Psychologie évolutionniste

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La psychologie évolutionniste est un courant de la psychologie dont l'objectif est d'expliquer les mécanismes de la pensée humaine à partir de la théorie de l'évolution biologique. Elle repose sur l'hypothèse fondamentale que le cerveau, tout comme les autres organes est le produit de l'évolution et constitue donc une adaptation à des contraintes environnementales précises auxquelles ont dû faire face les ancêtres des hominidés.

Sommaire

[modifier] Cadre théorique

Héritière à la fois de la sociobiologie et de la psychologie cognitive, la psychologie évolutionniste (PE) est née à la fin des années 1980 des travaux de John Tooby et Leda Cosmides. L'inspiration cognitiviste se retrouve dans le fait que la PE tente d'expliquer les comportements et les phénomènes mentaux à partir de mécanismes qu'il s'agit de décomposer. Comme la première, elle cherche à expliquer l'origine et la fonction de ces mécanismes cognitifs à partir de la sélection naturelle et de la sélection sexuelle. La psychologie évolutionniste partage ainsi avec l'approche sociobiologique le postulat fondamental selon lequel la psychologie est, comme la physiologie, soumise aux mécanismes de l'évolution que sont la sélection naturelle et la sélection sexuelle.

[modifier] Différences avec la sociobiologie

La PE se distingue de la sociobiologie sur différents aspects :

  1. La PE s'intéresse principalement à l'espèce humaine (tandis que la sociobiologie trouve son origine dans l'étude des insectes sociaux)
  2. La PE insiste sur le fait que la plus grande partie de l'évolution humaine s'est déroulée dans des circonstances qui n'existent plus aujourd'hui principalement pendant le pléistocène, et que les comportements et états internes qui nous caractérisent aujourd'hui ont, en fait, été sélectionnés pour être adaptés à un monde qui n'existe plus : il y a « mismatch » entre cet environnement de l'adaptation évolutive et l'environnement contemporain de l'espèce humaine. Ainsi le plaisir à manger du sucre et des graisses est né de la rareté de ces ressources énergétiques dans l'environnement préhistorique. Or, aujourd'hui, ces denrées sont facilement accessibles et ce penchant naturel pour le sucre et les graisses peut avoir des conséquences délétères (anti-adaptatives) dans l'environnement actuel (obésité, diabète).

[modifier] Différences avec la psychologie cognitive

L'approche PE diffère de l'approche traditionnelle en psychologie cognitive sur différents points :

  1. La PE propose d'expliquer les mécanismes psychologiques selon deux catégories de processus : les processus spécifiques à chaque domaine (domain-specific) et les processus généraux (domain-general). Les mécanismes en œuvre pour traiter un problème récurrent dans l'histoire évolutive seront dits domain-specific. Ainsi, l'importance de détecter un tricheur dans une interaction sociale serait à l'origine d'un processus spécifique qui ne s'appliquerait pas lorsqu'il s'agit de détecter la violation d'une règle non-sociale, comme l'illustre la tâche de Wason.
  2. La PE utilise souvent les données issues de l'étude de la psychologie comparée, notamment des primates.

Ces différences ne constituent pas une frontière véritable entre ces deux approches en psychologie. Au contraire, l'évolution de la discipline montre plutôt un rapprochement via en particulier les neurosciences cognitives et la primatologie.

[modifier] Un saut de paradigme en psychologie ?

Tooby et Cosmides (1997) ont voulu que la psychologie connaisse un saut de paradigme et l'ont redéfinie comme « cette branche de la biologie qui étudie (1) les cerveaux, (2) comment les cerveaux traitent l'information et (3) comment les programmes du cerveau traitant l'information génèrent le comportement. »

Il y a débat pour savoir s'il s'agissait bien d'un saut de paradigme, ou plus simplement d'un changement de nom de la sociobiologie (pour éviter ses connotations politiques). Cependant, la psychologie évolutionniste a soulevé l'intérêt de chercheurs en provenance de nombreuses disciplines (de la génétique à l'anthropologie, en passant par la primatologie, la psychologie cognitive, la biologie, etc.)

Il n'y a que très peu de ressources francophones en psychologie évolutionniste qui reste peu représentée en France.

[modifier] Principaux auteurs

(tous traduits en Français)

[modifier] Sites Internet

[modifier] Livres en français

  • Buss, David (1994) : Les stratégies de l'amour ; Trad. éd. Interéditions, 1994. Très facile à lire, les résultats d'une immense étude sur les comportements et préférences amoureuses de 10.000 personnes de 37 cultures différentes.
  • Geary, David (1998) : Hommes, femmes : l'évolution des différences sexuelles humaines ; Trad. éd. De Boeck Université (2003). Livre de référence, extrêmement documenté.
  • Gouillou, Philippe (2003) : Pourquoi les femmes des riches sont belles : programmation génétique et compétition sexuelle ; Duculot (2003). Livre de vulgarisation, construit de sorte à présenter l'ensemble des bases de la psychologie évolutionniste tout en restant accessible au plus grand nombre.
  • Pinker, Steven (1997) : Comment fonctionne l'esprit ; Trad. éd. Odile Jacob (2000)
  • Rich Harris, Judith (1999) : Pourquoi nos enfants deviennent ce qu'ils sont ; Trad. éd. Robert Laffont, Coll. Réponses. Très facile à lire, la réfutation des principales théories éducatives.
  • Vincent, Lucy (2004) : Comment devient-on amoureux? ; éd. Odile Jacob.
  • Workman, Lance et Reader, Will (2007) : Psychologie évolutionniste ; Trad. de Françoise Parot. ed. de Boeck, 2007. Traduction d'un ouvrage de 2004 (Evolutionary psychology. An introduction) à destination des étudiants de 1er et 2e cycle. Très riche.
  • Wright, Robert (1994) : L'Animal moral ; Trad. éd. Michalon, 1995. Très bien écrit : l'auteur ré-analyse la vie de Darwin à la lueur des découvertes en psychologie évolutionniste.