Mikhaïl Lermontov

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Autoportrait de Mikhaïl Lermontov.
Autoportrait de Mikhaïl Lermontov.


Mikhaïl Iourievitch Lermontov (en russe : Михаил Юрьевич Лермонтов; 15 octobre 181427 juillet 1841), poète et romancier russe, souvent appelé le « poète du Caucase », naquit à Moscou d’ascendance écossaise (de la famille Learmount), mais appartenait à une famille respectable de la province de Tula et grandit dans le village de Tarkhanui, qui préserve ses restes. Il était de la même génération que Vassili Joukovski, Nicolas Gogol et Alexandre Pouchkine.

[modifier] Sa vie

À cause de la mort prématurée de sa mère et du service militaire de son père, le soin de son enfance échut à sa grand-mère, qui n’épargna aucun effort pour lui donner la meilleure éducation qu’elle pouvait imaginer. L’atmosphère intellectuelle qu’il respira dans sa jeunesse différait peu de celle dans laquelle Pouchkine avait grandi, bien que la domination du français eût commencé à céder du terrain devant le goût pour l’anglais, alors que Lamartine partageait sa popularité avec Lord Byron.

Du lycée à Moscou, Lermontov passa à l’université en 1830, mais sa carrière s’y termina abruptement par le rôle qu’il joua dans certains actes d’insubordination à un enseignant contrariant. De 1830 à 1834, il alla à l’école des officiers de la Garde de Saint-Pétersbourg, puis fut assigné à un régiment de hussards à Tsarskoïe Selo. Le jeune soldat exprima sa colère et celle de la nation face à la perte de Pouchkine (1837) dans un poème passionné adressé au tsar Nicolas Ier, « La Mort du poète », et la voix même qui proclamait que si la Russie ne prenait pas sa vengeance sur l’assassin de son poète, un second poète ne lui serait pas donné, constituait une insinuation qu’un tel poète était déjà venu.

Le tsar, cependant, sembla trouver plus d’impertinence que d’inspiration dans cette adresse, puisque Lermontov fut aussitôt envoyé au Caucase comme officier de dragons. Il avait vécu au Caucase à dix ans avec sa grand-mère et se sentit chez lui plus profondément que seulement par l’effet de souvenirs d’enfant. Les qualités austères et rugueuses des montagnards qu’il devait combattre, tout autant que le décor des rochers et des montagnes, s’avérèrent voisins de son cœur; l’empereur l’avait exilé à sa véritable contrée. Il y fit aussi la connaissance de décembristes bannis et d’intellectuels géorgiens rebelles.

Lermontov visita Saint-Pétersbourg en 1838 et 1839, puis fut renvoyé au Caucase à la suite d’un duel contre Ernest de Barante, fils de l’ambassadeur français. C’est en 1839 qu’il écrivit le roman Un héros de notre temps, dont on dit qu’il fut à la source du duel avec Nicolaï Martynov, qui lui fut fatal en juillet 1841. Pour cette joute, il sélectionna par exprès le bord d’un précipice, afin que si un quelconque combattant était blessé jusqu’à perdre pied, son destin soit scellé. Un duel dans des conditions similaires, entre le héros désabusé Piétchorine et le ridicule et méprisable Grouchnitski, est décrit dans Un héros de notre temps. Comme dans le cas de Pouchkine, les circonstances de la mort de Lermontov ne sont pas claires, ce qui a donné naissance à diverses théories, notamment celle d'un assassinat.

[modifier] Ses œuvres

Lermontov publia seulement un petit recueil de poèmes, en 1840. Trois volumes fortement mutilés par la censure furent publiés en 1842 par Glazounov et des éditions complètes de son œuvre parurent en 1860 et 1863. La traduction allemande par Bodenstedt de ses poèmes, (« Michail Lermontovs poetischer Nachlass », Berlin, 1842, 2 volumes), qui fut en fait le premier recueil satisfaisant, donna à Lermontov une large réputation à l’extérieur de la Russie. Son roman, intitulé Un héros de notre temps, connut plusieurs traducteurs (August Boltz, Berlin, 1852, etc). Il y dépeint la tragédie de la jeunesse de son époque, jeunesse aux pensées libérales et instruite, qui était insatisfaite de la persistance sociale, se sentait esseulée et tenait sa vie pour futile. Avec cet ouvrage, il créa des prémisses importantes pour le développement du roman psychologique en Russie, ce qui lui vaut d’être un des fondateurs du réalisme russe.

Dans ses poèmes de jeunesse, il s’inspire encore de Pouchkine, mais son style poétique s’affranchit bientôt, ce qui se voit aussi dans le changement des thèmes, comme dans le poème « La voile ». On y parle d’un bonheur qui ne s’atteint que par le combat. Dans d’autres poèmes, il reflète fortement les pensées et les sentiments des membres de cercles d’étudiants révoltés, notamment l’indignation envers le servage, la haine du despotisme tsariste et l’aspiration passionnée à la liberté. Dans le roman inachevé « Vadim », composé en 1832-34, il prend position avec conviction pour les paysans opprimés et traite de l’insurrection de Pougatchev.

Dans le drame « Mascarade », dont la censure interdit la publication, il attaque la haute noblesse. Parmi ses poèmes les plus connus, on trouve « Le démon » , « Le novice », et, remarquable imitation de la vieille ballade russe, « Le chant du tsar Ivan Vassilievitch, du jeune opritchnik et du vaillant marchand Kalachnikov ».

Voir Taillandier, « Le Poète du Caucase », dans Revue des deux mondes (février 1855), réimprimé dans Allemagne et Russie (Paris, 1856), et Duduichkin, « Materials for the Biography of Lermontov », en préface à l’édition de 1863 de son œuvre.