Position de l'Église catholique sur la théorie de l'évolution

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La position de l'Église catholique sur la théorie de l'évolution a elle même évolué après s'être longtemps fondée sur certains passages de la Bible concernant les origines de l'Univers et de la vie:

En créant l'homme et la femme, Dieu leur avait donné une participation spéciale à sa vie divine, dans la sainteté et la justice. Dans le projet de Dieu, l'homme n'aurait dû ni souffrir ni mourir. En outre, il régnait une harmonie parfaite de l'homme en lui-même, entre la créature et le Créateur, entre l'homme et la femme, comme aussi entre le premier couple humain et toute la création. (CEC 374-379)

L’Écriture montre les conséquences dramatiques de cette première désobéissance. Adam et Eve perdent immédiatement la grâce de la sainteté originelle (cf. Rm 3, 23). Ils ont peur de ce Dieu (cf. Gn 3, 9-10) dont ils ont conçu une fausse image, celle d’un Dieu jaloux de ses prérogatives (cf. Gn 3, 5).

En 1966, lors d’un Symposium de théologie[1] sur « le Péché originel et les sciences naturelles modernes », le Pape Paul VI a condamné sévèrement les théologiens qui « partant du préjugé du polygénisme, nient, plus ou moins clairement, que le péché duquel proviennent tant de maux pour l’humanité, ait été avant tout la désobéissance d’Adam, le premier homme ».

L'évolutionnisme est ainsi comparé au semi-pélagianisme, erreur dénoncée dans le concile de Carthage, le concile d'Antioche et le concile d'Éphèse.

Par ailleurs, l'Église rejette absolument le concept d'évolution des dogmes par l'encyclique Pascendi Dominici Gregis. Se considérant comme institution productrice de vérité[2], elle considère que les dogmes et doctrines qu'elle promulgue à une date donnée sont éternelles.

La doctrine du polygénisme a été officiellement condamnée dans l'encyclique Humani Generis.

Sommaire

[modifier] Léon XIII

Dans un premier temps, l'Église catholique est nettement défavorable au transformisme. Elle ne le condamne cependant pas directement, mais énonce en 1893, dans l'encyclique Providentissimus Deus, la doctrine de l'inspiration par l'Esprit Saint de la Bible :

« Les livres de l'Ancien Testament et du Nouveau Testament, avec toutes leurs parties, tels qu'ils ont été reconnus par le Concile de Trente doivent être reconnus comme sacrés et canoniques, non pas en ce sens que, composés par le génie humain, ils ont ensuite reçu son approbation, ni seulement qu'ils contiennent la révélation sans aucune erreur, mais parce qu'ils ont été écrits sous l'inspiration du Saint-Esprit et ont ainsi Dieu pour auteur. »
    — Le pape Léon XIII, Providentissimus Deus

[modifier] Pie X

L'opposition de l'Église catholique à la théorie de l'évolution proposée par Darwin entre dans le cadre d'une méfiance plus globale face à la science et au socialisme cherchant respectivement à comprendre le monde d'une façon strictement matérielle et à résoudre les problèmes. Pendant longtemps, en France, on connaîtra un affrontement entre les révolutionnaires positivistes et les catholiques de la restauration monarchique. Au Canada français, le même type d'affrontements mènera à la querelle ultra-montaine. Derrière toutes ces querelles, se dresse une méfiance face aux idées libérales ressortant de l'esprit du siècle des Lumières.

Le motu proprio Sacrorum Antistitum ou serment anti-moderniste (1910) interdit de parler des questions qui fâchent, à savoir d'histoire des dogmes et de tout ce qui est « moderne ». Jusqu'à l'abandon de celui-ci en 1961, c'est-à-dire à la veille du concile Vatican II, elle reste créationniste comme en témoignent les manuels d'apologétique investis de l'imprimatur et du nihil obstat, et interdit par exemple au jésuite paléontologue Pierre Teilhard de Chardin de continuer à publier ses travaux dans leur état du moment, bien que ne contestant pas son droit à les poursuivre sans inconvénient et à les communiquer en interne.

Après Vatican II, l'Église catholique reste discrète sur cette doctrine jusqu'au 23 octobre 1996 où le pape Jean-Paul II reconnaît que les théories de l'évolution sont plus qu'une hypothèse, insistant sur le fait qu'il n'y a pas une mais plusieurs théories de l'évolution.

[modifier] Pie XII

L'Église reste discrète du fait que les condamnations romaines du XIXe siècle avaient été peu reçues, et avaient été tout simplement ignorées des prêtres et des penseurs chrétiens : l’évolution était rentrée dans l’éducation chrétienne, avec les progrès de la scolarité au XXe siècle. La pensée catholique, intégrant la critique de ses sources bibliques, l’exégèse, ne considérant pas la Genèse comme devant être lue au sens littéral, retrouvant en cela des doutes émis par les penseurs de l’école de Chartres du XIIe siècle. C’est pourquoi ni la diffusion ni la popularité du jésuite Pierre Teilhard de Chardin ne furent entamées.

[modifier] Jean-Paul II

En 1996, lors d'une intervention devant l'Académie pontificale des sciences, Jean-Paul II affirme que « près d’un demi-siècle après la parution de l’Encyclique (Humani generis), de nouvelles connaissances conduisent à reconnaître dans la théorie de l’évolution plus qu’une hypothèse », nuançant en précisant qu'il faut parler davantage de théories de l'évolution. Par ailleurs, il affirme que certaines d'entres elles « qui, en fonction des philosophies qui les inspirent, considèrent l’esprit comme émergeant des forces de la matière vivante ou comme un simple épiphénomène de cette matière, sont incompatibles avec la vérité de l’homme ». [3]

[modifier] Christoph von Schönborn

Néanmoins il reste au sein de l'Église plusieurs mouvements défendant le créationnisme comme étant un dogme. L'archevêque de Vienne Christoph von Schönborn publia le 7 juillet 2005 dans le New York Times une tribune affirmant que l'on ne pouvait interpréter les discours de Jean-Paul II comme étant une reconnaissance de l'évolutionnisme. Dans son argumentaire, Christoph von Schönborn reprend des arguments qui se rapportent au « créationnisme doux », comme l'Intelligent design (le Dessein intelligent).

Il n'empêche que la majorité des catholiques contemporains acceptent désormais la neutralité de la science. On pourrait dire que le fait que l'homme ait les mêmes origines que le singe n'enlève ou n'ajoute en rien à l'Amour de Dieu pour l'homme. Philosophiquement, la science ne peut prouver l'inexistence de Dieu et la religion ne peut en prouver l'existence. Ceci consacre la séparation entre la science et la religion. Depuis les travaux de Teilhard de Chardin qui ont grandement contribué à la démonstration qu'il n'y a pas opposition entre science et religion, les catholiques continuent de croire en la création de l'univers par Dieu et reconnaissent que cet univers est en constante évolution, soumis à des règles propres que la science cherche à connaître et décrire avec des modèles de plus en plus fidèles.

[modifier] Benoît XVI

Le pape Benoît XVI, successeur de Jean-Paul II, a précisé le point de vue de l'Église catholique en avril 2007: le christianisme a fait «l'option de la priorité de la raison créatrice au début de tout et principe de tout». Il a ainsi rejeté la seconde option possible, celle de «la priorité de l'irrationnel selon laquelle tout ce qui fonctionne sur la terre et dans nos vies serait seulement occasionnel et un produit de l'irrationnel et affirme que «chacun de nous est le fruit d'une pensée de Dieu». Cette prise de position ne contredit pas la théorie de l'évolution, mais refuse que cette théorie dicte la vision que l'on doit avoir de l'individu. [4]

[modifier] notes et références

  1. l'Eglise catholique ne reconnaît pour dogme que ce qui est issu d'une constitution dogmatique produite par un concile, soit ce qui est le produit de l'infaillibilité pontificale depuis 1864
  2. Michel de Certeau s.j., L'invention du quotidien, Tome 2 Manières de croire
  3. Intervention du Pape Jean-Paul II devant l'Académie Pontificale des Sciences le 22 octobre 1996
  4. Le Figaro – Actualité en direct et informations en continu

[modifier] voir aussi

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