Ninon de Lenclos

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Ninon de Lenclos, gravure par Antoine-Jean-Baptiste Coupé (1784 -ca. 1852)
Ninon de Lenclos, gravure par Antoine-Jean-Baptiste Coupé (1784 -ca. 1852)

Anne « Ninon » de l'Enclos, aussi appelée Ninon de Lenclos ou Ninon de Lanclos (Paris, 10 novembre 1616 - Paris, 17 octobre 1705[1]) était une courtisane, femme d'esprit et écrivain français.

Sommaire

[modifier] Sa vie

Anne dite Ninon de Lenclos est une femme de lettres, influencée par les idées épicuriennes, qui savait l'italien et l'espagnol tout en étant versée en sciences. Enfant prodige au luth qui citait Montaigne et les grands classiques, sa mère la promenait de salon en salon où elle faisait sensation. Plus tard, elle apprit le clavecin.

La belle Ninon a, sa vie durant, collectionné une ribambelle d'amants à tel point que Walpole la surnomma plus tard « Notre Dame des Amours ». Elle eut des enfants[réf. nécessaire] dont un fils, le chevalier Louis de la Boissière, qui deviendra brillant officier de marine, fruit de ses amours avec Louis de Mornay, marquis de Villarceaux et proche du roi Louis XIV. Elle vivra sa passion durant trois ans avec lui au domaine de Villarceaux, commune de Chaussy (Val d'Oise). Proche de Molière, elle corrigea, à la demande de l'auteur, la première version du Tartuffe.

À son premier voyage à Paris, la reine Christine de Suède, accorda une seule rencontre en privé à la seule Ninon de Lenclos dont elle avait la plus haute opinion. Grand amateur de sagesse, Louis XIV se préoccupait souvent, par personne interposée, de l'opinion de Ninon.

Le jour de ses 70 ans, incorrigible courtisane, Ninon eut une aventure avec l'abbé Nicolas Gédoyn. Quelques mois avant son décès, à près de 90 ans, elle se fit présenter le jeune Arouet (Voltaire) alors agé de dix-huit ans et élève du collège jésuite Saint-Paul de Paris. Dans son testament elle lui légua 1 000 francs pour qu'il puisse s'acheter des livres.

[modifier] Son salon

Ninon a tenu salon à compter de 1667, en l'hôtel Sagonne, au 36 rue des Tournelles à Paris. Ses célèbres cinq à neuf avaient lieu chaque jour. Ninon de Lenclos est le symbole de la femme cultivée et indépendante, reine des salons parisiens, femme d'esprit et femme de cœur, représentative de l'évolution des mœurs des XVIIe et XVIIIe siècles français et précurseure de la femme libre et indépendante.

Parmi ses invités, beaucoup d'hommes, évidemment : Fontenelle ; François de la Rochefoucauld ; Charles de Saint-Évremond ; Paul Scarron ; Jean-Baptiste Lully ; Jean de La Fontaine ; Louis de Lesclache ; Philippe d'Orléans, futur régent de France ; d'Elbène; Antoine Godeau ; Antoine Gombaud, chevalier de Méré ; Louis de Rouvroy, duc de Saint-Simon, le fameux mémorialiste ; Roger de Rabutin, comte de Bussy ; Jules de Clérambault ; Damien Mitton ; l'abbé François de Châteauneuf ; Félix-Juvenel de Carlincas ; Huygens ; François Le Métel de Boisrobert ; Charles Perrault ; le poète Chapelle ; Jean Ogier de Gombauld ; l'abbé de Pons ; Louis de Mornay, marquis de Villarceaux ; César Phœbus d'Albret ; Jean Hérault de Gourville ; Henri de Sévigné[réf. nécessaire], mari de la grande épistolière puis son fils Charles de Sévigné ; le peintre Nicolas Mignard dont elle fut un modèle ; Charleval, fils de Madame de Longueville ; Jean Racine (et sa maîtresse la Champmeslé) ; François III Dusson, seigneur de Bonrepaus et commissaire de la Marine ; Nicolas Boileau, dit Boileau Despréaux ; Condé. Molière lui demandera des conseils pour sa pièce le Tartuffe à l'instar de plusieurs autres auteurs qui bénéficièrent de son jugement.

Mais aussi de nombreuses femmes : Catherine de Vivonne ; Marguerite de la Sablière ; Madame de Galins ; Charlotte-Élisabeth de Bavière (1652-1722), princesse Palatine ; Henriette de Coligny, comtesse de la Suze ; Marie Desmares, dite la Champmeslé, tragédienne réputée et maîtresse de Racine ; sa parente et amie Françoise d'Aubigné, future Madame de Maintenon. Mais aussi lady Montagu qu'elle appelait Madame Sandwich et dont elle dira : « Elle m'a donné mille plaisirs, par le bonheur que j'ai eu de lui plaire. Je ne croyois pas sur mon déclin pouvoir être propre à une femme de son âge. Elle a plus d'esprit que toutes les femmes de France, et plus de véritable mérite.»

[modifier] Son œuvre

On lui connait plusieurs recueils de lettres, dont :

  • Lettres de Ninon de L'Enclos au marquis de Sévigné, collectées par Damours, 1750, éditions Francois Joly.
  • Lettres de Ninon de L'Enclos au marquis de Sévigné, collectées par Crébillon fils, éd. François Joly, Amsterdam, 1750. Deux parties en un volume in-12, XII-184-200 pages (chaque partie est précédée d'un titre gravé par Fessard).

En fait, la première édition de ces lettres a été attribuée, à tort, par Gay à Damours, mais Tchemerzine les a restituées à Crébillon fils. Voir Gay II, 828. Tchemerzine IV, 197.

  • Bibliothèque épistolaire, ou choix des plus belles lettres des femmes les plus célèbres du siècle de Louis XIV. Lettres de Ninon de l'Enclos, de Mme de Maintenon, des Ursins, de Caylus, etc., recueillies par A. Delanoue.
  • En 1659, dans La coquette vengée, elle y répond à plusieurs attaques dont elle fut l'objet. Elle y défend, en tant que femme de lettres, la possibilité d'une vie bonne et morale en l'absence d'apparat religieux. Elle y dit aussi avec quelque esprit: « beaucoup plus de génie est nécessaire pour faire l'amour que pour commander aux armées » et « nous devrions faire attention au montant de nos provisions, mais pas à celui de nos plaisirs : ceux-ci doivent être recueillis jour après jour. »

[modifier] Divers

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Plusieurs pièces de théâtre l'ont prise pour thème, dont :

  • Ninon de l'Enclos, comédie historique en un acte, mêlée de vaudevilles par Henrion, Armand Henri Ragueneau de la Chainaye. Éditeur Mad. Cavanagh, Paris, An XII [i.e. 1804].
  • Le grand Huyghens, qui fut au nombre de ses amants, composa quelques vers à son sujet :
Elle a cinq instruments dont je suis amoureux :
Les deux premiers, ses mains ; les deux autres, ses yeux ;
Pour le plus beau de tous, le cinquième qui reste,
Il faut être fringant et leste.

L'histoire ne dit pas si l'astronome le fut assez...

  • Le scénariste de bandes dessinées Patrick Cothias en a fait un personnage récurrent de son univers (séries Les Sept vies de l'épervier, Masquerouge, Le Fou du Roy et, bien entendu, Ninon secrète) où il en fait davantage une aventurière, une bretteuse et une espionne.

[modifier] Bibliographie

[modifier] Notes

  1. MM de Monmerqué et Paulin, Les historiettes de Tallemant des Réaux, 3e édition, J. Techener, libraire, 1857, p. 12 et 25.