Méthode Levallois

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Nucléus et éclat Levallois en silex de Haute-Saône (Débitage récurrent centripète)
Nucléus et éclat Levallois en silex de Haute-Saône (Débitage récurrent centripète)

La méthode Levallois est l'une des méthodes de taille de la pierre employées au cours de la Préhistoire, surtout au Paléolithique moyen. Il s'agit d'une méthode de débitage basée sur une préparation particulière du nucléus.

Sommaire

[modifier] Historique

La méthode Levallois doit son nom au site des carrières de Levallois-Perret (Hauts-de-Seine). Elle a été reconnue et décrite dès la fin du XIXe et le début du XXe siècle, notamment par Victor Commont. François Bordes en a proposé une définition en 1961, en mettant l'accent sur l'importance de la prédétermination : la forme du futur éclat Levallois est déterminée par la préparation du nucléus.

En 1986, Éric Boëda a montré que la méthode décrite par Bordes n'était qu'une des variantes du débitage Levallois, la méthode à éclat préférentiel. Il montre que d'autres méthodes permettent de produire plusieurs éclats aux dépens de la surface d'un même nucléus : ce sont les méthodes récurrentes. Il propose de regrouper l'ensemble des méthodes Levallois au sein d'un unique « concept Levallois ».

[modifier] Le concept Levallois

Débitage Levallois à éclat préférentiel
Débitage Levallois à éclat préférentiel

Le concept Levallois implique une préparation spécifique du nucléus : le bloc est aménagé de façon à obtenir deux surfaces convexes sécantes. L'une est la surface de plans de frappe, l'autre est la surface de débitage. Cette dernière est aménagée de façon à présenter des convexités qui détermineront la forme et les dimensions du (des) futur(s) éclat(s) Levallois. Les éclats Levallois ont un plan de fracturation parallèle au plan d'intersection des deux surfaces du nucléus.

  • méthode Levallois à éclat préférentiel : un seul grand éclat est détaché de la surface du nucléus après sa préparation ;
  • méthodes récurrentes : plusieurs éclats successifs sont détachés de la surface du nucléus, sans qu'il soit nécessaire de le repréparer.
    • Si ces éclats successifs convergent vers le centre du nucléus, il s'agit d'un débitage Levallois récurrent centripète.
    • Si ces éclats successifs sont parallèles et partent d'un même plan de frappe, il s'agit d'un débitage Levallois récurrent unipolaire.
    • Si ces éclats successifs sont parallèles et partent de deux plans de frappe opposés, il s'agit d'un débitage Levallois récurrent bipolaire.
Pointe Levallois
Pointe Levallois

D'autres méthodes, unipolaires convergentes ou bipolaires, permettent d'obtenir des éclats caractéristiques appelés pointes Levallois.

[modifier] Chronologie et répartition

Le débitage Levallois apparaît dès l'Acheuléen en Afrique. En Europe du Nord Ouest, il est attesté dès la fin du Stade isotopique 10, dans des industries de type Acheuléen moyen mais il va surtout se généraliser en Eurasie au Paléolithique moyen, durant le Moustérien (à partir du Stade isotopique 8).

[modifier] Références

  • Éric Boëda : Le concept Levallois : variabilité des méthodes, Monographie du CRA, CNRS (1994) ISBN 2-222-04772-2
  • M.-L. Inizan, M. Reduron-Ballinger, H. Roche, et J. Tixier : Préhistoire de la Pierre Taillée - t. 4 : Technologie de la pierre taillée, Meudon, CREP, (1995) ISBN 2-903516-04-9