Jivya Soma Mashe

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Jivya Soma Mashe est un peintre indien. Il est membre de la tribu Warli. Située dans le Thane District, à approximativement 150 km au nord de Bombay, la tribu Warli compte encore aujourd'hui plus de 300 000 membres.

Les Warli n'ont rien à voir avec l'hindouisme. Ils ont leur propre mode de croyance, de vie et de coutume. Les Warli parlent un dialecte qui ne s'écrit pas. Il est un mélange de mots issus du sanskrit, du Maharati et de Gujarati. Le mot Warli viendrait du mot "warla" qui désigne une parcelle de terrain, un champs. Yashodhara Dalmia, dans son livre intitulé "The painted Word of the Warlis", note que les Warli seraient le prolongement d'une tradition dont les origines se situent entre 2 500 et 3 000 avant JC. Leurs peintures murales s'apparentent à celles faites 500 à 10 000 avant JC. dans les grottes de Bhimbetka, dans le Madhya Pradesh.

L'iconographie extrêmement rudimentaire de leurs peintures murales est construite autour d'un vocabulaire graphique dès plus basique : le rond, le triangle et le carré. Le rond et le triangle sont nés de l'observation de la nature; le rond de l'observation de la lune et du soleil et le triangle de celles des montagnes, et plus particulièrement de la montagne sacrée au sommet acéré, aigu, ou des arbres aux cimes pointées vers le ciel. Seul le carré ne semble pas né de l'observation de la nature et apparaît alors comme une création de l'homme afin de délimiter l'enclos sacré, la parcelle de terrain.

Aussi, le motif central de chaque peinture rituelle est celui du carré, le "cauk"(ou caukat), au centre duquel l'on trouve "Palaghata", la déesse mère, symbole de fécondité et de fertilité. Les divinités masculines sont rares chez les Warli et qu'elles s'apparentent, le plus souvent, à des esprits ayant pris forme humaine.

Autour du motif central de ces peintures rituelles, viennent principalement des scènes de chasses, de pêches et de cultures, de fêtes et de danses, des figures représentant arbres et animaux. Les corps des êtres humains, comme ceux de nombreux animaux, sont représentés à l'aide de deux triangles inversés qui se rejoignent en leurs pointes respectives, le triangle supérieur figure le torse, le triangle inférieur évoque le bassin.

L'équilibre précaire de ces triangles symbolise l'équilibre de l'univers, du couple. Cet équilibre a aussi l'aspect pratique et ludique de pouvoir aisément animer les corps. Équilibre sans lequel, rythme et vie seraient absent de leur art. Cette pictographie réduite à l'essentiel est réalisée à l'aide de moyens picturaux eux aussi rudimentaire.

L'histoire de Jivya Soma Mashe est singulière. Abandonné par sa famille dés son plus jeune âge, il s'enferme dans un mutisme total. Sa seule façon de s'exprimer alors, est de tracer des dessins à même le sol. Cette attitude étrange lui vaut rapidement un statut particulier au sein de sa communauté. Les premiers émissaires du gouvernement, en charge de conserver et de promouvoir l'art des Warli, sont vite étonnés par les qualités artistiques de cet homme. De cette période de repli sur lui-même, Jivya Soma Mashe semble avoir conservé un imaginaire et surtout une sensibilité hors du commun.

Le travail sur des supports comme le papier et la toile lui ont permis de s'affranchir des contraintes de la surface irrégulière et escarpée du mur. Jivya Soma Mashe a métamorphosé l'aspect abrupt des peintures éphémères en un style libre et franc d’où émane une sensibilité propre.

Son talent fut très vite remarqué au niveau national, recevant directement de la main des plus haut responsables politiques de l’Inde –tels Nehru ou encore Indira Gandhi- les plus importantes récompenses artistiques indiennes, puis au niveau international, participant à des expositions remarquées dont les Magiciens de la terre, en 1989.

En regardant attentivement les peintures de Jivya Soma Mashe, ce qui frappe le plus c’est le « mouvement », la qualité du détail, la légèreté et, dans un même temps, la précision du trait. L’hésitation n’existe pas dans l’oeuvre de Jivya Soma Mashe. L’artiste va à l’essentiel tant dans le dessin que dans la composition. Directement, sans ambage, avec la simplicité de l’évidence, de l’ingénue, du naturel. Chaque détail de ses peintures en est le témoignage. Le trait, la ligne et les points foisonnent, fourmillent, sur la toile vibrent et s'agencent au grès de compositions habiles qui, elles même, renforcent la vibration de l'ensemble. Le détail et la composition générale de l'oeuvre sont, l'un et l'autre, au service du mouvement. Les thèmes récurrents de son oeuvre, l'activité quotidienne des siens et les légendes Warli sont elles aussi le prétexte à un éloge constant du mouvement.

"Il y a les êtres humains, les oiseaux, les animaux, les insectes, etc. Jour et nuit il y a du mouvement. La vie est mouvement." Par ses propos, Jivya Soma Mashe, décrit le sentiment profond qui anime l'âme Warli. Adivasi, premiers habitants, les Warli nous parlent des temps les plus anciens et évoquent une culture ancestrale dont l'étude approfondie permettrait peut-être de révéler quelques-uns des fondements culturels et religieux de l'Inde moderne.

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