Wikipédia:Pastiches/Karl Kohlbeck

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Luthier autrichien, Karl Kohlbeck fit une révolution dans la lutherie. Jusqu'alors, les violons avaient toujours été faits de pièces de bois d'un seul morceau, à l'exception de la table inférieure qui est toujours en deux parties. Les luthiers s'attachaient à faire vieillir les bois. On n'employait le platane de la table supérieure qu'après quinze ans de séchage.

Par hasard, Karl Kohlbeck découvrit que ce qui faisait le ton du violon, c'était beaucoup plus la colle que le bois.

Etant jeune homme il avait un camarade, violoniste passionné, qui vint le trouver un jour, désespéré : il avait laissé tomber son violon et celui-ci s'était brisé. Kohlbeck, depuis longtemps, travaillait le bois. Il entreprit de réparer le violon : de la patience, beaucoup de colle, une couche de vernis et voilà le violon réparé. Le professeur du camarade, surpris, s'exclame "Qui t'a donné ce merveilleux violon ?".

Kohlbeck avait trouvé sa voie. Toutefois, ce n'est pas un violon qu'il fabriqua d'abord, mais une guitare. Une guitare d'une pureté de son étonnante. Mais le violon le fascinait. Il suivit les cours d'une école professionnelle, et puis se lança.

Il aurait pu remporter de grands succès et faire fortune comme luthier "classique" s'il ne s'était obstiné à aller contre toutes les idées reçues. Les violons de Kohlbeck étaient révolutionnaires !

Se souvenant du violon brisé, il construisait ses instruments à cordes, violons, guitares, altos, violoncelles, contrebasses en petits fragments de bois contrecollés.

Il s'était procuré les minces plaques de bois qui servent à fabriquer les allumettes. C'est du sapin très léger qui s'imprègne facilement. Et notamment de colle. Kohlbeck a fait sur ce bois de multiples expériences. Il l'a fait "cuire" de façon à le rendre très dur. Et puis, il en a fait une guitare... en sept mois. Elle avait un son merveilleux.

Encouragé, Kohlbeck persévère. Avec l'expérience, son travail lui prend un peu moins de temps. Il réalise un violon en deux mois : 4 000 morceaux de bois ! Le son est admirable et, chose non négligeable, les instruments de Kohlbeck sont à l'abri des caprices atmosphériques. Sécheresse et humidité, ces "grands" des instruments classiques, n'affectent pas les violons sortis de ses mains.

Ses premiers clients ont été les Américains. L'un d'entre eux lui avait acheté son premier violon, qui faisait frémir d'horreur les violonistes autrichiens attachés à la tradition. D'autres Américains suivirent. L'un deux commanda même tout un orchestre : 20 violons, 4 violoncelles, 4 altos et une contrebasse. Le luthier y passa des années, mais, quand la commande fut exécutée, la compagnie qui l'avait commandée avait disparu... Kohlbeck garda ses instruments. Mais une grande joie lui est réservé : un concert va être donné avec ces instruments jusqu'ici muets.

En 1973, Kohlbeck a été à l'honneur, le Président de la République autrichienne est venu chez lui pour lui exprimer les félicitations officielles pour son œuvre. De grands violonistes, comme Vasa Prihoda et Yehudi Menuhin dirent ce qu'ils pensaient de la qualité exceptionnelle de ses instruments.

Il s'en fut de peu que Karl Kohlbeck ne puisse réaliser son rêve : quand il avait vingt ans, victime d'une crise de tétanos, on le crut mort. Pendant deux jours, complètement paralysé, mais parfaitement conscient, il assista à tous les préparatifs de son enterrement. On s'aperçut heureusement à temps que le mort était vivant. Pendant ces moments épouvantables, le jeune garçon s'était promis de consacrer sa vie à une grande œuvre. Il tint parole...