Michel Combes (militaire)

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Michel Combes, né à Feurs (Loire) en 1787, militaire français.

Il débuta dans l'art militaire à Austerlitz, et assista à la plupart des batailles de l'Empire.

Il était à Ulm, à Iéna, à Eylau, à Friedland, à Bautzen, et au mont Saint-Jean.
En 1831, lorsque la Romagne s'était insurgée contre le Saint-Siège, auquel elle demandait des réformes, impuissant à la réduire par ses propres forces, le pape implora l'appui de l'Autriche, et, à sa demande, six mille Autrichiens furent introduits à Bologne, le 28 janvier 1832.

Pour arrêter les suites de cette espèce d'invasion, le cabinet français résolut d'occuper Ancône. Un vaisseau, le Suffren, et deux frégates, l'Artémise et la Victoire, mirent à la voile, de Toulon, le 7 février 1832, sous les ordres du capitaine de vaisseau Gallois, et avec deux bataillons du 66e régiment, forts de 1 100 hommes, et commandés par le colonel Combes.

La division navale parut le 22 février en vue d'Ancône. La nuit venue, les dispositions sont faites pour le débarquement. Une partie des troupes descend à terre à trois heures du matin, et marche sur la ville dont les portes étaient fermées.[1]

Les Français se précipitent dans la ville, partagés en deux colonnes, l'une dirigée par le colonel Combes, l'autre par un chef de bataillon. Les différents postes occupés par les soldats pontificaux sont désarmés, et à la point du jour toute la ville est au pouvoir des Français.[2]

Plus tard le colonel Combes fut envoyé en Algérie, où il commanda le 47e de ligne. Il prit part à presque toutes les affaires jusqu'à la prise de Constantine.

Le 13 octobre 1837, à 7 heures du matin, l'assaut de la place de Constantine fut ordonné. Dès que la première colonne, sous les ordres du colonel de Lamoricière, a dépassé la brèche, le colonel Combes s'élance pour la soutenir à la tête de la deuxième colonne. Il arrive sur la muraille, au moment même où une explosion terrible éclate et ravage les rangs des assaillants. Il prend aussitôt le commandement que le colonel de La Moricière, blessé et privé de la vue dans l'explosion, cesse d'exercer.[3]

Mortellement atteint coup sur coup en plein dans la poitrine, il refuse de quitter le combat pour aller se faire panser, et continue encore à commander ses soldats. [4]

Le colonel Combes eut encore la force de retourner presque seul au bivouac de son régiment, et quelques minutes après, il était couchée sur son lit funèbre pour ne plus se relever.[5]

La piété des soldats pour leur chef a élevé à Constantine une tombe au colonel Combes. Ce monument, adossé à un marabout, regardait la porte Bad-el-Djédid et la brèche.[6]

La ville de Feurs (Loire) avait décidé que la statue de Combes ornerait la principale place, et l'exécution en a été confiée au ciseau de M. Foyatier ; elle a été inaugurée le 16 octobre 1839.[7] Cette statue est érigée dans sa ville natale ; et sous la base son cœur a été déposé par l'ordre De Louis-Philippe Ier, roi des Français. Une loi du 18 mars 1840 a accordé à sa veuve une pension de 2 000 francs, à titre de récompense nationale.

[modifier] Notes

  1. Une d'elles est enfoncée à coups de hache par les sapeurs du 66e, aidés de quelques matelots.
  2. A midi, le colonel Combes se porte avec un bataillon à la citadelle, et somme le commandant de se rendre. Sur les réponses dilatoires de celui-ci, Combes s'écrie : « Nous ne sommes point ici en ennemis de Sa Sainteté; mais nous ne pouvons permettre que les troupes autrichiennes, qui sont en marche, viennent occuper la citadelle : de gré ou de force, il faut qu'elle soit à nous! "Voyez donc, commandant, si vous voulez prendre sur vous la responsabilité des hostilités qui vont s'engager entre le Saint-Siège et la France. Je vous donne deux heures pour délibérer sur ma demande. J'espère que votre décision nous épargnera la douleur de voir tant de braves gens s'entr'égorger. Dans deux heures donc, la place ou l'assaut! Soldat de la vieille garde, je a n'ai jamais manqué à ma parole ! » Ce langage et l'attitude du colonel Combes en imposèrent à la garnison, et, à trois heures de l'après-midi, il prenait possession de la citadelle.
  3. Reconnaître l'état des choses, disposer ses hommes de manière à assurer la conservation du terrain déjà occupé, prescrire les mesures propres à agrandir le rayon d'occupation, déboucher dans la grande rue du Marché, et enlever une forte barricade, tout cela est pour Combes l'affaire d'un moment.
  4. Après s'être assuré de la réussite complète du mouvement qu'il a ordonné, il se retire lentement du champ de bataille, et seul, calme et froid, comme sous le feu de l'ennemi, il regagne la batterie de brèche et vient rendre compte au général en chef et au duc de Nemours de la situation des affaires dans la ville. Son rapport terminé, il ajoute avec le plus grand sang-froid : « Ceux qui ne sont pas mortellement blessés pourront se réjouir d'un aussi beau succès. Maintenant je vais à l'ambulance, et si ma blessure n'est pas mortelle, je serai heureux de pouvoir verser encore mon sang pour mon pays. »
  5. Dans une visite que lui fit son ami, le général Boyer, Combes lui dit : « Mon cher Boyer, reçois mes adieux; tu diras à Son Altesse Royale que je ne demande rien pour ma femme, rien pour les miens; mais que, dans l'intérêt de mon pays, je lui recommande quelques officiers de mon régiment dont voici les noms... »
  6. L'épitaphe suivante le décorait :
    Le 47e régiment de ligne, A Michel Combes,
    Son colonel,
    Blessé à l'assaut de Constantine,
    Le 13 octobre 1837, et mort le 13 du même mois.
    Regrets éternels.
  7. Voici l'inscription gravée sur le monument, telle qu'elle a été arrêtée par l'Académie des inscriptions et belles-lettres :
    A la mémoire De Michel Combes, colonel du XLVIIe régiment,
    Qui monta sur la brèche de Constantine
    A la tête de la seconde colonne d'assaut,
    Continua de combattre et d'animer ses soldats,
    Quoique blessé mortellement,
    Et mourut après la victoire
    Admiré de toute l'armée.

[modifier] Source

« Michel Combes (militaire) », dans Charles Mullié, Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, 1852 [détail édition](Wikisource)