Percy Bysshe Shelley

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Percy Bysshe Shelley
Percy Bysshe Shelley

Percy Bysshe Shelley (['pɜːsi bɪʃ 'ʃɛli]) est un poète britannique, né près d’Horsham le 4 août 1792, et mort en mer le 8 juillet 1822.

Sommaire

[modifier] Détesté et adulé

Il est l’un des plus grands poètes romantiques britanniques, et généralement considéré comme l’un des meilleurs poètes lyriques de la littérature de langue anglaise. Si ses poèmes d’anthologie sont Ozymandias, Ode to the West Wind, To a Skylark, et The Masque of Anarchy, ses œuvres les plus importantes sont de longs poèmes visionnaires tels que Alastor, Adonais, Prometheus Unbound et son poème inachevé The Triumph of Life.

Sa vie hors des conventions sociales, son idéalisme farouche et sa voix passionnée l’ont rendu à la fois célèbre et détesté à son époque, alors que les deux ou trois générations de poètes suivantes en firent leur idole, que ce soit les principaux poètes victoriens Robert Browning, Alfred Tennyson, Dante Gabriel Rossetti ou Algernon Charles Swinburne, ou même William Butler Yeats. Karl Marx, Henry Salt et George Bernard Shaw l’admiraient également.

Sa célébrité est aussi associée à celle de ses contemporains John Keats et Lord Byron qui comme lui moururent en pleine jeunesse, ainsi qu’à la femme qu’il épousa en secondes noces, la romancière Mary Shelley, auteur de Frankenstein, ouvrage dont il préfaça l’édition de 1818.


[modifier] Biographie

[modifier] Enfance et éducation

Il était le fils de Sir Timothy Shelley, qui devint le second baronet de Castle Goring, et d’Elizabeth Pilfold son épouse. Il fut élevé dans le Sussex et avait pour précepteur le Révérend Thomas Edwards d’Horsham.

Il fit ses premières études à la pension de Sion House, de Brentford, les acheva à Eton et, à cause de sa faiblesse, de sa beauté, de sa sensibilité maladive, eut à souffrir les persécutions de ses condisciples. Pour se consoler et oublier, il se jeta, avec ardeur, dans les études et dans les expériences scientifiques qui avaient pour lui un vif attrait ; ce qui lui valut, du reste, le surnom de « Shelley le fou » ou celui, encore plus venimeux, de « Shelley l’athée».

Il composait déjà des romans : Zastrozzi (1808), qui se ressent grandement de l’influence d'Ann Radcliffe; Saint Irvyne or the Rosicrucian (1810) ; des poésies : Wandering Jew, en collaboration avec Thomas Medwin; Original Poetry by Victor and Cazire (1810), en collaboration avec sa cousine Harriet Grove, à laquelle il voua toute sa vie un amour platonique.

À Oxford, un ami étudiant Thomas Jefferson Hogg, semble avoir été son collaborateur dans la rédaction des vers du burlesque et subversif Posthumous Fragments of Margaret Nicholson.

[modifier] Renvoi

En 1811, Shelley publia De la Nécessité de l'athéisme, un pamphlet qui attira l'attention de la direction de son école. Son refus de paraître devant ces messieurs provoqua son renvoi d'Oxford, et celui de Hogg, le 25 mars 1811. Son père proposa d'intervenir pour sa réadmission s'il désavouait publiquement ses opinions scandaleuses. Mais l'adolescent refusa, ce qui amena la rupture entre lui et son père. On pense qu'à cette époque Shelley fut membre d'une société secrète à l'Université d'Oxford car il continua à la fréquenter en cachette, sans doute pour des réunions clandestines, malgré son expulsion.

[modifier] Une vie agitée

Il s’établit à Londres, s’amouracha d’une fillette de seize ans, Harriet Westbrook, fille du cafetier John Westbrook, qu'après un romanesque enlèvement qui les avaient menés en Ecosse il épousa en 1811 . Shelley invita son ami étudiant Hogg à partager son foyer, et sa femme, selon ses principes de l'amour libre. Quand elle s'y opposa, il renonça à cette première tentative de mariage ouvert et emmena Harriet dans le Lake District, où il voulut écrire.

Peu après, il se liait avec Southey, avec Godwin, se jetait tête baissée dans la politique, discourait dans les meetings et devenait végétarien pour raisons éthiques[1]. Ses écrits révolutionnaires, Declaration of Rights (Dublin, 1812) et The Devil’s Walk (1812), attirèrent l’attention du gouvernement, et, pour se soustraire à des poursuites imminentes, il erra d’un bout du Royaume-Uni à l’autre, trouvant tout de même le loisir de publier sa Queen Mab (Londres, 1813), poème philosophique, et une Refutation of Deism (1814, in-8).

Son ménage était devenu un enfer, et il se sépara de sa femme pour les motifs les plus singuliers, ceux qu’on a l’habitude de qualifier d’incompatibilité d’humeur.

Pour se consoler, il enleva Mary Godwin et fit avec elle un voyage en France et en Suisse dont il a publié le récit, The History of a Six Weeks’ Tour (1817). Entre temps, sa femme avait donné naissance à un fils, Charles Bysshe, et toute la famille de Shelley, furieuse de l’abandon où il l’avait laissée, coupa les vivres au poète. Ses misères lui inspirèrent un magnifique poème : Alastor or the Spirit of Solitude (Londres, 1816); mais elles ne s’atténuaient pas. Bien au contraire, il fut forcé de repasser sur le continent à la suite d’affaires de femmes très embrouillées, où fut mêlée Claire Clarmont, une des maîtresses de Byron, qui d’ailleurs lui fit connaître le grand homme. Là-dessus la femme de Shelley mourut dans des circonstances assez pénibles, et le poète épousa (30 décembre 1816) Mary dont il avait déjà un fils et dont il eut une fille peu après. Claire Clarmont, maintenant brouillée avec Byron, dont elle avait eu une fille Allegra, retomba avec son enfant à la charge de Shelley, que Godwin poursuivait, par surcroît, de ses demandes d’argent.

C’est au milieu de tous ces embarras qu’il créa un chef-d'œuvre, The Revolt of Islam (Londres, 1818), l’un des plus purs morceaux de poésie de la littérature anglaise.

[modifier] En Italie

Mais comme il ne pouvait plus vivre au Royaume-Uni, il s’établit (1818) en Italie sans esprit de retour. Il y retrouva lord Byron, auquel il rendit la petite Allegra, se lia avec lui d’une forte amitié, visita les grandes villes : Florence, Naples, Venise, Rome, écrivant beaucoup : The Cenci (1819), tragédie en cinq actes; Prometheus unbound (1820), poème d’une sublime envolée sur le thème de la rédemption de l’humanité; The Ode of the West Wind, d’un lyrisme échevelé, etc. La connaissance qu’il fit de la charmante Emilia Viviani lui inspira son Epipsychidion (1821), d’un si mélodieux mysticisme, et la mort de Keats son Adonais (1821, in-4), qui passe pour son chef-d'œuvre.

D’une activité intellectuelle prodigieuse, il traduisait Platon, Spinoza, Eschyle, Goethe, Calderon. En avril 1822, il vint habiter avec des amis près de La Spezia. Il périt pendant une traversée de Leghorn à La Spezia, au milieu d’une affreuse tempête. Son corps retrouvé, seulement au bout de dix jours, fut brûlé en présence de Byron et de Leigh Hunt, et ses cendres placées dans le cimetière protestant de Rome.

Shelley est un des meilleurs lyriques du Royaume-Uni, peut-être le meilleur ; car ni Dryden, ni Wordsworth n’ont égalé toujours la magnificence de son style, sa clarté, sa grâce, sa fraîcheur d’imagination, sa spontanéité ; et aucun n’a eu plus d’influence sur le développement de la poésie anglaise.

[modifier] Ses œuvres

  • 1808 : Zastrozzi
  • 1810 : Saint Irvyne or the Rosicrucian
  • 1810 : Wandering Jew, en collaboration avec Thomas Medwin, poésie
  • 1810 : Original Poetry by Victor and Cazire
  • 1811 : De la Nécessité de l'athéisme, pamphlet
  • 1812 : Declaration of Rights, écrit
  • 1812 : The Devil’s Walk, écrit
  • 1813 : Queen Mab, poème
  • 1814 : Refutation of Deism, écrit
  • 1816 : Alastor, or The Spirit of Solitude, poème
  • 1817 : The History of a Six Weeks’ Tour
  • 1818 : Frankenstein ou le Prométhée moderne de Mary Shelley, préface
  • 1818 : The Revolt of Islam, poème
  • 1819 : The Cenci, poème
  • 1820 : Prometheus Unbound, poème
  • 1820 : Ode to the West Wind, poème
  • 1821 : Epipsychidion, poème
  • Ozymandias, poème
  • Ode to the West Wind, poème
  • To a Skylark, poème
  • The Masque of Anarchy, poème
  • Adonais, poème
  • The Triumph of Life, poème
  • Posthumous Fragments of Margaret Nicholson, poème

[modifier] Notes

  1. "Why should you call me to account for eating decently? If I battened on the scorched corpses of animals, you might well ask me why I did that." The Vegetarian 15 January 1898. George Bernard Shaw adopta un régime végétarien à partir de vingt-cinq ans sous son influence : « Shelley fut le premier à me faire réaliser la barbarie de mon régime alimentaire », écrit-il dans son autobiographie + Dans sa biographie par Félix Rabbe, "Shelley", Nouvelle Librairie Parisienne,1887. Il est décrit comme un végétarien convaincu.

[modifier] Liens externes

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[modifier] Sources

Certaines parties de cet article proviennent de l'Article «Shelley» de La grande encyclopédie: inventaire raisonné des sciences, des lettres et des arts. Tome vingt-neuvième (Saavedra-Sigillaires). Réalisée par une société de savants et de gens de lettres sous la direction de MM. Berthelot, Hartwig Derenbourg, F.-Camille Dreyfus "et al.". Réimpression non datée de l'édition de 1885-1902. Paris, Société anonyme de "La grande encyclopédie", "191-?", p. 1147-1148.