Joe Hill

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Joe Hill
Photographie de Joe Hill
Photographie de Joe Hill
Nom Joel Emmanuel Hägglund
Surnom Joseph Hillström
Naissance 7 octobre 1879
à Gävle (Suède)
Décès 19 novembre 1915 (à 36 ans)
Occupation Militant anarchiste
Militant syndicaliste

Joe Hill (né Joel Emmanuel Hägglund, et aussi connu sous le nom de Joseph Hillström; 7 octobre 1879 - 19 novembre 1915) était un chanteur engagé, membre du syndicat étatsunien IWW (Industrial Workers of the World). Il a été exécuté pour meurtre après un procès controversé, et est devenu par la suite l'objet d'une folksong.

Sommaire

[modifier] Biographie

Né à Gävle dans la province du Gästrikland (Suède), Joe Hill est très rapidement orphelin, son père ayant été écrasé par un train de la compagnie pour laquelle il travaillait. Il émigra aux États-Unis en 1902. Arrivé à New York, il déménagea par la suite à Cleveland (Ohio) puis sur la côte ouest. Présent lors du Tremblement de terre de 1906 à San Francisco, il se joignit aux Wobblies (IWW) vers 1910, alors qu'il travaillait comme docker à San Pedro (Californie). Ecrivant des chansons engagées et des poèmes satiriques, Joe Hill continua à travailler dans divers États, sautant sur les trains de marchandise. Au début de l'année 1914, Joe Hill travaillait sur le tramway à la Silver King Mine à Park City (Utah), pas loin de Salt Lake City. L'Utah était alors un État qui réprimait durement les syndicats.

Le 10 janvier 1914, John G. Morrison et son fils Arling furent tués dans leur boucherie de Salt Lake City par deux personnes masquées par des bandanas rouges. Rien n'ayant été volé, la police crut d'abord à une vengeance personnelle, peut-être due au fait que le père Morrison avait été un officier de police dans le passé. Le même soir, Joe Hill se présentait chez un docteur local avec une blessure par balle, qu'il ne voulait pas expliquer, pour des raisons personnelles. On présume que c'était lié à une affaire de cœur. Hill fut finalement accusé du meurtre des Morrison, bien que niant toute implication et refusant de témoigner lors de son procès. Il fut condamné pour meurtre, et la Cour suprême de l'Utah rejeta son appel. Dans une lettre aux magistrats, Joe Hill refusait tout droit à l'État de l'Utah de s'enquérir sur les origines de sa blessure, qu'il considérait comme une affaire exclusivement personnelle.

L'affaire prit un tour national. Le président Woodrow Wilson, Helen Keller et la Suède demandèrent la clémence, tandis que dans le monde entier les syndicats défendaient Joe Hill. Le procès était accusé d'avoir été injuste. Des années plus tard, l'État de l'Utah déclara que, sous les lois actuelles, Joe Hill n'aurait jamais été exécuté avec des preuves si légères.

Le dernier mot de Joe Hill, exécuté le 19 novembre 1915 par un peloton d'exécution, fut "Fire!" (Feu!). Juste avant de mourir, il avait écrit à Bill Haywood, un responsable de l'IWW: "Ne perdez pas de temps dans le deuil. Organisez-vous!." [1]

Son testament, mis en musique par Ethel Raim, déclarait:

My will is easy to decide,
For there is nothing to divide,
My kin don't need to fuss and moan-
"Moss does not cling to a rolling stone."
My body? Ah, If I could choose,
I would to ashes it reduce,
And let the merry breezes blow
My dust to where some flowers grow.
Perhaps some fading flower then
Would come to life and bloom again.
This is my last and final will,
Good luck to all of you, Joe Hill
Mon testament est facile à décider,
Car il n'y a rien à diviser,
Ma famille n'a pas besoin de se plaindre et d'ergoter
"Pierre qui roule n'amasse pas mousse"
Mon corps? Ah, si je pouvais choisir,
Je le laisserai se réduire en cendres,
Et les brises joyeuses souffler
Ma poussière là où quelques fleurs pousseront.
Ainsi peut-être qu'une fleur fanée
Reviendrait à la vie et fleurirait une nouvelle fois.
Ceci est ma dernière et ultime volonté,
Bonne chance à tous, Joe Hill.

[modifier] Incinération et censure

Le corps de Hill fut incinéré à Chicago, et ses cendres envoyé dans chacune des sections locales de l'IWW. On découvrit en 1988 qu'une des enveloppes, avec une photo où la légende indiquait "Joe Hill assassiné par la classe capitaliste, 19 novembre 1915", avait été saisie par l'U.S. Postal Service en 1917 en raison de son "potentiel subversif". Cette lettre est désormais aux Archives nationales états-uniennes. Après quelques négociations, les dernières cendres de Hill contenues dans cette enveloppe saisie ont été rendues à l'IWW.

La mémoire de Joe Hill a été entretenue par les chanteurs contestataires (protest songs), par exemple Alfred Hayes, Earl Robinson, Paul Robeson, Pete Seeger, The Dubliners, ou encore Joan Baez qui chanta "Joe Hill" en 1969 à Woodstock ("I dreamed I see Joe Hill last night, alive as you and me : J'ai rêvé que j'ai vu Joe Hill la nuit passée, aussi vivant que vous et moi). Bob Dylan a dit que l'histoire de Hill était l'un des motifs qui l'ont poussé à écrire des chansons. Le socialiste suédois Ture Nerman (1886-1969) a écrit une biographie de Joe Hill, interviewant des membres de sa famille en Suède et traduisant la plupart de ses chansons en suédois. Wallace Stegner a publié une biographie romancée en 1969, et Bo Widerberg dépeint Hill dans son film éponyme de 1971.

[modifier] Notes et références

[modifier] Bibliographie

  • Fellow Workers. Philips, Utah and Difranco, Ani. Righteous Babe Records, NY, 1999.
  • "Joe Hill: IWW Songwriter." Nolan, Dead & Thompson, Fred. Kersplebedeb. Montréal.
  • "Joe Hill--The man and the Myth." Gibbs Smith.
  • "We Shall Be All: A History of the IWW." Melvyn Dubrosky.
  • "Where the Fraser River Flows: the IWW in BC." Mark Leier.
  • 'Wobblies: A Graphic History of the Industrial Workers of the World. Buhle, Paul and Schulman, Nicole, eds. Verso, NY, 2005.
  • Howard Zinn, Une Histoire populaire des Etats-Unis de 1492 a nos jours, tr. Frédéric Cotton (ISBN 2910846792)

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens externes