Luis Molina

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Luis Molina
Luis Molina

Luis de Molina, né en 1536 à Cuenca (Espagne) et mort le 12 octobre 1600 à Madrid), fut l'un des plus célèbres théologien jésuite espagnol du XVIe siècle. Il est à l'origine du molinisme.

Sommaire

[modifier] Biographie

Né dans une famille de la noblesse castillane en 1535, il rejoignit à l'âge de 18 ans à Alcalà la Compagnie de Jésus, récemment fondée par Ignace de Loyola (1541). Il étudia la théologie et la philosophie à Coimbra au Portugal.

Il devint par la suite professeur à l'université d'Évora, université confiée aux jésuites du Portugal. En 1590, après vingt ans d'enseignement, particulièrement dédiée à l'aprofondissement de la Somme de Saint Thomas d'Aquin, il se retira à Cuenca.

On lui attribua en 1592 une chaire de théologie morale à Madrid.

[modifier] Le théologien

Il écrivit entre autres De liberi arbitrii cum gratiae donis, divina praescientia, praedestinatione et reprobatione concordia (4 vo., Lisbonne, 1588); un commentaire sur la première partie de la Summa Theologiae de Saint-Thomas d'Aquin (2 vols., fol., Cuenca, 1593); et un traité De jure et justitia (6 vols., 1593-1609).

C'est au premier ouvrage mentionné que sa renommée est due. Il voulait par ce livre essayer de réconcilier, au moins par les mots, les doctrines augustiniennes de prédestination et de grâce avec les enseignements de Baïus, alors condamnés par l'Église catholique. En partant du principe qu'un homme est libre de commettre ou de ne pas commettre un acte, Molina avance que les circonstances rendent la grâce de Dieu ni inutile ni impossible : pas impossible, car Dieu accorde toujours sa grâce à ceux qui la demandent avec sincerité ; et pas inutile, car la grâce, bien que pas efficace, est une cause suffisante de salut. Pour Molina, la doctrine de libre arbitre n'exclut pas la prédestination. Le Dieu omniscient, par sa scientia media (la phrase est de Molina, bien qu'on retrouve aussi l'idée chez Fonseca), ou sa capacité de connaître les évènements futurs, prévoit comment sera utilisé notre propre libre arbitre.

Ces doctrines, bien qu'en accord avec les doctrines dominantes de l'Église catholique à l'époque, et recommandées car en opposition totale avec les enseignements de Martin Luther et Jean Calvin, causèrent de violentes controverses dans certains ordres, en particulier chez les Dominicains, ce qui obligea finalement le pape Clément VIII à intervenir. En premier lieu (1594), il invita simplement les deux parties au silence ; mais finalement, en 1598, il nomma la Congregatio de auxiliis gratiae pour trancher sur la dispute, qui devenait de plus en plus une querelle entre les ordres. Après de nombreuses séances, la congrégation se révéla incapable de trancher, et ses rassemblements furent suspendus en 1607 par Paul V; en 1611 il interdit toute nouvelle discussion sur la question de auxiliis, et de gros efforts furent fait pour contrôler les publications, mêmes celles des commentaires sur Saint-Thomas d'Aquin.

Les Molinistes passèrent alors à la controverse janséniste.

Une vue complète de la théologie de Molina peut être trouvée dans l'Entstehung der thomistisch-molinistischen Controverse, de Schneeman publié dans l'Appendix (N° 9, 13 et 14) dans le journal jésuite, Stimmen aus Maria-Laach. Pour les lecteurs non-initiés, on peut recommander l'article d'Ernest Renan, Les congregations de auxiis dans ses Nouvelles études d'histoire religieuse.

[modifier] L'économiste

[modifier] Notes et références de l'article

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Bibliographie

  • SMITH, Gerard (ed): Jesuit thinkers of the Renaissance, Milwaukee (USA), 1939, pp.75-132.

[modifier] Liens et documents externes