Paul Erdős

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Paul Erdős, 1992
Paul Erdős, 1992

Pál Erdős (prononcé en hongrois /paːl ˈɛrdøːʃ/, également ortographié Paul Erdős, Paul Erdös ou Paul Erdos) est un mathématicien hongrois, né le 26 mars 1913 à Budapest (Hongrie) et décédé le 20 septembre 1996 à Varsovie (Pologne).

Sommaire

[modifier] Biographie

La vie de Paul Erdős a été toute entière consacrée à ses travaux de recherche. Vivant dans un grand dénuement[1], il est un chercheur très prolifique, toutes disciplines confondues, avec plus de 1 500 papiers de recherche publiés. En particulier, nombre de ces papiers visait à étudier ses domaines de prédilection (théorie des graphes, théorie des nombres, combinatoire) sous des angles différents, et à améliorer sans cesse l'élégance des démonstrations.

Âgé d'un an lorsque survient la Première Guerre mondiale, Erdős voit son père capturé par l'armée russe. Sa mère, redoutant de ne pouvoir veiller sur ses enfants hors du foyer, préfère dès lors engager un précepteur. Celle-ci, professeur de mathématiques, lui transmet toutefois elle-même le goût de cette discipline, ce qui amènera le jeune Erdős à s'intéresser très tôt à des problèmes mathématiques.

Ayant obtenu sa thèse de mathématiques en Hongrie en 1934, ses origines juives le contraignent à s'exiler dans un premier temps à l'Université de Manchester puis aux États-Unis. Il travaille à l'Université de Princeton, puis est ensuite invité par Ulam à l'Université James Madison. C'est à cette époque qu'il parvient, avec le mathématicien Atle Selberg, à établir une preuve élégante du théorème des nombres premiers. Mais Selberg publie seul le document, et obtient la médaille Fields[réf. nécessaire].

Installé à l'Université Purdue en Indiana, Erdős est invité à rejoindre le programme de développement de la bombe atomique américaine en 1943, mais sa candeur le fait échouer lors des entretiens. Ce n'est qu'en 1948 qu'il peut retourner en Hongrie pour retrouver sa famille rentrée de déportation. Quelques années plus tard, en 1950, le maccarthysme bat son plein au États-Unis et il est accusé de communisme. En conséquence, il n'est plus autorisé à circuler aux États-Unis. Il est fait membre étranger de la Royal Society en 1989.

Installé durant les années 1960 en Israël, Erdős ne peut à nouveau fouler le sol américain qu'en 1963. Il entreprend dès lors une carrière de chercheur et professeur itinérant, et finit par décéder dans sa chambre d'hôtel à l'âge de 83 ans.

[modifier] Anecdotes

  • Le caractère particulièrement prolifique d'Erdős amena la création du « nombre d'Erdős », signalant le degré de collaboration d'un chercheur avec Erdős. Ce dernier a par définition le nombre 0. Les mathématiciens ayant publié un papier de recherche cosigné par lui ont pour nombre d'Erdős 1. Les chercheurs ayant publié avec ces derniers ont un nombre d'Erdős de 2 (comme Albert Einstein), et ainsi de suite par récurrence. Les personnes qui n'ont jamais écrit d'article mathématique, de même que celles n'ayant pas de coauteur qui soit relié à Erdős de la manière décrite ci-dessus, ont un nombre d'Erdős égal à \infty. En 1998, le plus grand nombre fini d'Erdős connu d'un mathématicien en activité était de 7.
  • Lorsque Hardy et Erdős se rencontrèrent, Hardy avait 57 ans et sentait ses capacités mathématiques diminuer. Il aimait dire que les mathématiques appartiennent à la jeunesse : « Galois est mort à vingt et un ans, Abel à vingt-sept […]. Riemann à quarante […]. Je ne connais pas d'exemple d'un progrès majeur en mathématiques dû à un homme de plus de cinquante ans. » Erdős, qui n'avait que 21 ans, était trop jeune pour savoir qu'il deviendrait l'un des plus célèbres contre-exemples de la conjecture de Hardy.
  • Erdős continua de voyager et de donner des conférences jusqu'à sa mort. Interrogé sur son désir de continuer à faire des mathématiques malgré son grand âge, il répondit : « Les premiers signes de la sénilité sont quand un homme oublie les théorèmes. Le deuxième signe, c'est quand il oublie de fermer sa braguette. Le troisième, c'est quand il oublie de l'ouvrir ! »
  • Pour le débarrasser de sa manie des amphétamines, qui avait pris naissance à la mort de sa mère en 1971, le directeur de la section mathématique des laboratoires Bell lui avait parié 500 Dollar US qu'il n'arriverait pas à cesser de les consommer pendant un mois. Après quelques semaines, Erdős revint trouver Graham et l'avertit : « Graham, avant, lorsque je regardais une feuille blanche, mon esprit était plein d'idées. Aujourd'hui, tout ce que je vois c'est une feuille blanche. » Erdős gagna le pari, mais s'est plaint de ce que Graham avait retardé d'un mois les progrès des mathématiques...
  • Paul Erdős entendit un jour que les géologues estimaient l'âge de la Terre à quatre milliards et demi d'années. Se souvenant que, dans sa jeunesse, on n’en attribuait à la planète que deux milliards, il donna pour titre à une conférence autobiographique : Mes Deux Premiers Milliards d'années et demi en mathématiques
  • Au jour de ses soixante ans, Paul Erdős décida de signer toutes ses lettres par Paul Erdős L.D. (« L.D. » pour living dead, « mort vivant »).
  • La conversation d'Erdős était plutôt ésotérique. Ses amis le comprenaient parfaitement lorsqu'il affirmait s'être « fort bien remis de la grippe que le S.F. a cru bon de lui envoyer » (« S.F. » pour suprême fasciste, c'est-à-dire Dieu), ou encore que l'« epsilon de Charles a encore grandi » (epsilon, lettre grecque employée pour désigner une quantité infime, désigne un enfant).
  • Une des courtes nouvelles de Sonates de bar de l'oulipien Hervé Le Tellier est un hommage à Paul Erdős, que l'écrivain avait rencontré peu avant sa mort.
  • Une des maximes favorites de Erdős était : « Il faut parfois compliquer un problème pour en simplifier la solution ».
  • Une autre phrase célèbre d'Erdős : "un mathématicien est une machine qui transforme le café en théorèmes".

[modifier] Référence

  1. Il n’avait pas de femme, pas d’emploi, pas même une maison pour l’attacher quelque part. Il vivait avec une vieille valise et un sac plastique orange de supermarché (…) la seule possession qui comptait pour lui était son petit calepin
  • Paul Hoffman, Paul Erdös : 1913-1996 : l'homme qui n'aimait que les nombres, Éditions Belin, 2000. ISBN 2-7011-2539-1

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

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