Kōan (zen)

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Le Maître Chan Yunmen
Le Maître Chan Yunmen

Le kōan (japonais ; chinois : gōng'àn 公案) est une courte phrase ou brève anecdote (littéralement : arrêt faisant jurisprudence) absurde ou paradoxale utilisée dans certaines écoles du bouddhisme chan ou zen. Le kōan est utilisé comme un objet de méditation ou pour déclencher l’éveil ou encore pour discerner l’éveil de l’égarement[1].

Aujourd’hui les kōan sont, avec la posture assise, l'un des principaux outils d'enseignement de la tradition Rinzai. La tradition Soto estime, quant à elle, qu'il vaut mieux s'en tenir à la seule posture assise, zazen, le kōan risquant de se pervertir en un jeu de l'esprit ou dans une réflexion inutile. Néanmoins, cette école utilisa également des kōan dans le passé, jusqu'au XVIIIe siècle. Aujourd'hui encore, le kōan est utilisé dans l'enseignement oral de la tradition Soto pour suggérer « ce qui ne peut être dit avec des mots ».

Sommaire

[modifier] Origines

Même si les premiers kōan furent rédigés dès le IXe siècle, la plupart des kōan ont été compilés aux XIIe et XIIIe siècles de notre ère. Ils se comptent par centaines, et sont les témoins de plusieurs siècles de transmission du bouddhisme chan en Chine et bouddhisme zen au Japon.

[modifier] Apories

Le kōan prend la forme d'une aporie qui ne peut être résolue de manière intellectuelle. Le méditant devra délaisser son appréhension habituelle des phénomènes pour laisser la vérité le pénétrer.
Un kōan peut aussi prendre la forme du compte-rendu d'une discussion célèbre entre deux maîtres du chan (ou zen).

Le kōan, dans sa forme pure, n'est pas une devinette, ni un mot d'esprit étant transmis par le maître au disciple. Il ne s'agit pas de répéter quelque obscurité, de triturer une énigme, mais de travailler avec un paradoxe de sagesse centenaire, transmis personnellement, dans l'intimité entre maître et étudiant.

L'étudiant prend à cœur de résoudre le kōan, et la pratique durant des séances formelles, mais plus largement durant chacune de ses activités quotidiennes, jusqu'à atteindre le satori.

Le wato est un mot-clé, une chute sur laquelle l'étudiant se concentre.

Dans l'école Rinzai, cinq catégories de kōan (de plus en plus difficiles) sont distinguées :

  • hosshins kōan ;
  • kikan kōan ;
  • gonsen kōan ;
  • Nanto kōan ;
  • Go-i kōan, ou kōan des cinq degrés.

Un certain nombre de kōan ont été commentés. Mais il est dit que le commentaire ne fait pas comprendre le kōan : il en ouvre seulement la voie. C'est à chacun de comprendre, de vivre le kōan.

Il arrive qu'un moine se voie assigner un seul kōan pour toute sa vie monastique.

[modifier] Recueils

Selon le Dictionnaire de la sagesse orientale : bouddhisme, hindouisme, taoïsme, zen, cop. 1986 : dans l’article kōan (gong’an), les célèbres des recueils de gong'an sont : Wu men guan, Bi yan lu, Cong rong lu, etc.

  • Wu men guan est un des deux principaux recueils de gong’an de la littérature chan et zen, compilé par Wumen Huikai (1183-1260), maître du chan de la lignée Yangqi de l’école Lin ji. Il naquit à Hangzhou, Chine.
  • Bi yan lu est le plus ancien recueil de gong’an de la littérature chan, rédigé au XIIe siècle par le maître du chan Yuanwu Keqin (1063-1135), maître de la lignée Yangqi du chan de l’école Lin ji , d’originaire de Sichuan, Chine.
  • Cong rong lu, recueil des cent gong’an, composé au XIIe siècle par le maître du chan Hongzhi Zhengjue (1091-1157), de l’école Caodong de Chine.

[modifier] Exemples de kōan

  • Un disciple ayant demandé au maître Joshu : « Un chien a-t-il la nature de Bouddha ? » Maître Joshu répondit : « Mu ! » – Mu! est le wato de ce kōan ;
  • « Quel bruit fait le battement d'une seule main ? » (Hakuin zenji) ;
  • Un moine demanda à Yunmen : « Qu'est ce que Bouddha ? », « Un bâton à merde ! » répondit Yunmen.
  • Un moine demanda à Tung Shan : « qu'est ce que Bouddha ? » Tung Shan répondit : « Trois livres de lin. »
  • « Qu'est ce que Bouddha ? Qu'est ce qui n'est pas Bouddha ? »
  • « Qu'est ce que Bouddha ? Un étron desséché. »
  • « Sur le zafu personne, sous le zafu pas de sol »
  • « Le soleil de midi ne fait pas d'ombre »
  • « Le bambou existe au-dessus et en-dessous de son nœud »
  • « Lorsqu'il n'y a plus rien à faire, que faites-vous ? »
  • Le moine Xiang'yan dit : « Imaginez un homme sur un arbre. Il est accroché par les dents à une branche. Ses mains ne peuvent saisir la branche, et ses pieds n'atteignent pas le tronc de l'arbre. Sous l'arbre, quelqu'un lui demande, “Pourquoi Bodhidharma est-il venu de l'Ouest ?” Si l'homme ne répond pas du tout, il fait défaut au questionneur. Mais s'il répond, il tombe et se tue. Dans une telle situation, que doit-on faire ? » L'homme perché sur l'arbre extrait du Wumen guan (La passe sans porte) ;

[modifier] Notes et références

  1. Selon « Ci hai » (Dictionnaire encyclopédique chinois) de l’édition 1999 : « 公案 » 本意是官府断案的公文案牍。禅宗认为历代宗门祖师典范性的言行可以判别学人的 非迷悟,故亦称公案。 « Gong’ an, terme bouddhique, recueil des actes, paroles et anecdotes de grands maîtres de générations antérieures du bouddhisme chan pour discerner le vrai du faux, l’éveil de l’égarement.»

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens externes


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