Plébiscite du 8 mai 1870

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La montée des oppositions radicales donne des arguments aux bonapartistes autoritaires, dont Rouher et l'impératrice Eugénie, qui poussent l’empereur a reprendre la situation en mains. Ce dernier est lui-même confronté a l’autonomie du gouvernement Ollivier, qui entend profiter au maximum de la libéralisation : il arrive même parfois qu’Ollivier réunisse ses ministres en l’absence de Napoléon III. Il fait donc mettre un terme à cette évolution vers un empire constitutionnel, en précisant bien les rapports entre les pouvoirs, et surtout en marquant la prédominance du souverain.

[modifier] Le contexte

Les élections de 1869 sont un net progrès pour l’opposition,partagée entre républicains et monarchistes. Au centre,le parti d’Emile Ollivier (Tiers Parti) demande un régime parlementaire,désormais les bonapartistes intransigeants sont minoritaires. En septembre 1869, l’empereur accorde au corps législatif l’initiative des lois. L’évolution vers le régime parlementaire parait achevée avec la mise en place du gouvernement Ollivier en janvier 1870, et le 20 avril, par le sénatus-consulte, qui dit que la responsabilité des ministres s’exerce désormais devant le corps législatif, d’autre part, sur les demandes d’Ollivier,le Sénat devient une deuxième assemblé législative. C’est donc un système parlementaire bicaméral qui est mis en place. Mais le Sénat perd son pouvoir constituant, la constitution ne pouvant être modifié e que par le peuple sur des suggestions de l’empereur, d’autant plus que ce dernier est responsable devant le peuple français auquel il a droit de faire appel. Pris entre la montée en puissance du gouvernement Ollivier et les pressions des bonapartistes, Napoléon III entend bien mettre un terme à cette évolution vers un empire constitutionnelle et surtout marquer sa prédominance au pouvoir. Pour bien marquer cette prérogative « d’appel au peuple », l’empereur décide de provoquer un plébiscite le 8 mai 1870 sur la question suivante « le peuple approuve les réformes libérales opérées par l’empereur avec le concours des grands corps de l’Etat, et ratifier le sénatus-consulte du 20 avril 1870 ».Il s’agit pour Napoléon III de réaffirmer son lien privilégié avec le peuple. De plus, l’empereur veut faire reconnaître que cette évolution libérale est le fruit de sa volonté. Au-delà d’une approbation des réformes, c’est la nature plébiscitaire qui est mis en jeu, mais aussi un aspect dynastique, car il veut transmettre le couronne a son fils Napoléon-Louis. L’empereur sollicite donc les masses conservatrices des campagnes pour stopper l’opposition républicaine et libérale.

[modifier] Le plébiscite

L’opposition est désarçonnée par la question du plébiscite alliant approbation des réformes et soutien au régime. Seul les républicains avancés ne tombent pas dans le piège, tel Gambetta. Quand aux plus radicaux, ils se prononcent pour l’abstention afin de contrer le principe même du plébiscite. D’autres tels que Jules Ferry, Léon Gambetta, préconisent le « non », en cela rejoints par Thiers et ses amis. Une parti du centre gauche et tout le centre droit se prononcent pour le « oui ».Des bonapartistes libéraux tels que Jerome David, le baron Mackau de Pinard, organisent la campagne pour le oui, qui est une campagne plébiscitaire très violente. Le clergé se prononce pour le « oui », et les républicains sont donc partagés entre le « non » et l’abstention. Quand au gouvernement Ollivier, il se charge de la répression des révolutionnaires. Au soir du 8 mai 1870, le « oui » l’emporte avec une large majorité de 7 358 000 suffrages (contre 1 538 000 « non »), ce qui fait regagner de la puissance a l’empereur (allusion aux plébiscite de 1851 et 1852 ou il était très majoritaire également).C’est donc un grand succès pour l’empire qui reprend 3 millions de suffrages par rapport aux élections de 1869, et remportant la majorité des voix dans tous les départements (sauf le Seine et les Bouches-du-Rhône), le « oui » a même réuni plus de ¾ des suffrages a l’ouest et au centre de la France. Mais ce triomphe s’explique par l’ambiguïté de la question et surtout par la division des opposants (car il y a tout de même eu 1 900 000 abstentions). Mais il est vrai que Napoléon III peut reconnaître sa victoire, et lors de la proclamation des résultats, il estime que l’empire paraît de nouveau fondé et qu’il n’y a aucune crainte pour l’avenir. Il n’y a plus de majorité au conseil, Ollivier n’a plus de soutien, et pour faire bonne mesure, il précise : « à aucune époque le maintien de la paix en Europe n’a été plus assuré » (le 30 juin 1870).

Néanmoins 2 semaines plus tard, la guerre sera déclarée a la Prusse le 19 juillet 1870.

[modifier] Bibliographie

Louis GIRARD, Napoléon III, Fayard, 1986

Jean GARRIGUES, La France de 1848 à 1870, Colin