L.627

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L.627 est un film français réalisé par Bertrand Tavernier, sorti en 1992. Coécrit par un ancien policier, Michel Alexandre, il dépeint le quotidien de la brigade des stupéfiants de Paris. Le titre du film « L.627 » fait référence à l'article du Code de la santé publique sur la législation sur les stupéfiants, qui autorisait un toxicomane en garde à vue à recevoir la visite d'un médecin[1]. Il symbolise le décalage entre les moyens prévus par la loi et ceux effectivement mis à disposition pour la police.

Commissariat de Police.
Commissariat de Police.

Sommaire

[modifier] Synopsis

Lucien Marguet, surnommé "Lulu", est un enquêteur de deuxième classe de la police judiciaire. C'est un flic de terrain, passionné par son travail quitte à y sacrifier parfois sa vie de famille. Suite à une altercation avec son supérieur qu'il considère incompétent, il est changé de brigade. Mais il intègre rapidement un groupe qui lutte contre le trafic de stupéfiants. Se succède alors une série d'opérations de routine au fil desquelles chaque membre de la brigade se révèle...

[modifier] Commentaire

[modifier] Un film qui rompt les conventions du film policier

L'ambition de Bertrand Tavernier sur ce film était de tourner un film réaliste sur les conditions de travail des policiers de terrain. Ainsi, il s'est interdit tous les type de plan classiques du film policier, largement inspirés par le cinéma américain ou encore, en France, les films de Jean-Pierre Melville. Les scènes d'action sont la plupart du temps tournées en longue focale, les scènes de filatures, à l'opposé des courses-poursuites traditionnelles du cinéma, sont filmées sans les conventions du genre (sans plan près des roues du véhicule, ou d'amorce du capot par exemple)[2].

[modifier] Un point de vue exclusif

Prostituées exerçant dans leurs camionnettes à Lyon, France
Prostituées exerçant dans leurs camionnettes à Lyon, France

L.627 se place de façon quasi-exclusive du point de vue des policiers, en premier lieu celui du personnage principal « Lulu ». Des nombreuses scènes représentent des « planques » filmées depuis les véhicules banalisés, les « sous-marins ». Les filatures ne comportent que peu de plans de situation, privilégiant le regard de la brigade.
Le film fait la part belle entre les relations complexes et parfois ambiguës entre policiers et indicateurs : « Tu n'as pas d'amis, tu n'as que des indics » dira Cécile (Lara Guirao) à Lulu (Didier Bezace).
Cependant, L.627 interroge également sur l'environnement social de la consommation et du trafic de drogue, la précarité qui l'entoure. Les consommateurs sont dépeints dans un état de détresse sociale (squats insalubres, prostitution) et physiologiques (dépendance que ne peut soulager aucun médicament).

[modifier] Une portée politique

L.627, dans son approche réaliste, rapporte l'insuffisance des moyens dont disposent les brigades : locaux inadaptés et exigus (des « préfabriqués » autour d'un grand terrain vague), manque de véhicules disponibles, pénurie de papiers carbone pour les procès-verbaux... Appuyé par de nombreuses anecdotes rapportées par le scénariste et ancien policier Michel Alexandre, le film dénonce entre autres le décalage entre la formation théorique et la pratique du « terrain », les stages inutiles, la course à la statistique et le poids de la paperasserie...
L'équipe hétéroclite, entre « bons » et « mauvais flics »[3], doit faire preuve d'astuce, que ce soit pour se procurer ou réparer son matériel, ou dans une interprétation souple des lois, comme pour payer ou protéger ses indics. « Si l'on veut faire correctement notre boulot, il faut être dans l'illégalité 24h/24 » dit Lulu.

[modifier] Fiche technique

[modifier] Distribution

[modifier] Autour du film

  • Connue du grand public pour la présentation de l'émission pour enfants Récré A2, Charlotte Kady est l'une des révélations du film. Elle rejouera d'ailleurs avec Bertrand Tavernier.
  • Alors que Lulu bosse sans arrêt, ses collègues s'amusent parfois autour d'un jeu de société. On voit Dodo, Manu et Vincent faire une partie de Risk absolument délirante.
  • Le chef opérateur Alain Choquart assure également le cadre, y compris sur les plans en steadicam[4].

[modifier] Récompenses et nominations

[modifier] Récompenses

[modifier] Nominations

[modifier] Notes

  1. Ce droit sera généralisé à l'ensemble des gardés à vue en janvier 1993.
  2. Intentions confirmées par Bertrand Tavernier dans le commentaire du film en DVD
  3. Si le film ne cache pas les petits trafics, ou les faveurs accordées par les commerçants en échange de quelques PV à faire sauter, aucun personnage n'est toutefois un « ripoux », un policier corrompu et racketteur
  4. Carnets de tournage, making of de Michel Alexandre

[modifier] Liens externes

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