Mozarabe

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Mozarabe vient de l’arabe musta’rib, مستعرب, qui signifie « arabisé ». Il s'agit du nom donné aux chrétiens vivant en Espagne musulmane et écrivant en langue arabe.

Les mozarabes étaient de culture arabe, mais certains parlaient une langue romane, L’Aljamía ou le mozarabe, dialecte archaïque de l'Espagne transcrit en caractères arabes. Leur liturgie était dite en arabe.

L’art mozarabe témoigna de ce mélange, avec un style islamique mais des thèmes qui restèrent chrétiens. Les influences de l'art des musulmans se ressentaient particulièrement dans l'utilisation des entrelacs végétaux, taillés dans le stuc pour décorer une architecture, par exemple.

Les mozarabes furent traités avec tolérance, en particulier sous les Omeyyades d'Espagne, qui régnèrent à Cordoue de 756 à 1031. Cette tolérance disparut au fur et à mesure après cette dynastie. Ces populations, prennent le statut de « dhimmi » et adoptèrent peu à peu certains aspects de la culture arabe. Elles avaient leurs propres administrateurs, qui devaient cependant en référer à des maîtres musulmans. Ils payaient un tribut, la djizya, à leurs propres collecteurs d'impôts et soumettaient leurs différends à leurs juges, qui légiféraient selon le code wisigothique.

La liberté d’exercer leur culte sous l’autorité de l’archevêque de Tolède. Leur liturgie, celle de saint Isidore de Séville, est connue sous le nom de rite mozarabique : la messe en arabe, officiellement abolie au XIe siècle, est aujourd'hui encore célébrée dans la chapelle mozarabe de la cathédrale de Tolède.

De nombreux mozarabes parlaient l'arabe et beaucoup adoptèrent des noms et des coutumes musulmans, exerçant en retour une influence certaine sur leurs suzerains.

Malgré cette situation favorable et des années de tranquillité, une rébellion chrétienne se produisit entre 852 et 886. Les autorités religieuses redoutant l'attraction exercée sur les fidèles par un genre de vie et une culture en contradiction avec les principes de l'Évangile, un certain nombre de chrétiens avaient publiquement attaqué Mahomet et l'islam pour réveiller les consciences endormies en irriguant le champ de la foi du sang de leur martyre. La répression fut brutale et l'émir Mohammed Ier (852 - 886) ne laissa d'autre alternative à ses sujets rebelles que la conversion à l'islam ou la fuite. Des villes comme Burgos et Urbiena en 882, Zamora en 893, furent repeuplés par des mozarabes venus de Tolède.

Un des principaux motifs de gloire de Mohammed ibn-Abi Amir dit el-Mansour (« le victorieux », vers 938 - 1002) fut de ne pas laisser après lui une seule église chrétienne sur le sol de la péninsule. Seuls subsistèrent les édifices que leur situation à l’écart – comme les couvents où vivaient des ermites – ou leur solidité mettaient à l’abri des armées musulmanes.

Cela explique qu'il reste aujourd'hui très peu d'édifices de pur style mozarabe, excepté quelques églises, disséminées sur le territoire espagnol, en particulier aux environs de Tolède, San Sebastián, Santa Eulalia et surtout Santa María de Melque, la plus remarquable du IXe siècle.

En dehors de Tolède, c’est encore une basilique qu’a reconstruite le rebelle Omar Ben Hafsun, un renégat revenu à la foi de ses pères, dans son repaire de Bobastro en haute Andalousie.

[modifier] Liens internes