Algernon Swinburne

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Algernon Charles Swinburne est un poète anglais né à Grosvenor Place, Londres, le 5 avril 1837 et mort le 10 avril 1909.

La poésie de Swinburne suscita le scandale à l'ère victorienne en raison de ses références récurrentes au sado-masochisme, au lesbianisme, au suicide, et des sentiments anti-religieux qu'elle véhicule. Swinburne lui-même professa probablement davantage le vice qu'il ne le pratiqua, ce dont Oscar Wilde ne manqua pas de se moquer.

[modifier] Biographie

Algernon Swinburne, portrait par Rossetti.
Algernon Swinburne, portrait par Rossetti.

Né dans une famille aristocratique, fils d'un amiral, Algernon Charles Swinburne passa l'essentiel de son enfance dans l'île de Wight, où ses grands-parents et ses parents possédaient des résidences. Son grand-père maternel était le troisième comte d'Ashburnham tandis que son grand-père paternel était né en France et y avait été élevé et continuait de s'habiller et de penser comme un aristocrate français d'Ancien régime. Grâce à lui et à sa mère, Algernon apprit le français et l'italien. Élevé dans la religion anglicane, il reçut également une très solide éducation religieuse.

Durant son adolescence, il eut une relation très forte avec une cousine, Mary Gordon, qui le laissa inconsolable lorsqu'elle se maria. Il fit ses études à Eton, puis au Balliol College à Oxford, où il rencontra plusieurs personnes qui devaient avoir une influence décisive sur sa vie : les peintres Dante Gabriel Rossetti, William Morris et Edward Burne-Jones qui, en 1857, peignaient les fresques murales inspirées du Cycle d'Arthur sur les murs du Oxford Union, ansi que Benjamin Jowett, principal du Bailliol College, qui reconnut son talent poétique et le sauva de l'expulsion lorsqu'il se mit à célébrer Felice Orsini, le patriote italien qui tenta d'assassiner Napoléon III en 1858.

A sa sortie d'Oxford en 1860, il devint un ami proche des Rossetti et, après la mort de Mrs Rossetti en 1862, lui et le peintre emménagèrent dans Tudor House, 16 Cheyne Walk, Chelsea.

Swinburne était un étrange assemblage de santé fragile et de force physique. Il était de petite taille et mal bâti, mais il était excellent nageur et il fut premier à escalader Culver Cliff dans l'île de Wight. Son tempérament était hautement excitable : on le décrivait souvent comme « démoniaque », toujours prêt à bondir d'un bout à l'autre d'un salon en déclamant des vers d'une voix stridente. Une ou deux fois, il eut des crises – peut-être de nature épileptique – en public. Il aggravait ses dispositions naturelles en buvant sans modération et, bien souvent, on le ramenait chez lui ivre mort au petit matin.

Il avait uniquement donné quelques poèmes à des revues lorsqu'il publia Atalanta in Calydon (1865), qui fut accueilli avec enthousiasme. L'année suivante, « Laus Veneris » et les Poèmes et Ballades, furent en revanche violemment attaqués comme immoraux. En 1867, Swinburne rencontra son héros Giuseppe Mazzini, qui vivait en exil en Angleterre et lui inspira les Songs before Sunrise (1867).

Ses penchants pour le sado-masochisme, et plus particulièrement la flagellation, commencèrent sans doute à Eton et furent accentués par ses relations ultérieures avec Richard Monckton Milnes, qui lui fit découvrir Sade, et l'explorateur Richard Francis Burton. On dit que Rossetti chercha à le convertir à l'hétérosexualité en lui envoyant l'écuyère de cirque américaine Adah Menken, mais que celle-ci dut renoncer : « Je n'arrive pas à lui faire comprendre, dit-elle, que cela ne sert à rien de mordre. » Quand on commença à faire des gorges chaudes de son homosexualité et de ses fantaisies sexuelles, il prit plaisir à attiser le scandale en faisant courir le bruit qu'il était aussi pédéraste, et qu'il avait des rapports sexuels avec un singe. La part de vérité dans ces histoires est discutée. Selon Oscar Wilde, il n'était qu'« un vantard en matière de vice, qui a fait tout ce qu'il pouvait pour convaincre le monde de son homosexualité et de sa bestialité alors qu'il n'est ni homosexuel ni bestial. »

En 1868, Swinburne loua avec un ami une maison à Étretat où le jeune Guy de Maupassant leur rendit une visite qui fit sur lui une forte impression : il y vit des ossements sur une table, des tableaux étranges, une guenon tout habillée. Jean Lorrain s'inspirera de ce récit et, dans le roman d'Edmond de Goncourt, La Fausta (1881), le personnage de Georges Selwyn, sadique amateur de petites filles, est manifestement inspiré de Swinburne, imaginé à travers le récit de Maupassant.

En 1879, son tuteur Theodore Watts-Dunton le persuada de mener une vie plus saine et de venir habiter chez lui, à Putney, aux environs de Londres. Il s'assagit, et une surdité grandissante contribua à le couper du monde. Il mourut de la grippe en 1909.

[modifier] Œuvres

Swinburne est considéré comme un décadent et fut associé au préraphaélisme. Par leur forme ou leurs références, un grand nombre de ses poèmes évoquent la fascination victorienne pour le Moyen Âge. On peut citer à cet égard « The Leper », « Laus Veneris », et « St Dorothy ».

Son vocabulaire et sa prosodie en font l'un des meilleurs poètes anglais, mais sa poésie a été critiquée comme exagérément fleurie et souvent vide de sens.

[modifier] Liens externes

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