Naissance d'une nation

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La Naissance d'une nation
Image associée au film
le Chevalier blanc du Ku Klux Klan sur une des affiches du film

Titre original The Birth of A Nation
Réalisation D. W. Griffith
Acteur(s) Lillian Gish, Mae Marsh
Scénario D. W. Griffith, Thomas F. Dixon Jr.
Musique Joseph Carl Breil & D.W. Griffith
Costumes Robert Goldstein & Clare West (non crédités)
Producteur(s) D.W. Griffith
Production David W. Griffith Corp. & Epoch Producing Corporation
Distribution Epoch Producing Corporation (1915)
Format 1,33:1 - Muet - Noir et Blanc
Genre Drame, Historique, Romance, Guerre, Western
Durée 125 min
Sortie 8 février 1915
Langue originale Anglais
Pays d'origine États-Unis
Fiche IMDb

La Naissance d'une nation (The Birth of A Nation) est un film américain réalisé par D. W. Griffith sorti le 8 février 1915.

Il est souvent présenté, à tort, comme le premier long métrage de l'histoire du cinéma.

Ce film, sorti exactement 50 ans après la fin de la Guerre de Sécession, raconte le déroulement de cette même guerre et la reconstruction du Sud qui en a suivi. C'est un grand succès populaire, qui rapporta 15 millions de dollars et resta le plus gros succès de l'histoire du cinéma jusqu'à la sortie de La Grande Parade (The Big Parade) en 1925.

Sommaire

[modifier] Du point de vue de la technique cinématographique...

Ce film est exemplaire pour l'époque. Gros plan, travelling, flash-back, montage parallèle, etc. : autant d'innovations qui seront reprises par la suite par d'éminents réalisateurs. Eisenstein dira de lui que « c'est Dieu le père, il a tout créé, tout inventé. Il n'y a pas un cinéaste au monde qui ne lui doive quelque chose ». Griffith utilise en effet des mouvements de caméra, plusieurs plans, une mise en scène dynamique, beaucoup de figurants et donne une grande importance au montage. Jouent dans ce film Lillian Gish (qui deviendra une des actrices favorites de Griffith, que l'on retrouvera un an plus tard dans Intolérance), Mae Marsh, Henry B. Walthall, Miriam Cooper, Robert Harron, Wallace Reid, Joseph Henabery. Ce film marque un premier pas vers la normalisation de la durée des œuvres cinématographiques, et Griffith propose ici de diviser son récit en deux parties, pour une durée totale de 157 minutes.

La durée n'est pas de 157 minutes mais de 187 minutes (environ 3h07 de film).

[modifier] Du point de vue historique...

Il y a un vrai parti pris de la part du réalisateur. L'affiche du film présentant un chevalier du Ku Klux Klan est là pour le rappeler. Griffith nous montre les Noirs du Sud heureux de leur condition d'esclaves, esclavage n'ayant, si l'on en juge par les images, rien de monstrueux mais qui serait au contraire une condition souhaitable. C'est pourquoi ces Noirs sont prêts à combattre avec leurs maîtres contre les fédéralistes. Les Nordistes, et les Noirs les ayant rejoint, sont vus comme des barbares capables des pires atrocités. Le Ku Klux Klan est présenté comme un organisme libérateur, qui permit de mettre fin « à l'anarchie du régime noir » qui sévissait dans le Sud. Peut-être que les origines de Griffith (il est né dans le Kentucky) ne sont pas étrangères à cette vision des choses. Griffith prétend s'appuyer sur plusieurs sources, dont le livre de Thomas Dixon The Clansman, et sur les différents travaux d'historien du président en place à cette époque Woodrow Wilson. Celui-ci cautionnera d'ailleurs tout à fait ce film, disant même qu'il devrait être vu par les écoliers. Remarquons aussi que c'est après avoir assisté en 1915 à la projection de ce film que William Joseph Simmons décida de recréer le Ku Klux Klan.

Photo extraite du film
Photo extraite du film

[modifier] Du point de vue politique...

Ce film marque un précédent. Les différentes associations pour la défense des droits civiques, telle que la NAACP (National Association for the Advancement of Colored People), tentèrent d'interdire ce film. Cela posa la question de la censure, et donc, de la fixation du statut du film. Avant cela, on ne s'inquiétait guère que de la nudité susceptible de choquer un certain public, du fait que le visionnage se déroule dans l'obscurité ou encore qu'il vide les églises. Ici, c'est par rapport au fond que la question se pose. Un Bureau National de la Censure fut mis en place dès 1909, mais 95% des films soumis à son approbation étaient validés. Mais certains demandèrent des mesures plus sévères. Des bureaux de censure vont se mettre en place spontanément dans certaines villes et états: c'est ainsi que dans l'Ohio, The Birth of A Nation sera interdit. Griffith ne l'entend pas de cette oreille, et décide de se placer sous le couvert du Ier amendement, garantissant la liberté d'expression. La question étant polémique, l'affaire va remonter jusqu'à la Cour Suprême, qui décidera que le Ier amendement ne peut pas s'appliquer. Les bureaux de censure sont vus comme l'expression de la démocratie populaire. La Cour Suprême statua sur la nature du film lui-même et établit que le cinéma est une œuvre industrielle concernant un public à caractère universel - le premier amendement ne pouvait donc pas s'appliquer. Ce n'est qu'en 1952 que le statut des films sera à nouveau révisé pour pouvoir être protégé par ce même amendement.

Ainsi peut-on dire qu'il y a eu un avant et un après Griffith. The Birth of A Nation marque un tournant à plusieurs points, et ce, positivement ou négativement. C'est pourquoi on peut considérer ce film comme le « péché originel » marquant la naissance du cinéma moderne.

[modifier] Fiche technique

  • Titre : Naissance d'une nation
  • Titre original : Birth of a Nation (également The Clansman pendant ses premières semaines d'exploitation)
  • Réalisation : D. W. Griffith
  • Scénario : D. W. Griffith, d'après une pièce et un roman de Thomas F. Dixon Jr.
  • Date de sortie : 1915
  • Pays : É.-U.
  • Genre : Drame / Guerre
  • Format : Muet - Noir et Blanc - 1,33:1
  • Durée : 157 min (125 à 190 min. dans ses différentes versions et vitesse de projection).

[modifier] Commentaire

  • Melvin Van Peebles explique dans le documentaire Classified X de Mark Daniels que Naissance d'une nation fait l'apologie du KKK et que, très dégradant, les acteurs noirs dans le film sont des blancs dont on a peint le visage en noir.
  • Le film est classé par IMDb dans « Racial Discrimination », film soutenant une forte discrimination raciale, « Racial Prejudice », film causant un préjudice racial pour les noirs, et film de propagande.
  • En décembre 1918, Emmett J. Scott et John W. Noble produisent le film The Birth of a Race (titre en contrepoint de The Birth of A Nation).
  • En 1919, Oscar Micheaux produit le film The Homesteader, le premier film fait par un noir. Ce film et Within Our Gates en 1920 sont considérés comme opposés à The Birth of A Nation.

[modifier] Voir aussi

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