Maurice Denis

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Maurice Denis, né le 25 novembre 1870 à Granville (Manche), mort à Paris le 13 novembre 1943, est un peintre, décorateur, graveur, théoricien et historien de l’art français.

Sommaire

[modifier] Biographie

Après des études au lycée Condorcet où il rencontre Edouard Vuillard et Ker Xavier Roussel, Denis se forme au Louvre où Fra Angelico détermine sa vocation de peintre chrétien, marquée ensuite par la découverte de Pierre Puvis de Chavannes. Il étudie simultanément à l’École des beaux-arts et à l’Académie Julian en 1888 mais il quitte rapidement la première, la jugeant trop académique. Il rencontre cette même année Paul Sérusier qui lui offre un tableau, le Talisman. Il fonde avec ce dernier l’école des Nabis et en devient le théoricien[1]. Plus ou moins détachés du christianisme, les Nabis cherchent des voies spirituelles au contact de philosophies et de doctrines nouvelles teintées d’Orient, d’Orphisme et d’Ésotérisme. En 1892, au Salon des Indépendants, à vingt-deux ans il présente un tableau énigmatique « Mystère (Matin) de Pâques » signé en bas à droite du monogramme « Maud » qui ajoute encore au mystère de l’œuvre.

En 1889, il découvre lors de l’exposition universelle la peinture de Paul Gauguin dont l’influence sera déterminante dans la suite de son œuvre. Il acquiert d’ailleurs l’une de ses peintures en 1903, L’autoportrait au Christ jaune, actuellement au musée d’Orsay. Il rencontre Marthe Meurier en 1890 qu’il prend comme modèle dans de nombreux tableaux et qu’il épouse un an plus tard.

À partir de 1890, il revient à un art plus décoratif, peignant de grands panneaux pour les habitations de plusieurs mécènes. Il achève ainsi en 1897 La Chasse de Saint-Hubert sur sept panneaux. Mais dès 1892 Maurice Denis délaisse une iconographie traditionnelle pour des symboles plus personnels. Il use d’une thématique inspirée par la poésie symboliste et la poésie épique du Moyen-Age. Il introduit l’image de la femme dans des jardins paradisiaques dans lesquels les nuances et la pâleur des tons viennent révéler l’atmosphère rêveuse des lieux. Il découvre l’Italie sa seconde patrie en compagnie de sa femme et de son ami, le musicien Ernest Chausson, chez qui il loge à Fiesole. Il y peint une série de paysages et y fera dix voyages. Son style évolue progressivement, le peintre introduisant un certain modelé ainsi qu’une perspective du décor, retrouvant ainsi une tradition classique, dont témoigne, par exemple, Figures dans un paysage de printemps (1897). À partir de 1898, il aborde le thème des baigneuses au cours de plusieurs séjours à Perros-Guirec en Bretagne où il achète la villa Silencio. En 1906 il voyage avec Ker Xavier Roussel en Provence et sur la côte où la lumière des bords de mers lui permet d’exalter les couleurs et de souligner la violence qui émane souvent de ces légendes.[2].

Il réside une grande partie de sa vie à Saint-Germain-en-Laye, utilisant les locaux d’un vieil hôpital et appartenant à la paroisse. Il y construit un atelier en 1912 et devient propriétaire des lieux à partir de 1914 qu’il renomme Prieuré. Son succès est alors international, il est au sommet de son ascension social. La guerre et la mort de sa femme Marthe le 22 août 1919, après de nombreuses années de maladie, renforce son action pour un art Chrétien. Il se consacre alors à la décoration de la chapelle de son prieuré par des fresques murales, la conception des vitraux, du mobilier, le tout sur le thème de Sainte Marthe. Bien qu’inachevée, elle est inaugurée le 25 mars 1922. Elle sera utilisée à plusieurs reprises dans un but religieux puisque le peintre y mariera plusieurs de ses enfants. Il épouse cette même année Elisabeth Graterolle. Il enseigne à l’académie Ranson de 1908 à 1921. Il fonde en 1919 les Ateliers d’Arts Sacrés avec Georges Desvallières, formant toute une génération de jeunes peintres. Sa reconnaissance officielle atteint son apogée après la fin de la première guerre mondiale et plusieurs expositions rétrospectives montrent son travail (Biennale de Venise en 1922, Pavillon de Marsan à Paris en 1924. Il dispose de plusieurs mécènes et Étienne Moreau-Nélaton acquiert l’une de ses œuvres, Amour, Foi, Espérance (1915) qu’il donne au musée du Louvre en 1919. Catholique, membre du Tiers-ordre dominicain, il interprète des thèmes dominicains empreints de tendresse. Politiquement il est proche de l’Action française. Il reçoit le grade de commandeur de la Légion d’honneur en 1926. Il est élu membre de l’Académie des Beaux-Arts en 1932.

[modifier] Notes

  1. Son surnom au sein du groupe des Nabis fut « Nabi aux belles icônes »
  2. Dans son journal il note: l’arrivée à Cannes par le boulevard du Midi est très belle, longue plage où la mer déferle. Au détour du port, le spectacle de quelques bateaux dans l’eau bleue, sur le fond de la ville où les feux s’allument a quelque chose de féerique

[modifier] Citations

  • «  Et puis je ferais de l’Art, de l’Art de masse, en tout et partout. Je me gorgerai, je m’enivrerai de cette pure et sainte jouissance, de cette douce vie, si désirée, d’artiste  », (Journal, 30 juillet 1885)
  • « Se rappeler qu’un tableau, avant d’être un cheval de bataille, une femme nue ou une quelconque anecdote, est essentiellement une surface plane recouverte de couleurs en un certain ordre assemblées. » (« Définition du Néo-traditionalisme », Revue Art et Critique, 30 août 1890)

[modifier] Œuvre décorative

« Des murs, des murs à décorer », tel était le mot d’ordre dans les ateliers à la fin du XIXe siècle, reposant sur la commande publique et à partir de 1900 celles-ci affluent. Ce que Denis appelle « la vie des échafaudages » ne cessera plus.

  • 1903 : Église Sainte-Marguerite, Le Vésinet  : Chapelles de la Vierge et du Sacré-Cœur, déambulatoire.
  • 1912-1913 : coupole (et exèdre, aujourd’hui disparue) du Théâtre des Champs-Élysées : Histoire de la musique. Les toiles sont réalisées dans son atelier de Saint-Germain que Perret vient de construire pour l’occasion.
  • 1915-1920 : chapelle du Prieuré à St Germain en Laye.
  • 1920 : église Saint-Germain à Gagny : La Bataille de la Marne.
  • 1922-1927 : église Notre-Dame-de-la-Consolation due aux frères Perret, Le Raincy : Vie de Marie, la traduction des maquettes en vitrail fut confiée à Marguerite Huré, collaboratrice des Ateliers d’Art Sacré.
  • 1923-1927 : église Saint-Louis, Vincennes  : Les Béattitudes et la Glorifification de St-Louis.
  • 1925 : Petit-Palais, Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris, coupole Dutuit  : Histoire de l’Art Français.
  • 1931 : église Notre-Dame-des Missions à Épinay  : Saint-Pierre et saint-Paul évangélisateurs.
  • 1931 : escalier du Bureau international de Travail à Genève : Christ aux Ouvriers, Dignité du Travail.
  • 1934 : église du Saint-Esprit, Paris 75012 : La Pentecôte.
  • 1934 : baptistère de l’Église saint-Nicaise de Reims : La Source de Vie.
  • 1937 : galerie Latérale du Palais de Chaillot à Paris : la Musique sacrée et la Musique profane.
  • 1937 : lycée Claude Bernard à Auteuil  : Hall, la culture française classique.
  • 1938 : salle d’ Assemblée des Nations à Genève.
  • 1938 : église de Lapoutroie, Haut-Rhin : quatre scènes de la vie de sainte-Odile.
  • 1941 : abside de la chapelle du pensionnat du Sacré-Cœur de Crète : évocation de Marie-Médiatrice.
  • 1943 : basilique de Thonon son dernier Chemin de Croix.

[modifier] Quelques-unes de ses œuvres...

  • Musée du Petit Palais, Paris.
    • Intimité, 1903
    • Soir florentin, la Cantate, et Baigneuses, fragments de l’hôtel Stern à Paris.
    • Baigneuses à Perros-Guirrec, 1909, dédicacé à Georges Lacombe
    • Baigneuses, plage du Pouldu, 1899.
  • Le Magnificat, huile sur toile, Granville, Musée du Vieux Granville
  • Eurydice, vers 1903-1904, huile sur toile, 75, 5 x 116, 8 cm, Berlin Nationalgalerie, Staatliche Museen zu Berlin.
  • Musée d’Orsay, Paris
    • Paysage aux arbres verts[1], 1893, huile sur toile, 46 x 43 cm
    • Montée au Calvaire, 1889, huile sur toile, 41 x 32, 5 cm
    • Les Muses, 1893, huile sur toile, 171, 5 x 137, 5 cm
    • Maternité à la fenêtre, vers 1899, huile sur toile, 70 x 46 cm
    • "Hommage à Cézanne", 1900, huile sur toile, 180cm x 240cm
    • Fonds de photographies prises par Maurice Denis
  • Musée de l'Évêché, Limoges
    • Les Béatitudes, série de huit huiles sur toile, 1915-1916.
  • Ils virent des fées débarquer sur les plages, vers 1893, huile sur carton, 22 x 30 cm, Collection particulière.
  • Paravent aux colombes, vers 1896, quatre panneaux de 164 x 54 cm, huile sur toile, Collection particulière.
  • Juillet, 1892, huile sur toile, 38 x 61 cm, Collection Rau, Zurich.
  • Maternité au lit jaune, 1896, huile sur toile, 33 x 41 cm, Collection Rau, Zurich.
  • Prise de Voile, 1933, huile sur carton, 48 x 61, 5 cm, Vernon, Musée A.G. Poulain.
  • Déesse galloise des troupeaux[2], 1905, huile sur carton, 80 x 68 cm, Munich, Neue Pinakoteck.
  • Illustration de Sagesse de Paul Verlaine en 1889 et publiée par Ambroise Vollard.

[modifier] Écrits

  • Théories, 1890-1910. Du symbolisme et de Gauguin vers un nouvel ordre classique (1912)
  • Nouvelles Théories sur l’art moderne, sur l’art sacré. 1914-1921 (1922)
  • Carnets de voyage en Italie, 1921-1922 (1925)
  • Henry Lerolle et ses amis, suivi de Quelques lettres d’amis (1932)
  • Charmes et Leçons de l’Italie (1933)
  • Histoire de l’art religieux (1939)
  • Paul Sérusier. ABC de la peinture. Suivi d’une étude sur la vie et l’œuvre de Paul Sérusier (1942)
  • Journal. Tome I : 1884-1904. Tome II : 1905-1920. Tome III : 1921-1943 (1957)
  • Correspondance Jacques-Emile Blanche - Maurice Denis : 1901-1939. Édition établie, présentée et annotée par Georges-Paul Collet (1989).
  • Le Ciel et l’Arcadie. Textes réunis, présentés et annotés par Jean-Paul Bouillon (1993).
  • Maurice Denis et André Gide, Correspondance (1892-1945), éd. P. Masson et C. Schäffer, Paris, Gallimard, 2006, 418 p.

[modifier] Articles connexes

[modifier] Références

  1. Ou les arbres verts, ou les hêtres de Kerduel.
  2. Il s’agit de la déesse Épona, titre souvent donné au tableau
  • Maurice Denis, dossier de l’art n° 135, novembre 2006

[modifier] Liens externes