henry Somm et Frédéric Chevalier (1876) Texte en ligne
  • Le Premier duel de Pierrot, parade en 1 acte et en vers, par le Grand Jacques, avec trois eaux-fortes de Henry Somm et de Courtois (1876)
  • Une maison de fous, comédie en un acte et en vers, avec des eaux-fortes de Henry Somm (1876)
  • Bug-Jargal, drame en sept tableaux tiré du roman de Victor Hugo, par MM. Pierre Elzéar et Richard Lesclide (1881)
  • On ne badine pas avec le caoutchouc (s.d.)
Éditions

[modifier] Bibliographie

  • Jacques Marchand, Les Défricheurs de la presse sportive, Atlantica, Biarritz, 1999.

[modifier] Notes, sources et références

  1. André Blavier, Préface, La Diligence de Lyon, Éditions du Griot, Boulogne, 1990, p. xxv. Les éléments biographiques du présent article proviennent de cette même source.
  2. Richard Lesclide, Propos de table de Victor Hugo, E. Dentu, Paris, 1885, p. 175.
  3. André Blavier, Op. cit., p. xxv et xxi.
  4. Alfred Delvau, Dictionnaire érotique moderne par un professeur de langue verte, J. Gay, Bruxelles, 1884.
  5. André Blavier, Op. cit., p. xxii.