Patois

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Voir « patois » sur le Wiktionnaire.

On désigne pejorativement par patois les langues minoritaires en Belgique, en France, en Italie et en Suisse. Dans certaines régions du Canada, le même phénomène existe, mais le mot patois est rarement utilisé.

Ce sont généralement des parlers romans, relevant de la langue d'oïl, de l'occitan, du catalan, du francoprovençal ou encore des parlers gallo-italiques. Éventuellement on a utilisé le mot patois pour des parlers bretons ou corses, dans un but de les dévaloriser uniquement.[citation nécessaire]

Sommaire

[modifier] Un terme diversement accepté en linguistique

En linguistique (et notamment en sociolinguistique), le terme "patois" n'est pas usité par les linguistes qui préfèrent user d'appellations plus précises, car le terme "patois" a pris en France, au fil des siècles, une connotation péjorative dans le cadre d'une hiérarchie entre d'une part les langues (sous-entendu dignes d'être nommées ainsi) et d'autre part les "parlers locaux et limités" ne pouvant recevoir la noble appellation de "langue". Les linguistes préfèrent parler de "langues" et de leurs variétés locales qui sont les "dialectes", les "sous-dialectes" et, à très petite échelle, les "parlers", et d'une manière générale d'idiomes. Néanmoins, il existe des linguistes, souvent spécialisés de dialectologie, qui utilisent le terme "patois" pour désigner un parler local. Ainsi Henriette Walter ne condamne-t-elle pas l'utilisation du terme[1] :

« Le terme de patois en est arrivé progressivement à évoquer dans l'esprit des gens l'idée trop souvent répétée d'un langage rudimentaire […]. Nous voilà loin de la définition des linguistes, pour qui un patois (roman) est au départ l'une des formes prises par le latin parlé dans une région donnée, sans y attacher le moindre jugement de valeur : un patois, c'est une langue. »

La linguiste précise dans quelles conditions sont nés les patois romans[1] :

« Le latin parlé en Gaule […] s'est diversifié au cours des siècles en parlers différents. […] Lorsque cette diversification a été telle que le parler d'un village ne s'est plus confondu avec celui du village voisin, les linguistes parlent plus précisément de patois. Mais, à leurs yeux, il n'y a aucune hiérarchie de valeur à établir entre langue, dialecte et patois. »

Le mot patois a d'ailleurs été emprunté par d'autres langues (exemple en anglais) pour désigner une forme locale de langue mais sans la conception dépréciative que comporte socialement le terme en France.

[modifier] La relation entre français et patois

En France, le terme "patois" est dévalorisant : bien que souvent utilisé par les locuteurs des langues régionales eux-mêmes, le terme résulte en France d'une lente aliénation culturelle par laquelle les autorités voulurent faire croire aux Français parlant une langue autre que le français que leur langue n'en était pas une, qu'elle n'était qu'une déformation locale de la langue française. Ainsi en 1762 le dictionnaire de l'Académie française le définit ainsi ; « Langage rustique, grossier, comme est celui d'un paysan, ou du bas peuple ». Cette présentation est depuis plusieurs décennies dénoncée par la plupart des linguistes et des romanistes. Plusieurs observateurs et chercheurs estiment en effet que la désignation d'un parler en tant que "patois" relève d'une forme de discrimination (selon le facteur langue) ou de "linguicisme" (cf. liens externes), et non d'une analyse linguistique. Comme l'écrit Henriette Walter[1] :

« Il faut donc bien comprendre que non seulement les patois ne sont pas du français déformé, mais que le français n'est qu'un patois qui a réussi. »

Utilisé dans la vie politique et l'éducation pour dévaloriser toutes les langues locales, surtout (mais pas seulement) celles proches du français, ce mot a été un des facteurs qui ont permis au français de devenir la langue de référence sur le territoire de la république[2].

Du fait de sa connotation dévalorisante, le terme est aujourd'hui peu employé, et l'on trouve plus couramment les termes de "langue régionale" (seulement en France), de "langue minoritaire", de "langue minorisée" ou, encore mieux, de "langue subordonnée".

[modifier] Étymologie

Patois est un mot qui viendrait[3] de l'ancien français patoier signifiant agiter les mains, gesticuler puis se comporter, manigancer, dérivé de patte au moyen du suffixe -oyer. Cette étymologie permet de comprendre en partie la connotation péjorative que comporte ce terme : on patoise quand on n'arrive plus à s'exprimer que par geste.

Selon une autre hypothèse[4] il pourrait dériver du latin patria (patrie), faisait ainsi référence à la dispersion locale d'une variante d'un langage.

[modifier] Notes et références

  1. abc Henriette Walter, Le français dans tous les sens
  2. Ce but est largement atteint, mais il reste aujourd'hui encore beaucoup de Français parlant quotidiennement une langue autre que la langue officielle, et de nombreuses associations se battent pour la reconnaissance des langues locales.
  3. en:Concise Oxford Dictionary
  4. en:Chambers Dictionary

[modifier] Bibliographie

Henriette Walter, Le français dans tous les sens, éd. Robert Laffont, Paris, 1988. ISBN 2-221-05254-4

Régis Watrinet, Recueil d'expressions, proverbes, dictons, coutumes et traditions en patois roman de la Lorraine, imprimer sur les presses de l'imprimerie Léon LOUIS 57220 BOULAY-MOSELLE Ed Régis Watrinet Courcelles Chaussy.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens externes