Gallois

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Pour les articles homonymes, voir Gallois (homonymie).
  Gallois
(Cymraeg)
 
Parlé en Pays de Galles, Argentine, Angleterre, Canada, États-Unis
Région
Nombre de locuteurs plus de 733 000
Typologie Flexionnelle, VSO
Classification par famille

 -  Langues indo-européennes
    -  Langues celtiques
       -  Groupe brittonique
          -  Gallois

(Dérivée de la classification SIL)
Statut officiel et codes de langue
Officielle
en
Pays de Galles
ISO 639-1 cy
ISO 639-2 wel (B) / cym (T)
ISO/DIS
639-3
(en) cym
type : L (langue vivante)
étendue : I (langue individuelle)
SIL CYM
Échantillon

Article premier de la Déclaration des Droits de l'Homme (voir le texte en français)

Erthygl 1

Genir pawb yn rhydd ac yn gydradd â'i gilydd mewn urddas a hawliau. Fe'u cynysgaeddir â rheswm a chydwybod, a dylai pawb ymddwyn y naill at y llall mewn ysbryd cymodlon.

Voir aussi : langue, liste de langues, code couleur

Le gallois est une langue du groupe celtique insulaire de la famille des langues indo-européennes, proche du cornique et du breton, avec lesquels il forme la branche dite brittonique des langues celtiques. Parlé principalement au Pays de Galles, mais aussi en Angleterre et en Argentine, le gallois est la langue celtique qui compte aujourd'hui le plus grand nombre de locuteurs. La langue emploie pour se désigner elle-même le terme de Cymraeg, d'où son ancienne dénomination alternative kymrique ou cymrique en français.

Sommaire

[modifier] Histoire

Icône de détail Article détaillé : Vieux gallois.

[modifier] Classification et variétés

Le gallois forme avec le breton et le cornique la branche brittonique des langues celtiques, qui comprennent aussi les langues gaéliques (irlandais, écossais et mannois) ainsi que les langues celtiques continentales aujourd'hui éteintes. Au sein des langues brittoniques, le breton et le cornique sont plus proches entre eux que chacun ne l'est du gallois. Le groupe comportait jadis un quatrième membre, le cambrien, éteint au Moyen Âge et qui n'est connu que par quelques gloses.

Le gallois comporte diverses variétés, mais ses dialectes sont moins différenciés que ceux du breton. La division la plus importante sépare le gallois du nord de celui du sud, sur la base de quelques faits de prononciation, de différences lexicales et de tournures spécifiques.

Il existe par ailleurs une forte distinction de registre de langue entre le gallois courant (Cymraeg llafar) et le gallois littéraire (Cymraeg llenyddol) - les deux existant conjointement à l'écrit. Par rapport aux états anciens de la langue, ce dernier est beaucoup plus conservateur par sa syntaxe et sa morphologie nettement synthétique, alors que le gallois courant s'est développé dans un sens plus analytique. Le vocabulaire est également différent, le gallois littéraire préservant de nombreux mots sortis de l'usage actuel tandis que le gallois courant comporte de nombreux emprunts à l'anglais (plus ou moins bien acceptés). Aujourd'hui, en dehors de contextes artistiques, le gallois écrit se base pour l'essentiel sur la langue courante.

[modifier] Situation actuelle de la langue

Pourcentage de galloisants par comté au Pays de Galles.
Pourcentage de galloisants par comté au Pays de Galles.

[modifier] Répartition géographique

Le gallois est en usage en Grande-Bretagne, en grande majorité au pays de Galles mais également en Angleterre. Au Pays de Galles, il est pratiqué par environ 611 000 personnes, soit plus de 22% de la population ; dans certaines régions, principalement au Nord et l'Ouest, plus de 60% de la population parle le gallois. Il existe environ 133 000 gallophones en Angleterre.

Il existe également une petite communauté de langue galloise en Argentine, héritage d'un établissement gallois au XIXe siècle dans la vallée du Río Chubut en Patagonie.

[modifier] Statut officiel

Depuis le Deddf Iaith Gymraeg (loi sur la langue galloise) en 1993, la place du gallois s’est accrue dans les institutions : les administrations sont tenues de pouvoir offrir leurs services dans les deux langues.

La signalisation routière bilingue est normalisée au pays de Galles, et le gallois est reconnu en tant que langue régionale selon la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires.

[modifier] Enseignement

Dans l’enseignement, le gallois possède une place remarquable, puisque 20% environ des enfants du Pays de Galles sont scolarisés en gallois langue première et que l’étude en est obligatoire jusqu’à seize ans pour tous les écoliers. Conséquence logique, c’est dans les classes d’âge les plus jeunes que l’on trouve le plus de galloisants.

[modifier] Littérature

Icône de détail Article détaillé : Littérature celtique galloise.

C’est la poésie galloise qui reste au plus près du cœur des gallois et ce depuis le Moyen Âge. Lors de l’Eisteddfod nationale (Eisteddfod Genedlaethol Cymru), grand concours annuel, festival de la langue et vitrine de la culture galloise, c’est au poète gagnant le grand prix que le trône bardique est décerné. Les formes strictes de la poésie galloise exigent une allitération formelle au cœur des vers, principe appelé cynghanedd.

Une des contributions galloises les plus célèbres à la littérature occidentale est le Mabinogion (un mot clairement dérivé du gallois mab, « fils »), une collection de contes relatifs à la mythologie celtique.

[modifier] Médias

Signalisation routière bilingue au Pays de Galles.
Signalisation routière bilingue au Pays de Galles.

Il existe une radio nationale en gallois : Radio Cymru, qui émet en FM et sur Internet. Il y a aussi de nombreuses chaînes régionales.

Il existe aussi une télévision en gallois : Sianel Pedwar Cymru (chaîne quatre Pays de Galles en traduction, S4C de logogramme). Son émission la plus populaire est un feuilleton-fleuve qui dure depuis plus de 20 ans : Pobol y Cwm (Les gens de la vallée).

On peut regretter que l’image du gallois dans les médias soit un peu trop associée à la campagne et au passé alors que désormais, et sans doute de plus en plus, le galloisant est et sera un jeune urbain.

[modifier] Écriture et prononciation

[modifier] Consonnes

Le gallois possède les consonnes suivantes, transcrites dans l'alphabet phonétique international ; les graphèmes correspondants de l'alphabet gallois suivent en gras.

  Labiale Dentale Alvéolaire Post-alvéolaire Palatale Vélaire Glottale
bilabiale labio-dentale labio-vélaire centrale latérale
Occlusive p p b b       t t d d       k c g g  
Nasale mh m m       nh n n       ŋ̊ ngh ŋ ng  
Affriquée             (ʧ) tsi, tsh, ts (ʤ) j      
Fricative   f f, ph v f   θ th ð dd s s ɬ ll ʃ si, sh, s   x ch h h
Roulée         rh r r          
Spirante     w w     l l   j i    
  • Les occlusives et nasales sourdes sont réalisées aspirées, et les occlusives sonores tendent à s'assourdir en fin de mot et après s dans les combinaisons sb et sg.
  • Les nasales sourdes apparaissent surtout comme résultats de la mutation nasale des occlusives sourdes (voir plus bas).
  • Le son [ʃ] apparaît normalement devant voyelle où il s'écrit si : ex. siarad [ʃɑːrad) « parler », siop [ʃɔp] « boutique » ; dans les autres positions, la transcription sh s'utilise pour les emprunts ou les usages dialectaux. En gallois du sud, s est chuinté en [ʃ] au contact de i : par exemple mis « mois » ou sir « comté » s'y prononcent [miːʃ] et [ʃiːr] (contre [miːs] et [siːr] au nord).
  • Les affriquées [ʧ] et [ʤ] se rencontrent dans les mots empruntés à l'anglais ; la transcription n'est pas tout à fait fixée, et certains usages y substituent le son [ʃ]. Dialectalement, ces affriquées existent aussi dans les mots indigènes comme développements des combinaisons [tj] et [dj] (écrites ti et di).
  • Dans les emprunts non assimilés, on peut rencontrer le son [z], auquel est souvent substitué [s].
  • La consonne fricative latérale alvéolaire sourde écrite ll est souvent décrite comme particulièrement typique de la langue galloise ; les anglophones en font souvent une approximation par thl ou fl dans les noms d'origine galloise comme Lloyd (de llwyd « gris, brun »), ainsi qu'en témoigne la variante Floyd.

[modifier] Voyelles

Les voyelles peuvent varier en quantité (longue, mi-longue, brève)[1], en grande partie selon l'environnement phonétique (avec des variations selon les dialectes), mais il existe des oppositions de longueurs dans certaines positions, susceptibles de différencier certains mots (ex. car « voiture » / câr « ami, parent », ton « vague » / tôn « mélodie »). L'orthographe permet généralement de prévoir la quantité vocalique, selon des règles assez complexes prenant en compte l'accentuation, la nature des consonnes suivantes ainsi que la présence possible de diacritiques, dont le plus courant est l'accent circonflexe, employé pour marquer certaines voyelles longues. Le système des monophtongues est le suivant :

Formants des voyelles galloises.
Formants des voyelles galloises.
Monophtongues Antérieure Centrale Postérieure
Fermée iː i ɨː u, y uː w
Pré-fermée ɪ i ɨ u, y ʊ w
Mi-fermée eː e ə(ː) y oː o
Mi-ouverte ɛ e ɔ o
Ouverte a a   ɑː a

Le gallois comporte aussi un grand nombre de diphtongues :

Diphtongues Second élément
Premier élément antérieur central postérieur
fermé   ʊɨ wy ɪu iw ɨu uw, yw
moyen əi ei ɔi oi əɨ eu, ey ɔɨ oe, ou ɛu ew əu yw
ouvert ai ai aɨ au ɑːɨ ae au aw

Le gallois du sud ignore les voyelles [ɨ] et [ɨː], et les réalise comme [ɪ] et [] respectivement. Cela vaut aussi lorsque ces voyelles forment un élément de diphtongue. Il confond également la réalisation des diphtongues ae et au en [ai][2]. D'autres réductions du système vocalique existent dialectalement.

Les mots possèdent un accent tonique qui frappe habituellement l'avant-dernière syllabe des polysyllabes. Toutefois, il existe un certain nombre de mots polysyllabiques accentués sur la dernière syllabe - parmi lesquels le nom même de la langue, Cymraeg. La quantité vocalique est partiellement liée à l'accentuation : toutes les voyelles inaccentuées sont brèves. Le gallois familier a tendance à éliminer les voyelles initiales inaccentuées dans la prononciation (aphérèse)[3] : des mots comme afalau « pommes », esgidiau « chaussures », yfory « demain » se prononcent alors ['vɑːlɛ], ['skɪʤɛ], ['voːrɪ][4]

[modifier] Orthographe

Icône de détail Article détaillé : Alphabet gallois.

Bien que les conventions en soient parfois surprenantes pour un francophone, l'orthographe du gallois indique assez fidèlement la prononciation. Les principales divergences sont les suivantes :

  • le y a deux valeurs possibles, [ɨ] en syllabe finale (« clair ») et [ə] ailleurs (« sombre »)[5]
  • u a aujourd'hui la même valeur que le « y clair ». Il existait cependant une différence en gallois médiéval : u se prononçait alors [ʉ][6], timbre plus proche du u français ou breton (mais articulé plus en arrière).
  • i et w notent à la fois des voyelles et des spirantes, ce qui peut créer des ambiguïtés, en particulier dans le groupe wy. A noter que w vaut souvent [w] dans les combinaisons initiales gwl-, gwn-, gwr- ; des mots comme gwlad « pays », gwneud « faire », gwraig « femme, épouse » sont monosyllabiques : ['gwlɑːd], ['gwnəɨd], ['gwraig].
  • dans les monosyllabes, un r ou un l final après consonne développe une voyelle d'appui dont le timbre fait écho à celui de la dernière voyelle du mot écrit : llyfr « livre » se prononce ['ɬɨvɨr], pobl « gens » se prononce ['pɔbɔl]. En style familier, cette voyelle peut s'écrire dans certains mots : pobl devient ainsi pobol. En revanche, dans les polysyllabes, r ou l dans ces positions tend à tomber : ffenestr « fenêtre » devient ['feːnɛst], perygl « danger » devient ['peːrɨg].[7]
  • le -f final tombe souvent dans la prononciation courante : tref « ville » se prononce alors [treː]. Là aussi, le style familier peut noter ce changement dans l'orthographe et écrire tre.
  • la langue courante tend à réduire les diphtongues en syllabe finale inaccentuée, avec des résultats variables selon le dialecte. En particulier, la terminaison fréquente de pluriel -au devient [a] au Nord, [ɛ] au Sud.
  • quelques mots grammaticaux ont des prononciations irrégulières.

[modifier] Grammaire

[modifier] Morphophonologie

Le gallois est riche en alternances morphophonologiques qui altèrent la substance phonétique des morphèmes dans certains contextes phonétiques ou grammaticaux.

[modifier] Mutations consonantiques

En gallois, la consonne initiale des mots est susceptible de se modifier de diverses façons dans certains contextes : il s'agit d'un phénomène de mutation consonantique (treiglad en gallois). Il existe trois types principaux de mutations :

  • la lénition (treiglad meddal), de loin la plus courante, qui affecte p, t, c, b, d, g, m, ll, rh
  • la nasalisation (treiglad trwynol) qui affecte p, t, c, b, d, g
  • la spirantisation (treiglad llaes) qui affecte p, t, c.


Radicale Lénition Nasalisation Spirantisation
p : pen « tête » b : ei ben « sa tête (à lui) » mh : fy mhen « ma tête » ph : ei phen « sa tête (à elle) »
t : trwyn « nez » d : ei drwyn « son nez (à lui) » nh : fy nhrwyn « mon nez » th : ei thrwyn « son nez (à elle) »
c : ceg « bouche » g : ei geg « sa bouche (à lui) » ngh : fy ngheg « ma bouche » ch : ei cheg « sa bouche (à elle) »
b : bys « doigt » f : ei fys « son doigt (à lui) » m : fy mys « mon doigt » – : ei bys « son doigt (à elle) »
d : dant « dent » dd : ei ddant « sa dent (à lui) » n : fy nant « ma dent » – : ei dant « sa dent (à elle) »
g : glin « genou » ° (zéro) : ei °lin « son genou (à lui) »[8] ng : fy nglin « mon genou » – : ei glin « son genou (à elle) »
m : morddwyd « cuisse » f : ei forddwyd « sa cuisse (à lui) » – : fy morddwyd « ma cuisse » – : ei morddwyd « sa cuisse (à elle) »
ll : llaw « main » l : ei law « sa main (à lui) » – : fy llaw « ma main » – : ei llaw « sa main (à elle) »
rh : rhyw « sexe » r : ei ryw « son sexe (à lui) » – : fy rhyw « mon sexe » – : ei rhyw « son sexe (à elle) »


Un grand nombre de mots grammaticaux déclenchent la lénition du mot qui les suit : de nombreuses prépositions et particules de phrase, les numéraux dau / dwy « deux (masc. / fem. respectivement) », les possessifs dy « ton, ta » et ei « son, sa (à lui) ». Quelques mots déclenchent une « lénition limitée » qui n'affecte pas les consonnes ll et rh : l'article défini y(r) « la » et le numéral un « une » devant un nom féminin singulier, la particule prédicative yn qui s'emploie devant un attribut, les adverbes mor « aussi » et rhy « trop ». La lénition apparaît aussi régulièrement dans certaines positions syntaxiques, affectant notamment l'adjectif épithète au féminin singulier, le nom précédé d'un adjectif (ce qui est rare dans la langue courante), le nom en apostrophe, le mot suivant immédiatement le groupe nominal sujet, le verbe à la forme interrogative, et fréquemment le second élément d'un mot composé.

La nasalisation est beaucoup plus restreinte, et pas toujours réalisée dans la langue courante. Elle se rencontre surtout après le possessif fy « mon, ma », la préposition yn « en, dans » et à l'intérieur des mots après le préfixe négatif an- (ex. posibl « possible » → amhosibl « impossible »)[9].

La spirantisation intervient après certains mots grammaticaux (ei « son (à elle) », a « et », â « avec, que », na « ni, que », gyda « avec », tua « vers », tra « très »), après les numéraux tri « trois (masc.) » et chwe « six ». Elle est en recul dans la langue courante qui, selon les cas, tend à y substituer la lénition ou l'absence de mutation.

La négation des verbes conjugués et les négateurs ni et oni déclenchent la spirantisation de p, t, c et la lénition des autres consonnes mutables, ce qui est parfois appelé mutation mixte. La langue courante tend à généraliser la lénition.

On peut ajouter aux mutations à proprement parler :

  • l'aspiration (anadliad caled) qui consiste à préfixer un h aux mots commençant par une voyelle, essentiellement après certains possessifs (ex. elin « coude » → ei helin « son coude (à elle) »)
  • la provection (treiglad caled), une alternance consonantique interne[10] qui assourdit les consonnes sonores b, d, g en p, t, c (et plus rarement f, dd en ff, th) lors de l'ajout de certains suffixes (ex. teg « beau » → tecach « plus beau », pysgod « poissons » → pysgota « pêcher ») et dans certains mots composés (ex. pobi « cuire » + « maison » → popty « four »).

[modifier] Alternances vocaliques

L' apophonie (gwyriad en gallois, vowel mutation en anglais) consiste en la modification régulière de certaines voyelles en syllabe finale lors de l'ajout d'un suffixe.

En syllabe finale y (clair) : bys « doigt » w : drws « porte » ai : gwaith « travail » au : haul « soleil » aw : brawd « frère » uw : buwch « vache »
Voyelle apophonique y (sombre) : bysedd « doigts » y (sombre) : drysau « portes » ei : gweithio « travailler » eu : heulog « ensoleillé » o : brodyr « frères » u : buchod « vaches »

La métaphonie (affeithiad en gallois, vowel affection en anglais) est une modification de timbre sous l'influence d'une voyelle antérieure dans une syllabe suivante. Elle apparaît en syllabe finale (la voyelle responsable s'est alors amuïe, mais ses effets demeurent) et pénultième (la voyelle responsable demeure alors le plus souvent sous la forme d'un y, i, u). Ses effets varient selon la position et la nature de la voyelle qui l'a provoquée.

Métaphonie Exemples
a → ai, ei, e, y dafad « mouton » → defaid « moutons »
mab « [un] fils » → meibion « [des] fils »
gardd « jardin » → gerddi « jardins »
alarch « cygne » → elyrch « cygnes »
ae → ai, ei, ey, eu draen « épine » → drain « épines »
saer « charpentier »→ seiri « charpentiers »
maes « champ » → meysydd « champs »
daeth « il vint » → deuthum[11] « je vins »
aw → y, ew gadawaf « je laisse(rai) » → gedy[11] « il laisse(ra) »
cawr « géant » → cewri « géants »
e → y, i, ei cyllell « couteau » → cyllyll « couteaux »
carreg « pierre » → cerrig « pierres »
toreth « abondance » → toreithiog « abondant »
o → y ffon « bâton » → ffyn « bâtons »
oe → wy croen « peau » → crwyn « peaux »
w → y asgwrn « [un] os » → esgyrn « [des] os »

Un autre type de métaphonie - historiquement causée par un [a] final aujourd'hui amuï - est responsable des alternances vocaliques observées dans la formation du féminin de certains adjectifs (voir plus bas).

[modifier] Autres alternances mineures

L'orthographe galloise double les consonnes n et r à l'intérieur des mots pour indiquer que la voyelle qui les précède est brève : ex. ton « vague » → tonnau « vagues », byr « court, bref » → byrrach « plus court, plus bref ».

D'autres alternances morphologiques ne touchent qu'un nombre de mots restreint ; ce sont des résidus de phonétique historique qui ne sont pas généralisables en synchronie.

  • nt et nc en finale peuvent devenir nn et ng lors de l'ajout d'un suffixe : ex. dant « dent » → dannedd « dents », crafanc « griffe » → crafangau « griffes »
  • m, n / nn, ng, r / rr peuvent alterner avec mh, nh, ngh, rh : tymor « saison » → tymhorau « saisons », brenin « roi » → brenhinoedd « rois », annedd « demeure » → anheddau « demeures », cynghanedd « harmonie »[12]cynganeddion « harmonies », aros « attendre » → arhoswch! « attendez ! », cyrraedd « atteindre » → cyrhaeddais « j'atteignis »
  • un h interne peut apparaître ou disparaître lors de l'ajout d'un suffixe : eang « vaste » → ehangach « plus vaste ».

Enfin, la forme de certains mots grammaticaux varie selon leur environnement. Par exemple :

  • la préposition yn « en, dans » devient ym devant mh, m et yng devant ngh, ng : yn Lloegr « en Angleterre » ~ ym Mhrydain « en [Grande-]Bretagne » ~ yng Nghymru « au Pays de Galles »
  • a « et », na « ni », â et gyda « avec », tua « vers » deviennent ac, nac, ag, gydag, tuag devant voyelle : caws a bara « du fromage et du pain » ~ caws ac afalau « du fromage et des pommes », gyda Mair « avec Marie » ~ gydag Elinor « avec Elinor ».

[modifier] Groupe nominal

[modifier] Nom

Le nom gallois est caractérisé par son genre et varie en nombre. Il existe deux genres : masculin et féminin. Comme en français, leur répartition est largement arbitraire et imprévisible, bien que les êtres sexués aient généralement le genre attendu et que certaines terminaisons impliquent un genre précis. Il existe un nombre non négligeable de noms de genre incertain, ou variable selon les dialectes.

L'expression du nombre est complexe, et en dépit de certaines régularités, peut assez rarement se déduire de la forme du nom : elle doit être apprise au cas par cas. La majorité des noms opposent un singulier à un pluriel qui en dérive par diverses modifications :

  • ajout d'un suffixe : les plus courants sont -(i)au, -(i)on, -i, il existe aussi -ydd, -edd, -oedd, -iaid, -ed, -od, -aint et -ys (mots anglais empruntés avec leur pluriel)
  • modification interne des voyelles (souvent par métaphonie) : car « voiture » → ceir « voitures », bachgen « garçon » → bechgyn « garçons », corn « corne » → cyrn « cornes », troed « pied » → traed « pieds », « maison » → tai « maisons »
  • suffixation combinée à une modification vocalique (souvent par apophonie ou métaphonie) : drws « porte » → drysau « portes », anifail « animal » → anifeiliaid « animaux », gardd « jardins » → gerddi « jardins », lleidr « voleur » → lladron « voleurs », chwaer « sœur » → chwiorydd « sœurs »
  • certains noms empruntent leur pluriel à un dérivé : golau « lumière » → goleuadau « lumières » (cf. goleuad « lumière, luminaire »), noson « soirée » → nosweithiau « soirs, soirées » (cf. noswaith « soir »)
  • d'autres pluriels enfin n'entrent dans aucun des types précédents : ci « chien » → cŵn « chiens », brawd « frère » → brodyr « frères », gŵr « homme, mari » → gwŷr « hommes, maris ».

Une minorité substantielle de noms opposent plutôt un collectif à un singulatif : la forme de base désigne une masse, un groupe, et la désignation de l'unité en dérive. Cela concerne en particulier bon nombre de plantes et d'animaux. Les noms d'unité ou singulatifs se forment par suffixation, parfois avec une modification vocalique accessoire :

  • au masculin, le suffixe est -yn : plant « des enfants » → plentyn « un enfant », pysgod « des poissons » → pysgodyn « un poisson »
  • au féminin, le suffixe est -en : dail « des feuilles » → deilen « une feuille », sêr « des étoiles » → seren « une étoile ».

Quelques noms ont un système mixte : blodyn « fleur » ~ blodau « fleurs » ou cwningen « lapin » ~ cwningod « lapins » avec un singulatif opposé à un pluriel ; hwyad « canard » ~ hwyaid « des canards » ~ hwyaden « un canard » avec coexistence des deux systèmes. Par ailleurs, il n'est pas rare que des mots aient plusieurs pluriels (ex. alarch « cygne » → pl. elyrch ou alarchod), parfois avec une différence de sens (ex. pryd a pour pluriel prydau au sens de « repas » et prydiau au sens de « moments ») ; les dialectes peuvent différer à cet égard.

Il existe historiquement une série limitée de duels formés par composition avec le numéral « deux », surtout pour des parties du corps allant par paires : deulin « deux genoux » (glin « genou »), dwyglust « paire d'oreilles » (clust « oreille »), deufis « série de deux mois » (mis « mois »). L'usage courant n'en conserve guère que dwylo employé comme pluriel de llaw « main ».

[modifier] Adjectif

L'adjectif gallois varie en nombre suivant l'opposition singulier / pluriel. Le pluriel se forme à partir du singulier par métaphonie (ifanc «jeune » → ifainc « jeunes ») ou plus souvent par ajout de la terminaison -(i)on (du « noir » → duon « noirs », cryf « fort » → cryfion « forts »). L'usage du pluriel n'est pas constant : il est régulier dans le cas des adjectifs substantivés (y tlawd « le pauvre » → y tlodion « les pauvres »), mais dans les autres cas le pluriel est rare dans la langue courante et se rencontre surtout dans des expressions figées.[13]

Un certain nombre d'adjectifs varient aussi en genre au singulier : typiquement un masculin comportant un w ou y en syllabe finale s'oppose à un féminin ou la voyelle est e ou o respectivement. Exemples :

  • byr « court, bref » ~ ber « courte, brève », cryf « fort » ~ cref « forte », gwyn « blanc » ~ gwen « blanche »
  • crwn « rond » ~ cron « ronde », tlws « joli » ~ tlos « jolie », trwm « lourd » ~ trom « lourde ».

Quelques-uns suivent d'autres modèles : bychan « petit » ~ bechan « petite », brith « tacheté » ~ braith « tachetée ». Dans la langue courante, l'usage du féminin se réduit à quelques adjectifs de haute fréquence, et plutôt dans leur usage comme épithètes que comme attributs.[14]

La gradation de l'adjectif comporte trois degrés principaux : équatif, comparatif et superlatif (de supériorité dans les deux cas), formés par suffixation ou par périphrase : les adjectifs brefs (une ou deux syllabes) emploient plutôt la suffixation, les adjectifs de plus de deux syllabes ou dérivés d'un nom plutôt la périphrases. À l'équatif, la forme suffixée se rencontre surtout à l'écrit. Quelques adjectifs ont des formes irrégulières.

Type Positif Équatif Comparatif Superlatif
Suffixé cryf « fort » cyn gryfed â « aussi fort que » cryfach na « plus fort que » cryfaf o « le plus fort de »
Périphrastique costus « coûteux » mor gostus â « aussi coûteux que » mwy costus na « plus coûteux que » mwyaf costus o « le plus coûteux de »
Irrégulier da « bon » cystal â « aussi bon que » gwell na « meilleur que » gorau o « le meilleur des »

Les suffixes de gradation déclenchent la provection d'un b, d, g en p, t, c : gwlyb « humide » → gwlyped « aussi humide », tlawd « pauvre » → tlotach « plus pauvre », teg « beau » → tecaf « le plus beau ».

Il existe aussi un comparatif et un superlatif d'infériorité, uniquement par périphrases : llai cryf na « moins fort que », lleiaf cryf o « le plus fort de ».

Les adjectifs forment régulièrement des adverbes dérivés au moyens de la particule yn (suivie d'une lénition limitée[15]) : araf « lent » → yn araf « lentement », cyflym « rapide » → yn gyflym « rapidement », da « bon » → yn dda « bien ».

[modifier] Article et démonstratifs

Emploi de deux formes différentes d'article (y et yr) sur un panneau bilingue à Caernarfon.
Emploi de deux formes différentes d'article (y et yr) sur un panneau bilingue à Caernarfon.

Le gallois possède un article défini placé devant le nom, dont la forme varie selon l'environnement phonétique :

  • la forme pleine yr s'emploie devant les voyelles ou les consonnes i ou h : yr adar « les oiseaux », yr iâr « la poule », yr hwyad « le canard »
  • la forme abrégée y s'emploie devant les autres consonnes : y tad « le père », y mab « le fils », y ferch « la fille »
  • lorsque le mot précédent se termine en voyelle, l'article devient 'r dans tous les cas : i'r adar « aux oiseaux », i'r tad « au père », i'r ferch « à la fille ».

Il est invariable en lui-même, mais déclenche une lénition limitée[15] du nom qui le suit lorsque celui-ci est au féminin singulier : y mab « le fils » ~ y meibion « les fils » (mab est masculin) / y ferch « la fille » ~ y merched « les filles » (merch est féminin).

L'article sert aussi de base à la formation de l'adjectif démonstratif, de structure discontinue : le nom caractérisé est précédé de l'article et suivi d'une forme réduite des adverbes démonstratifs yma « ici » et yna « là » : y llyfr 'ma « ce livre-ci » ~ y llyfr 'na « ce livre-là ». D'autres adverbes démonstratifs sont acw « là-bas [plus loin que yna] » et yno « là [non visible] ». L'oral emploie aussi fan 'ma / fan hyn, fan 'na, fan 'cw, fan 'no comme variantes de yma, yna, acw, yno. Il existe aussi des présentatifs correspondants (« voici, voilà ») : dyma, dyna, dacw.

Dans un style plus littéraire, on remplace l'adverbe par un pronom démonstratif variable en genre et en nombre (hwn « celui-ci », hwnnw « celui-là », hon « celle-ci », honno « celle-là », hyn « ceux-ci », hynny « ceux-là ») : y llyfr hwn « ce livre-ci », y dudalen hon « cette page-ci », yr erthyglau hynny « ces articles-là ». Il existe

Le gallois ne possède ni d'article indéfini ni d'article partitif : cath « un chat », bara « du pain ».

[modifier] Expansion du nom

En gallois, l'expansion du nom se place habituellement après celui-ci, qu'il s'agisse d'une épithète ou d'un complément du nom.

La plupart des adjectifs épithètes suivent le nom décrit ; lorsque celui-ci est un féminin singulier, il déclenche la lénition de l'initiale de l'adjectif. L'accord en genre et en nombre peut s'observer mais de façon très inconstante ; en pratique, la langue courante tend nettement vers l'invariabilité de l'adjectif épithète. Exemples : ceffyl gwyn mawr « un grand cheval blanc » ~ ceffylau gwyn mawr « de grands chevaux blancs » (masculin) / caseg wen fawr « une grande jument blanche » ~ cesig gwyn mawr « de grandes juments blanches » (féminin). De rares adjectifs précèdent leur nom[16] et provoquent alors sa lénition : hen geffyl « un vieux cheval ». Comme en français, il existe parfois une différence de sens selon que l'adjectif est placé avant ou après le nom : unig blentyn « un enfant unique » / plentyn unig « un enfant seul ».

Exemple de locution avec nom en épithète : Services clients.
Exemple de locution avec nom en épithète : Services clients.

Le gallois emploie volontiers un nom ou un verbe comme épithète, auquel cas il subit les même mutations qu'un adjectif. Ce procédé sert notamment à créer de nombreuses locutions lexicales. Exemples : safle bws « arrêt de bus » (safle « position, station, poste » + bws « bus »), peiriant golchi llestri « lave-vaisselle » (peiriant « machine » + golchi « laver » + llestri [pl.] « plats, vaisselle »), cyllell boced « canif » (cyllell « couteau » + poced « poche »), ystafell gysgu « dortoir » (ystafell « salle, chambre » + cysgu « dormir »).

Le complément du nom se forme par juxtaposition en une structure caractéristique : nom déterminé + article + nom déterminant ; les deux noms sont nécessairement définis (malgré l'absence d'article pour le déterminé). Exemples : drws y tŷ « la porte de la maison », canol y dref « le centre de la ville », manylion y stori « les détails de l'histoire ». L'article peut être remplacé par un possessif : ci fy nghymdogion « le chien de mes voisins ».

Dan un sens partitif, le complément du nom est introduit par la préposition o et l'article s'emploie librement : potel o laeth « une bouteille de lait », y darn o bapur « le morceau de papier », hanner o'r disgyblion « une moitié des élèves ».

[modifier] Numération

Le gallois possède deux systèmes de numération : un système traditionnel complexe, partiellement vigésimal, et un système décimal plus simple, préféré notamment dans l'enseignement et pour les grands nombres.

Il existe deux constructions pour le nom qui suit : soit il est directement juxtaposé et reste au singulier (tri dyn « trois hommes »), soit il est introduit par la préposition o et se met au pluriel (pymtheg o ddynion « quinze hommes »). Le second système est plus courant pour les grands nombres, sans que la limite entre les deux soit vraiment tranchée[réf. souhaitée].

De deux à quatre (et leurs composés) les nombres s'accordent en genre avec le nom qui les suit[17] : un « un, une » ne varie pas en lui-même mais déclenche au féminin une lénition limitée[15], tandis que de deux à quatre, les formes de sont distinctes pour le masculin (dau, tri, pedwar) et le féminin (dwy, tair, pedair).

Quelques nombres déclenchent des mutations : lénition restreinte après un féminin « une », lénition systématique après dau / dwy « deux (m. / f.) », spirantisation après tri « trois (m.) » et chwech « six ». Il existe des traces de nasalisation dans des expressions figées, notamment avec le mot blynedd qui sert à compter les ans : saith mlynedd « sept ans ». Enfin, la forme de certains varie selon le contexte : pump « cinq », chwech « six », cant « cent » deviennent pum, chwe, can devant un nom, et deg « dix » (seul ou dans ses dérivés) devient deng devant m : pum car, chwe awr, deng munud, can punt « cinq voitures, six heures, dix minutes, cent livres (sterling) ».

[modifier] Expression de la personne

Le gallois possède des pronoms personnels indépendants, des possessifs et des pronoms enclitiques objets. Les pronoms indépendants se répartissent en trois séries : simples (formes de base), redoublés (formes d'insistance, plutôt formelles et rares, surtout au pluriel) et conjonctifs (emphatiques, avec l'idée d'ajout ou de contraste : a finnau « moi aussi »). Leur forme peut varier selon l'environnement phonétique ou le registre (la langue littéraire emploie des formes archaïques disparues de l'usage courant), mais ne dépend pas de leur fonction syntaxique.

Les possessifs, toujours inaccentués, sont placés devant le nom qu'ils déterminent, sur lequel ils déclenchent diverses mutations ; ils ont une forme préfixée courante (eich llyfr « votre livre »), et une forme infixée utilisable après voyelle (o'ch llyfr « de votre livre »)[18]. Historiquement, il existait en parallèle des adjectifs possessifs placés après le nom (y llyfr mau « le mien livre »), obsolètes dans la langue moderne. Les possessifs sont souvent renforcés par le pronom indépendant correspondant placé après le nom (eich llyfr chi « votre livre »), la langue familière peut même s'en contenter et omettre le possessif ; cette tournure n'est pas nécessairement emphatique, mais peut le devenir en déplaçant l'accent tonique sur le pronom indépendant. À noter que de nombreux possessifs ne se prononcent pas comme ils s'écrivent : fy ~ ein ~ eich ~ ei ~ eu sont couramment réalisés [ən] ou [ə] ou rien ~ [ən] ~ [əx] ~ [i] ~ [i] [réf. souhaitée].[19]

Les enclitiques objets se placent exclusivement après certaines conjonctions et particules verbales (sous forme syllabique après consonne, non syllabique après voyelle), où ils marquent l'objet d'un verbe conjugué. Ils ne se rencontrent plus aujourd'hui que dans la langue littéraire dans un registre formel ; les autres registres les remplacent par les pronoms indépendants.

Pronom personnel indépendant Possessif Enclitique objet
simple redoublé conjonctif préfixé infixé syllabique non syllabique
1e sg. mi / fi / i myfi / fyfi, y fi minnau / finnau / innau fy +N / f' 'm +H (L) ym +H (L) 'm +H (L)
2e sg. ti / di, chdi (N) tydi / dydi, y chdi (N) tithau / dithau dy +L / d' 'th +L (L) yth +L (L) 'th +L (L)
3e sg. masc. ef (L), o / fo (N), e / fe (S) efo (N), efe (S), y fo (N), y fe (S) yntau, fintau ei +L 'i +L / 'w +L ei +A / ys +A (L) 'i +A / -s +A (L)
fém. hi hyhi, y hi hithau ei +S / A 'i +S / A /
'w +S / A
1e pl. ni nyni, y ni ninnau ein +A 'n +A yn +A (L) 'n +A (L)
2e pl. chwi (L), chi chwychwi (L), chychi, y chi chwithau (L), chithau eich 'ch ych (L) 'ch (L)
3e pl. hwy (L), hwynt (L), nhw hwynthwy[20] (L), nhynhw, y nhw hwythau (L), hwyntau (L), nhwthau eu +A 'u +A /
'w +A
eu +A / ys +A (L) 'u +A / -s +A (L)

Abréviations : (L) forme littéraire ; (N) forme du Nord ; (S) forme du Sud ; +L lénition ; +N nasalisation ; +S spirantisation ; +A aspiration

Le gallois pratique le vouvoiement de la même façon que le français : à la 2e personne, le singulier ne sert que pour les relations informelles ou intimes, et le pluriel s'emploie comme forme de politesse du singulier en plus de son usage comme pluriel.

Les pronoms réfléchis s'obtiennent par périphrase avec hun au Nord, hunan (sg.) / hunain (pl.) au Sud : eich hun « vous même(s) » (N.) / eich hunan « vous même » ~ eich hunain « vous mêmes » (S.), etc.

Comme chez les autres langues celtiques insulaires, les prépositions galloises les plus courantes possèdent une flexion selon la personne : on parle de « prépositions conjuguées ». Dans la langue littéraire, les prépositions conjuguées sont autonomes et il existe plusieurs modèles de flexion ; dans la langue courante, elles apparaissent normalement suivies d'un pronom personnel de renforcement et la flexion est régularisée.

1er groupe
ar « sur »
2e groupe
yn « en, dans »
3e groupe
gan « avec, par »
irrégulier
i « à, pour »
littéraire courant littéraire courant littéraire courant littéraire courant
1e sg. arnaf arna i ynof yndda i gennyf gen i, gyn i i mi i mi, i fi
2e sg. arnat arnat ti ynot ynddat ti gennyt gen ti, gyn ti i ti i ti
3e sg. masc. arno arno fo / fe ynddo ynddo fo / fe ganddo gynno fo / fe iddo iddo fo / fe
fém. arni arni hi ynddi ynddi hi ganddi gynno hi iddi iddi hi
1e pl. arnom arnon ni ynom ynddon ni gennym gynnon ni i ni i ni
2e pl. arnoch arnoch chi ynoch ynddoch chi gennych gynnoch chi i chwi i chi
3e pl. arnynt arnyn nhw ynddynt ynddyn nhw ganddynt gynnyn nhw iddynt iddyn nhw

[modifier] Système verbal

[modifier] Vue générale

Le gallois possède un système verbal mixte, comportant à la fois des formes synthétiques, exprimées directement par la flexion verbale, et des formes analytiques qui recourent à un verbe auxiliaire. Le verbe se conjugue en fonction du sujet grammatical, mais il n'y a accord que lorsque le sujet est un pronom personnel, dans les autres cas c'est la forme de 3e personne du singulier qui s'emploie par défaut. Comparer :

  • Mae hi'n agor y drws « elle ouvre la porte » ~ Maen nhw'n agor y drws « ils ouvrent la porte » ~ Mae 'r lladron yn agor y drws « les voleurs ouvrent la porte »
  • Gwelodd hi'r gath « elle vit le chat » ~ Gwelais i'r gath « je vis le chat » ~ Fi a welodd y gath « c'est moi qui vis le chat ».

Comme dans les autres langues celtiques, il existe en plus des trois personnes habituelles une forme « impersonnelle » qui indique que le procès a lieu sans indiquer de sujet : ex. siaredir « on parlera, ça parlera » (siarad « parler »).

Une forme non conjuguée appelée nom verbal (berfenw) joue un rôle fonctionnel important, car elle sert de base aux formes analytiques de la conjugaison. Elle permet par ailleurs d'employer n'importe quel verbe sous forme de nom ; dans cette fonction, elle correspond quelque peu à l'infinitif du français. Sa syntaxe reste cependant fondamentalement nominale ; en particulier, l'objet d'un nom verbal s'exprime par des pronoms possessifs : Dw i'n eich gweld « je vous vois «, littéralement « je suis dans votre voir », tandis que l'objet d'un verbe conjugué est plus « classiquement » exprimé par un pronom indépendant en fonction d'objet : Gwelais i chi « je vous vis ».[21]

C'est au niveau du système verbal que le gallois courant et le gallois littéraire divergent le plus nettement. Le gallois littéraire a conservé un système proche de celui du moyen-gallois, tandis que le gallois courant y a apporté d'importants changements :

  • la morphologie s'est quelque peu simplifiée ; en parallèle les formes analytiques ont pris plus d'importance
  • la valeur de certains temps s'est modifiée, d'autres ont disparu
  • l'expression des pronoms personnels est devenue obligatoire dans la plupart des cas, alors qu'elle est facultative et a valeur d'insistance en gallois littéraire (qui est donc une langue pro-drop, contrairement à la langue courante)
  • la forme impersonnelle tend à sortir de l'usage parlé. Elle reste cependant en usage à l'écrit.

La conjugaison synthétique comporte trois modes : indicatif, subjonctif et impératif. L'indicatif comporte quatre temps :

  • un présent d'habitude-futur. En gallois courant, c'est devenu un simple futur, la valeur de présent d'habitude n'est conservée que pour quelques verbes modaux.
  • un imparfait-conditionnel. En gallois courant, sa valeur est celle d'un simple conditionnel
  • un prétérit
  • un plus-que-parfait, disparu en gallois courant.

Le subjonctif comporte seulement un présent-futur et un imparfait. Son emploi est vivant dans le gallois littéraire, où il exprime le souhait, l'exhortation, l'incertitude ou l'indéfinition, le but, la concession. En gallois courant, il ne survit que dans des expressions figées (par exemple la formule de congé da bo chi « Portez-vous bien »).

L'impératif ne comporte pas de distinction temporelle. En gallois littéraire, il s'emploie à l'affirmatif, pour ordonner, comme au négatif, pour interdire ; en revanche, le gallois courant a développé une périphrase spécifique pour l'interdiction, composée de l'impératif du verbe peidio « cesser » + â (souvent élidé) + nom verbal. « Ne chantez pas ! » donne ainsi Na chenwch! en gallois littéraire mais peidiwch â chanu! ou peidiwch canu ! en gallois courant.

Le verbe bod « être », principal auxiliaire et très irrégulier, se singularise par l'existence de distinctions supplémentaires de temps : dans tous les registres, il sépare présent et futur, imparfait et conditionnel.

La conjugaison analytique se forme avec bod conjugué au temps voulu + particule + nom verbal. Le choix de la particule est fonction de l'aspect à exprimer :

  • yn indique l'aspect progressif (processus en cours). En gallois courant, cette forme a pris beaucoup d'importance car c'est elle qui permet d'exprimer le présent. Exemples : Mae hi'n canu « elle chante, elle est en train de chanter », Roedd hi'n canu « elle chantait, elle était en train de chanter »
  • wedi indique l'aspect accompli (processus achevé) : Mae hi wedi canu « elle a chanté », Roedd hi'n wedi canu « elle avait chanté ».
  • heb (+ lénition) indique l'aspect accompli à la forme négative ; c'est une formulation alternative à la négation habituelle : Mae hi heb ganu « elle n'a pas chanté », Roedd hi hab ganu « elle n'avait pas chanté »
  • newydd (+ lénition) indique le passé immédiat : Mae hi newydd ganu « elle vient de chanter », Roedd hi newydd ganu « elle venait de chanter »
  • ar (+ lénition) indique le futur immédiat : Mae hi ar ganu « elle est sur le point de chanter, elle va chanter ».

Les mêmes constructions peuvent compléter un nom : ex. bachgen yn cysgu « un garçon endormi », ffenestr wedi torri « une fenêtre cassée ». Elles tiennent le même rôle que les participes d'autres langues comme le français, mais dont le gallois ne dispose pas réellement : bien qu'il possède des adjectif verbaux de qualité en -edig (ysgrifennu « écrire » → ysgrifenedig « écrit », caru « aimer » → caredig « aimable, gentil »...) et de possibilité en -adwy (darllen « lire » → darllenadwy « lisible », bwyta « manger » → bwytadwy « mangeable »...), ils ont un rôle purement adjectival et ne sont pas formellement intégrés au système verbal.

Il existe un deuxième type de conjugaison analytique, qui sert d'alternative à la conjugaison synthétique. Elle emploie comme auxiliaire gwneud « faire » complété d'un nom verbal avec lénition : ex. neith hi ganu yfory « elle chantera demain » (à comparer à la forme synthétique Canith hi yfory).

Enfin, en alternative au prétérit synthétique, le gallois du nord emploie ddaru[22] + pronom sujet + nom verbal (avec lénition) : ddaru hi ganu « elle chanta ».

[modifier] Formes de la conjugaison

[modifier] L'auxiliaire bod « être »

[modifier] Syntaxe de phrase

[modifier] Structure de la phrase simple

[modifier] Subordination

[modifier] Focalisation

[modifier] Passivisation

[modifier] Modalisation

[modifier] Vocabulaire

[modifier] Formation du lexique

[modifier] Variations dialectales

[modifier] Influence de l'anglais

[modifier] Exemples

Mot Traduction Prononciation standard dans l'API
terre daear ['daiar] (S) / ['daɨar] (N)
ciel awyr ['ɑːwɪr] (S) / ['awɨr] (N)
eau dŵr ['duːr]
feu tân ['tɑːn]
homme dyn, gŵr ['diːn] (S) / ['dɨːn] (N), ['guːr]
femme menyw, gwraig ['meːnɪu] (S) / ['mɛnɨu] (N), ['gwraig]
manger bwyta ['bʊita] (S) / ['bʊɨta] (N)
boire yfed ['əvɛd]
grand mawr ['maur]
petit bach, bychan ['bɑːx], ['bəxan]
nuit nos ['noːs]
jour dydd ['diːð] (S) / ['dɨːð] (N)
  • Bore da → Bonjour (le matin)
  • Da bo chi (dans le nord), Hwyl (dans le sud) → Au revoir
  • Os gwelwch yn dda → S’il vous plaît
  • Diolch → Merci
  • Iechyd da! → À vôtre santé !
  • Siwmae? → Ça va ?
  • Da iawn, diolch. → Très bien, merci.
  • Cymru → Pays de Galles

[modifier] Annexes

[modifier] Notes et références

  1. Morris-Jones 1955, p. 65
  2. Le gallois du nord ne différencie ces diphtongues qu'en syllabe finale.
  3. Ball & Fife 2002, p. 302
  4. Prononciation du sud ; le nord aurait plutôt ['vala], ['skɪʤa], ['vɔrɨ].
  5. Quelques monosyllabes grammaticaux font exception et ont un y sombre : y(r) « le, la, les », dy « ton, ta », yn « en, dans ».
  6. Ball & Fife 2002, p. 295 & 297-8
  7. Morris-Jones 1955, p. 17-18
  8. Le signe ° n'est employé ici qu'à titre pédagogique, aucun signe particulier ne marque la disparition d'un g par lénition dans l'orthographe du gallois.
  9. Cependant la lénition est employée dans ce cas pour b et g : bodlon « bien disposé » → anfodlon « mal disposé ».
  10. En gallois ; mais en breton et en cornique, la provection apparaît à l'initiale et fait partie du système des mutations consonantiques.
  11. ab Forme propre au registre littéraire.
  12. Le mot désigne en particulier un type de versification galloise basé sur un jeu complexe d'allitérations et d'assonances.
  13. King 1993, p. 73-4
  14. King 1993, p. 72-3
  15. abc A savoir que cette lénition ne s'applique pas lorsque le nom commence par ll ou rh.
  16. Dans la langue courante ; la langue littéraire se sert plus largement de l'antéposition du nom à des fins stylistiques.
  17. La règle est moins strictement observée dans le système décimal que dans le système traditionnel.
  18. Les possessifs infixés de 1e et de 2e personne du singulier sont surtout littéraires, la langue courante les remplace par les possessifs préfixés.
  19. Les possessifs de 3e personne sont ainsi tous homophones et ne se distinguent que par les mutations qu'ils déclenchent et les éventuels pronoms de renforcement.
  20. Le t et le h se prononcent séparément et non comme le digramme th, ce que l'écriture marque parfois en séparant les lettres d'un tiret : hwynt-hwy.
  21. La langue littéraire formelle peut employer dans ce cas un pronom enclitique objet.
  22. Forme figée du verbe daru « se produire ».

[modifier] Bibliographie

  • (en) Martin J. Ball (éd.), James Fife (éd.), The Celtic Languages, Routledge, coll. « Routledge Language Family Descriptions », London, New York, 2002 (réimpr. 2005), broché, XI-682 p. (ISBN 0-415-28080-X), chap. 7 & 12 (« Welsh & The sociolinguistics of Welsh »), p. 289-348 & 536-605
    Ouvrage de synthèse sur les langues celtiques dans leur ensemble.
  • (en) Gareth King, Modern Welsh : a comprehensive grammar, Routledge, coll. « Routledge grammars », London, 1993 (réimpr. 1996), broché, VIII-340 p. (ISBN 0-415-09269-8)
    Grammaire d'usage du gallois courant contemporain.
  • (en) David A. Thorne, A comprehensive Welsh grammar = Gramadeg Cymraeg cynhwysfawr, Blackwell, coll. « Blackwell reference grammars », Oxford, 1993, relié, X-491 p. (ISBN 0-631-16407-3)
    Grammaire détaillée basée sur la langue littéraire, avec des aperçus sur la langue courante.
  • (en) Stephen J. Williams, A Welsh grammar, University of Wales press, Cardiff, 1991, broché, XI-184 p. (ISBN 0-7083-0737-X)
    Grammaire d'usage de la langue littéraire.
  • (en) Kenneth H. Jackson, Language and history in early Britain : a chronological survey of the Brittonic languages 1st to 12th c. A. D, Four courts press, Dublin, 2000, XXVI-752 p. (ISBN 1-85182-140-6)
    Histoire des langues brittoniques et phonétique historique du vieux et du moyen gallois.
  • (en) John Morris-Jones, A Welsh grammar, historical and comparative. Phonology and accidence, Clarendon press, Oxford, 1955, XXVIII-478 p.
    Grammaire historique du gallois (phonologie et morphologie).
  • (fr) Alain Rouveret, Syntaxe du gallois : principes généraux et typologie, CNRS éditions, coll. « Sciences du langage », Paris, 1994, broché, 460 p. (ISBN 2-271-05216-5)
    Approche typologique du gallois parmi les langues SVO.

[modifier] Articles connexes

wikt:cy:Main Page

Consulter le Wiktionnaire en gallois.

[modifier] Liens externes

commons:Accueil

Wikimedia Commons propose des documents multimédia libres sur le gallois.