Joseph Delteil

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Joseph Delteil, né à Villar-en-Val (Aude), le 20 avril 1894 et mort le 16 avril 1978 à La Tuillerie de Massane (Hérault), est un écrivain et poète français.

Sommaire

[modifier] Biographie

Né dans la ferme de La Pradeille, d’un père bucheron-charbonnier et d’une mère illettrée. Il vit les quatre premières années de son enfance à la Borie (construction de pierres sèches) de Guillaman, à 30 kilomètres au sud de Carcassonne, dans le Val de Dagne. De cette masure, il ne reste aujourd’hui que des "moignons" de murs, que l'on peut toujours voir en randonnant sur le "sentier en poésie" créé par Magalie Arnaud et ses amis, maire de Villar-en-Val pour honorer la mémoire du poète.

En 1898, le père de Joseph achète un peu de vigne à Pieusse, 30 kilomètres plus loin. C’est là, dit-il, son "village natal", au cœur des Corbières, où le paysage s’élargit, où l’on passe de la forêt au soleil, de l’occitan au français. Joseph y demeure jusqu’à son certificat d’étude en 1907, pour aller ensuite tout près, à Limoux, intégrer l’école Saint-Louis. Il est ensuite élève au collège Saint-Stanislas (petit séminaire) de Carcassonne.

Cet écrivain est entré en littérature avec deux recueils poétiques, Le Cœur grec (1919) et Le Cygne androgyne (1921). Ses racines paysannes et occitanes en font un personnage à part à Paris où il s'installe en 1920. Parallèlement à son travail de fonctionnaire, il lit, écrit beaucoup et se lie d'amitié avec le poète Max Jacob et le peintre Robert Delaunay.

La parution, en 1922, de son premier roman « Sur le fleuve Amour » attire l'attention de Louis Aragon et André Breton pour qui cette œuvre "dédommageait de tant de diables au corps.[1]" Dès lors, Delteil collabore à la revue "Littérature" et participe à la rédaction du pamphlet « Un cadavre », écrit en réaction aux funérailles nationales faites à Anatole France (octobre 1924). Breton le cite dans son « Manifeste du surréalisme » comme l'un de ceux qui ont fait "acte de surréalisme absolu".[2]

La publication, en 1925, de sa « Jeanne d'Arc », ouvrage récompensé par le Prix Femina, suscite le rejet des surréalistes et de Breton en particuliers, malgré le scandale déclenché par ailleurs en raison de la vision anticonformiste de la Pucelle d'Orléans. Cette œuvre est pour Breton, une "vaste saloperie". Delteil participe au premier numéro de "La Révolution surréaliste", mais après un entretien dans lequel il déclara qu'il ne rêvait jamais, il reçut de Breton une lettre de rupture.[3]

En 1931, il tombe gravement malade et quitte la littérature et la vie parisienne pour le sud de la France. En 1937, il s'installe à la Tuilerie de Massane, (à Grabels près de Montpellier) où il mène jusqu'à sa mort une vie de paysan-écrivain, en compagnie de sa femme, Caroline Dudley, qui fut la créatrice de la Revue Nègre.

Dans sa retraite occitane, il entretient de solides amitiés avec les écrivains (Henry Miller), les poètes (Frédéric Jacques Temple), les chanteurs (Charles Trenet, Georges Brassens), les peintres (Pierre Soulages), les comédiens (Jean-Claude Drouot). En publiant en 1968 La Deltheillerie, il retrouve un peu de la notoriété des années 1920, soutenu par des personnalités comme Jacques Chancel, Jean-Louis Bory, Michel Polac, Jean-Marie Drot.

[modifier] Œuvres

  • Le Cœur grec (1919)
  • Le Cygne androgyne (1921)
  • Sur le Fleuve Amour (1922)
  • Choléra (1923)
  • Les Cinq sens (1924)
  • Jeanne d'Arc (1925, Prix Femina)
  • Le Discours aux oiseaux par Saint François d'Assise (1925)
  • Les Poilus (1925)
  • Mes amours...(...spirituelles) (1926)
  • Allo ! Paris (1926)
  • Ode à Limoux(1926)
  • Perpignan (1927)
  • La Jonque de porcelaine (1927)
  • La Fayette (1928)
  • Le Mal de cœur (1928)
  • De J.-J. Rousseau à Mistral (1928)
  • Il était une fois Napoléon (1929)
  • Les Chats de Paris (1929)
  • La Belle Corisande (1930)
  • La Belle Aude (1930)
  • Don Juan (1930)
  • Le Vert Galant (1931)
  • A la Belle Etoile (1944)
  • Jésus II (1947)
  • François d'Assise (1960)
  • Œuvres Complètes (1961)
  • La Cuisine paléolithique (1964)
  • La Deltheillerie (1968)
  • Correspondance privée Henry Miller-Joseph Delteil. Préface, traductions et notes de Frédéric Jacques Temple. Paris, Pierre Belfond, 1980.
  • Musée de marine (1990)
  • Les Prisonniers de l'infini (1994)
  • Le Maître ironique (1995)
  • L'Homme coupé en morceaux (2005)

[modifier] Ouvrages consacrés à Joseph Delteil

  • André de Richaud, Vie de saint Delteil. Paris, La Nouvelle Société d'Édition, 1928.
  • Maryse Choisy, Delteil tout nu. Paris, Montaigne, 1930.
  • Robert Briatte, Joseph Delteil. Lyon, La Manufacture, coll. "Qui êtes-vous ?", 1988.
  • Jean-Louis Malves, Delteil en habit de lumière. Éditions Loubatières, 1992.
  • Collectif : Les Aventures du récit chez Joseph Delteil (dir. Robert Briatte). Montpellier, Éd. de la jonque/Presses du Languedoc, 1995.
  • Collectif : Joseph Delteil (dir. Denitza Bantcheva). L'Âge d'homme, "Les Dossiers H", 1998.
  • Denis Wetterwald, Joseph Delteil, Les escales d'un marin étrusque. Christian Pirot éditeur, 1999.
  • Jean-Marie Drot, "Dictionnaire vagabond". Éditions Plon, 2003.
  • Guy Darol, Joseph Delteil brille pour tout le monde. EST - Samuel Tastet éditeur, 2006.
  • Marie-Françoise Lemonnier-Delpy, Joseph Delteil, Une œuvre épique au XXe siècle, destinées du héros et révolution du récit. Éditions IDECO, 2006.

[modifier] Notes et références

  1. Allusion au roman de Raymond Radiguet « Le Diable au corps » qui connut un grand succès et fut unanimement détesté des surréalistes.
  2. Adam Biro et René Passeron, Dictionnaire général du surréalisme et de ses environs, Co-édition Office du livre, Fribourg (Suisse) et Presses universitaires de France, Paris, 1982, page 123
  3. Biro & Passeron, page 123

[modifier] Liens externes

Il existe un site Internet entièrement consacré à Joseph Delteil : http://josephdelteil.net