Peyresq

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Peyresq (le pays des pierres[1]) est un village de la commune de Thorame-Haute, perché à 1528 m d'altitude sur un éperon rocheux des Alpes-de-Haute-Provence.

Vue du village de Peyresq
Vue du village de Peyresq

Sommaire

[modifier] Géographie

Peyresq est un village des Alpes-de-Haute-Provence, situé sur la commune de Thorame-Haute. Le village est situé au pied de la Cassille[2] (l'adret de la montagne du Courradour[3]), au bout d’un cul-de-sac routier venant de La Colle-Saint-Michel, à 1528 m d’altitude[4],[5].

[modifier] Démographie

Évolution démographique
1793 1800 1806 1821 1831 1836 1841 1846 1851 1856 1861 1866 1872 1876 1881 1886 1891 1896 1901 1906 1911 1921 1926 1931 1936 1946 1962 2003 2004 2007
≈ 200 247 225 218 238 235 211 234 228[6] 234 224 196 162 172 152 137 118 102 103 108 102 68 38 39 25 15 3 4 8[7] 3[8]

Note : Depuis la fusion de la commune avec la Colle-Saint-Michel en 1964, il n'y a plus de recensement différencié pour Peyresq.

[modifier] Histoire

La localité apparaît pour la première fois dans les chartes en 1042[9], sous la forme Petriscum, terme faisant référence au terrain pierreux[10].

Peyresq a donné son nom au célèbre humaniste Nicolas Claude Fabri de Peiresc qui en fut le seigneur, mais n'y mit cependant jamais les pieds.

Après la Révolution française, le village de Peyresc prend une nouvelle orthographe : Peyresq. La commune a fusionné en novembre 1964 avec celle de La Colle-Saint-Michel. La nouvelle commune ainsi créée a été appelée Saint-Michel-Peyresq ; cette commune a été absorbée en mars 1974, par la municipalité de Thorame-Haute.

[modifier] Reconstruction et renaissance

En 1952, Georges Lambeau, directeur de l'Académie des Beaux-Arts de Namur, qui cherchait dans la région un lieu pour implanter un camp de vacances pour ses étudiants[11], découvre Peyresq alors presque entièrement abandonné et la plupart des maisons en ruines. Tombé sous le charme du village, il décide de le reconstruire à son image d'antan. Son ami Toine Smets, entrepreneur immobilier bruxellois, décide de financer le projet. Selon l'historienne Louise Sgaravizzi[12], en 1953 sur 53 maisons 24 % étaient habitables, 40 % à restaurer et 16 % en ruines (la majorité se trouvant sur ce qu'on appelle aujourd'hui la cour des Métiers). La route d'accès au village est goudronnée en 1953[13]. En 1954, le dernier agriculteur arrête l’exploitation des champs pentus, au pied du village[14].

En 1954, un jeune architecte, Pierre Lamby, se joint au projet. De même, Toine Smets fait découvrir Peyresq à Lucien et Jane Jacquet, avec qui il fonde l'association Pro Peyresq, rejoins par la suite par Jacques Waefelaer et son épouse Jacqueline, respectivement trésorier et responsable de l'intendance (économat).

Le but de l'association, selon Toine Smets[15], est "d'apprendre à des jeunes intellectuels la valeur, les satisfactions et les fatigues du travail manuel : les attacher à une tâche qui peut leur inspirer de l'enthousiasme, qui requiert du dévouement et de la solidarité et les engage à s'imposer une discipline. Puis, leur procurer en même temps l'occasion d'une cure stimulante dans un climat très sain, tant physiquement que moralement, et dans une atmosphère joyeuse ; leur donner l'occasion de s'essayer aux techniques des métiers d'art: poterie, céramique, ferronnerie, filage, tissage, peinture, décoration, travail du bois, de la pierre... (Enfin), redonner vie à des activités locales pittoresques. En réunissant dans un site rude et grandiose étudiants universitaires et étudiants des Beaux-Arts, de disciplines diverses, unis par l'effort dans un but commun, "Pro Peyresq" crée des conditions favorables à des échanges, et apporte un correctif au compartimentage créé par les études spécialisées".

D'autres universités rachètent des maisons : l'Université Libre de Bruxelles, mais aussi celles de Liège, Mons et Gembloux. Pro Peyresq devient une fédération de groupes propriétaires de leur maison à restaurer ou de leur ruine à rebâtir, le rythme s'adaptant aux possibilités de chacun, suivant les plans de Lamby. Entre 1953 et 1956, on dota les maisons d’eau courante, de l’électricité (en 1955[16]). Pro Peyresq aida financièrement la municipalité endettée.

Peyresq devient peu à peu un village de vacances où se mêlent Français issus des familles d'origine, estivants venus de la côte et surtout des Belges, étudiants et responsables de Pro Peyresq. Quelques tensions naquirent entre les deux nationalités car le maire avait bloqué les ventes à des familles françaises au profit de Pro Peyresq. Mais aux cours des années les problèmes se sont peu à peu résolus[17]. Le 1er novembre 1964 la commune fusionne avec celle voisine de la Colle-Saint-Michel sous le nom de Saint-Michel-Peyresc. Et le 1er mars 1974, la nouvelle entité est rattachée à la commune de Thorame-Haute.

En 1980, le second prix des "Chefs d'oeuvre en péril" est attribué à Mady Smets et Jane Jacquet pour la restauration du village de Peyresq, ainsi que le prix "Europa Nostra" des mains de Lord Duncan Sandys.

[modifier] Administration

Liste des maires jusqu’en 1964
Période Identité Parti Qualité
Imbert
1964 Giraud[18]

[modifier] Lieux et monuments

L’église romane date du XIIIe siècle et est classée aux monuments historiques ; sa petite cloche date de 1461[19]. Une maison noble date du XIIIe siècle[20].

Le village possédait un moulin, qui a fonctionné jusqu’en 1868, et un four communal, refait en 1930[21].

[modifier] Les maisons restaurées

La majorité des maisons portent le nom d’un scientifique, d'un humaniste ou d’un artiste occidental, de la Grèce antique à l’époque contemporaine :

On retrouve aussi :

  • le centre A.W. Smets (en hommage à l'ancien président de Pro Peyresq) et où se trouve la bibliothèque ainsi que l'accueil de Pro Peyresq,
  • l’UAE,
  • Solidarité peyrescane (plus souvent appelée maison Clatot),
  • maison de la Céramique,
  • maison des Tables Rondes,
  • maison du Cros,
  • l’Estello.

Les maisons des familles françaises (hormis l'Estello) ne portent pas de nom.

[modifier] Activités

  • le bar Victor Jara, réservé aux membres de Pro Peyresq, organise parfois un "apéricon", sorte de Questions pour un champion à la mode peyrescanne.

Chaque été, les associations jumelées ASBL Nicolas-Claude Fabri de Peiresc et Peyresq Foyer d'Humanisme y organisent des colloques entre universitaires.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles de Wikipédia

[modifier] Liens externes

[modifier] Livres

  • Paulette Borrely-Goujon et Lucie Imbert : "Peyresq, un destin"
  • Paulette Borrely-Goujon et Lucie Imbert : "Peyresq, un village de Haute-Provence à la recherche des temps perdus", préface de Pierre Borrély, dans la collection Deux ou trois mots pour le dire ; Mallemoisson, éditions de Haute-Provence, 1994. ISBN 2-909800-97-0
  • Mady Smets "L'Architecte et le Berger"
  • Louise Navello-Sgaravizzi "Découverte d'une seigneurie : Peyresq"
  • Louise Navello-Sgaravizzi "Peyresq, L'extraordinaire destin d'un village des Alpes provençales"
  • Louise Navello-Sgaravizzi "Peyresq, l'extraordinaire destin d'un village des Alpes Provençales"

[modifier] Sources

  1. Paulette Goujon-Borrély et Lucie Imbert, Peyresq : un village de Haute-Provence à la recherche des temps perdus, p 59
  2. Paulette Goujon-Borrély et Lucie Imbert, op. cit., p 60
  3. Carte IGN TOP 25 réf. 3541OT
  4. Paulette Goujon-Borrély et Lucie Imbert, op. cit. p 65
  5. Carte IGN TOP 25 réf. 3541OT
  6. Michel de La Torre, op. cit., à l’article Thorame-Haute
  7. Maximum de population depuis 1962
  8. Minimum de population depuis 1962
  9. Michel de La Torre, Alpes-de-Haute-Provence : le guide complet des 200 communes, Deslogis-Lacoste, coll. « Villes et villages de France », Paris, 1989, Relié, 72 (non-paginé) p. (ISBN 2-7399-5004-7), à l’article Thorame-Haute
  10. Ernest Nègre, Toponymie globale de la France : étymologie de 35 000 noms de lieux, Genève : Librairie Droz, 1990. Volume III : Formations non-romanes ; formations dialectales. Notice 23947, p 1289
  11. Paulette Goujon-Borrély et Lucie Imbert, op. cit. p 164-165
  12. Louise Navello-Sgaravizzi "Peyresq, l'extraordinaire destin d'un village des Alpes Provençales", p.211
  13. Paulette Goujon-Borrély et Lucie Imbert, op. cit. p 61
  14. Paulette Goujon-Borrély et Lucie Imbert, op. cit. p 65
  15. Louise Navello-Sgaravizzi "Peyresq, l'extraordinaire destin d'un village des Alpes Provençales", p.209
  16. Paulette Goujon-Borrély et Lucie Imbert, Peyresq : un village de Haute-Provence à la recherche des temps perdus, p 40
  17. Louise Navello-Sgaravizzi "Peyresq, l'extraordinaire destin d'un village des Alpes Provençales", p.215
  18. Giraud a démissioné car il était en désaccord avec son conseil municipal sur le rattachement de la commune.
  19. Paulette Goujon-Borrély et Lucie Imbert, op. cit. p 92 ; Michel de La Torre, op. cit.
  20. Michel de La Torre, op. cit.
  21. Paulette Goujon-Borrély et Lucie Imbert, op. cit. p 128