Maladie de Charcot-Marie-Tooth type 1

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La maladie de Charcot-Marie-Tooth type 1 est la plus fréquente des neuropathies héréditaires du groupe des maladies de Charcot-Marie-Tooth (environ 50% des cas). C'est une maladie dont la transmission génétique est autosomique dominante, et qui affecte la myéline.

La démyélinisation des nerfs périphériques se manifeste par une faiblesse musculaire des muscles distaux avec atrophie musculaire, une perte de la sensibilité et une diminution de la conduction nerveuse. Elle progresse lentement et est souvent associée à des pieds creux. Le début commence entre 5 et 25 ans. Moins de 5 % des malades perdront leur autonomie avec nécessité d'une chaise roulante. L'espérance de vie n'est pas diminuée.

Il existe 6 sous-types de maladie de Charcot-Marie-Tooth type 1 respectivement désignés :

  • CMT1A : ce type de CMT fait actuellement l'objet d'une expérimentation thérapeutique dont les résultats ne seront pas connus avant 2009.
  • CMT1B
  • CMT1C ou anciennement maladie de Dejerine-Sojas. À l'origine d'une démyélinisation sévère, facilement détectée par la mesure des vitesses de conduction nerveuses qui sont comprises entre 24 et 42 m/s. Elle débute fréquemment dans l'enfance avec des symptômes identiques à ceux de CMT1A.
  • CMT1D
  • CMT1E
  • CMT1F, parfois désignée sous le nom de maladie de Charcot-Marie-Tooth type 2E.

Sommaire

[modifier] Étiologie

Le tableau ci-dessous résument les différents sous types, la fréquence, les gènes, les chromosomes et les protéines impliqués dans la maladie de Charcot-Marie-Tooth type 1.

Sous type Fréquence Gène Chromosome Protéine
CMT1A 70-80% PMP22 17p11.2 Peripheral myelin protein 22
CMT1B 5-10% MPZ 1q22 Myelin P0 protein
CMT1C 5-10% LITAF 16p13.3-p12 Lipopolysaccharide-induced tumor necrosis factor-alpha factor
CMT1D < 2% EGR2 10q21.1-q22.1 Early growth response protein 2
CMT1E <5% PMP22 17p11.2 Peripheral myelin protein 22
CMT1F <5% NEFL 8p21 Neurofilament triplet L protein

[modifier] Incidence & prévalence

La prévalence des neuropathies héréditaires est estimée à 30 pour 100 000. La prévalence de la maladie de Charcot-Marie-Tooth type 1 est de 15 pour 100 000 et la type 1A est 10 pour 100 000.

[modifier] Description

La maladie peut se manifester dès l'enfance par des difficultés d'ordre physique affectant le plus souvent les membres inférieurs, mais aussi parfois les membres supérieurs : difficulté à courir, à sauter, à tenir en équilibre accroupi, à tenir sur les talons, à écrire. La faiblesse des muscles releveurs du pied fait que le pied à tendance à tomber vers l'avant ce qui peut être cause de chutes fréquentes. La personne atteinte a tendance à compenser ce pied tombant en adoptant une façon particulière de marcher, le steppage, très caractéristique de la maladie.

Cette maladie est peu ou pas évolutive et n'a aucune influence sur l'espérance de vie. Son évolution lente permet souvent à la personne atteinte de s'adapter petit à petit à celle-ci. Le handicap physique qu'elle peut occasionner est très variable d'une personne à l'autre : peu ou pas de gène dans la marche pour certains, plus importantes chez d'autres. La station debout peut être pénible au bout de quelques minutes chez certaines personnes.

Les difficultés de marcher peuvent s'aggraver avec l'âge, mais la plupart des personnes atteintes se déplacent même à un âge avancé. On estime à 10% la proportion de malades pour lesquels l'usage d'un fauteuil roulant se révèlera indispensable.

La maladie est due à un défaut de la myéline des nerfs périphériques qui ne joue plus correctement son rôle d'isolant de l'axone. Il en résulte une baisse de la vitesse de propagation de l'influx nerveux. Certains muscles sont alors moins innervés et s'affaiblissent.

[modifier] Diagnostic

Le diagnostic se fait d'abord par observation clinique : présence de pieds creux, forme particulière des doigts des pieds ou des mains, affaiblissement musculaire, façon caractéristique de marcher (le steppage) due à la faiblesse des muscles releveurs du pied qui est tombant, manque de sensibilité nerveuse (difficulté à distinguer le fait d'être piqué et d'être touché).

Ce premier diagnostic peut être confirmé par électromyogramme, qui doit permettre de détecter une vitesse de transmission de l'influx nerveux dans les membres inférieurs ou supérieurs nettement inférieure à la normale.

Afin de distinguer le type précis de maladie, un troisième diagnostic peut alors être mené par test génétique, les gènes responsables de certains types (mais pas tous) ayant été identifiés.

[modifier] Traitement & prise en charge

Il n'existe pas actuellement de traitement permettant de guérir la maladie. La kinésithérapie permet cependant de ralentir son évolution ou permet au malade de s'adapter à cette évolution. L'usage de chaussures orthopédiques, de releveurs de pieds ou d'une canne sont d'un grand secours pour faciliter la marche. Des petits appareils techniques peuvent également aider le malade pour écrire, tourner une clef, dévisser un bouchon. En cas de déformation importante des pieds, la chirurgie orthopédique peut être envisagée.

[modifier] Conseil génétique

La propagation de la maladie se fait par transmission autosomique dominante, ce qui signifie qu'un parent atteint a un risque sur deux de transmettre sa maladie à l'un de ses enfants, et que les enfants non atteints sont totalement indemnes.

Un adulte atteint et ayant connaissance de cette atteinte ne pourra pas éviter de se poser la question de la transmission possible à ses futurs enfants. S'il est faiblement atteint, la possibilité d'une transmission sera le plus souvent acceptée, compte tenu du fait que la maladie n'est pas mortelle et, dans la grande majorité des cas, permet de mener une vie quasi-normale.

La question est beaucoup plus cruciale pour un adulte souffrant gravement de la maladie depuis son enfance et qui ne souhaite pas que ses enfants partagent le même sort. La maladie n'étant pas mortelle, elle ne fait pas partie des maladies pouvant donner lieu à un diagnostic préimplantatoire. Un test prénatal reposant sur des analyses génétiques effectuées sur de l'ADN extrait du liquide amniotique peut être effectué. Mais il faut peser soigneusement les risques d'avortement possible que peut provoquer ce type d'examen et qui peuvent toucher un fœtus indemne. Il faut également tenir compte du fait que la maladie de l'enfant n'a pas toujours la même gravité que celle du parent. Se posent également des questions éthiques liées à l'eugénisme. Le conjoint doit évidemment être parfaitement informé, et la consultation d'un médecin généticien est indispensable.

[modifier] Sources

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