Jésus-Christ en Flandre

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Jésus-Christ en Flandre

Illustration de Jésus-Christ en Flandre

Auteur Honoré de Balzac
Genre Étude de mœurs
Pays d’origine France France
Lieu de parution Paris
Éditeur Gosselin
Date de parution 1831
Collection Études philosophiques
Série La Comédie humaine
Précédé par La Peau de chagrin
Suivi par Melmoth réconcilié
Illustration : Edouard Manet

Jésus-Christ en Flandre est une nouvelle d’Honoré de Balzac. Vraisemblablement rédigée en 1830, datée de 1831 remaniée, déplacée un grand nombre de fois, elle était censée constituer: « le péristyle des études philosophiques », d’après la préface du Livre mystique rédigée par l’auteur en 1835[1].

Sa parution définitive se situe en 1846 dans les Études philosophiques de l’édition Furne. Entre ces deux dates, le texte a été publié aux éditions Gosselin 1831, dans les Romans et contes philosophiques, puis dans les Contes philosophiques l’année suivante chez le même éditeur. En 1836, une version drastiquement remaniée paraît chez Werdet en deux parties sous le titre: l’Église et l’Hallucination.

Une partie du texte intitulée Zéro parut en 1830 dans la SilhouetteBalzac signait sous le pseudonyme de « Alcofribas ».

La nouvelle est dédicacée à Marceline Desbordes-Valmore qu’une amitié et une admiration (réciproque) attachait au romancier[2]. La poétesse était originaire de Douai, ville dans laquelle Balzac avait situé La Recherche de l'absolu.

Sommaire

[modifier] Thème

L’action se déroule selon l’auteur « à une époque indéterminée » ce qui donne à la parabole religieuse une valeur intemporelle

Dans la barque du passeur qui relie l’ile de Cadzant, (aujourd’hui disparue mais qui existait encore au XVIIIe siècle), et les côtes de Flandre près d’Ostende, les notables se placent à l’arrière du bateau, les pauvres gens à l’avant. Au moment où un inconnu arrive, juste avant le départ, les notables ne font rien pour lui laisser une place parmi eux, tandis que les pauvres se serrent (l’un deux s’assoit même sur le rebord du bateau pour lui laisser un siège). Le ciel est menaçant, la mer houleuse, même le passeur sent qu’il y aura une tempête. Le tableau décrit ici par Honoré de Balzac rappelle les plus belles scènes de genre de la peinture flamande, dont il était grand admirateur. Au fur et à mesure que le bateau avance et que la tempête se lève, on découvre que l’inconnu arrivé à bord, malgré ses vêtement sobres n’est pas un pauvre. C’est un être à part : Jésus-Christ, comme l’indique le titre. Celui-là même qui sauvera les Justes qui se trouvent parmi les Humbles au moment du naufrage.

Le deuxième partie de la nouvelle se déroule dans la chapelle que l’on a construite sur les lieux même où s’est produit le miracle, le narrateur de la légende est en proie à une hallucination : une vieille femme (personnage déjà présenté dans Zéro, qui incarne une Église usée par les compromissions) est transfigurée en éblouissante jeune fille (l’Église peut retrouver son rayonnement).

[modifier] La parabole religieuse

On pourrait considérer cette nouvelle comme un récit édifiant s’il ne contenait pas l’ensemble des contradictions religieuses de l’auteur.

Dans un esprit voltairien, presque anticlérical, ce catholique qui proclamera plus tard que la société est fondée deux principes indiscutables : l’Église et la monarchie[3], s’en prend assez violemment à la religion qui, pour s’être faite complice des Superbes (notables) et pour avoir oublié les Humbles, n’est plus qu’un cadavre en sursis [4].

Mais, (antithèse), quand bien même l’Église se trompe, elle reste capable de maintenir son rayonnement divin. Ainsi le jugement évangélique garde sa vertu.

[modifier] Rapprochements historique et religieux

En février 1831 une émeute parisienne saccagea l’église Saint-Germain-l'Auxerrois, et l’Archevêché. Balzac, bouleversé par ce déchaînement de violence, aurait alors précipité son évolution spirituelle[5]. Il faut rester prudent avec cette hypothèse : d’autres ont été avancées, notamment qu’il cherchait à se concilier l’Église parce que son catholicisme peu orthodoxe aurait pu lui attirer les foudres ecclésiastiques (qu’il s’attira de toute façon)[6].

[modifier] Notes et références

  1. Samuel S. de Sacy, Notice pour Jésus-Christ en Flandre, Folio Classique, p. 264.
  2. ibid
  3. Voir Honoré de Balzac, section [[Honoré de Balzac#Mysticisme et ésotérisme balzacien|Mysticisme et ésotérisme.
  4. Samuel S. de Sacy, Notice sur Jésus-Christ en Flandre, Folio Classique, Gallimard 1980, p. 274.
  5. Ibid., p. 275.
  6. Voir Mysticisme et ésotérisme balzacien sur la page de Balzac.

[modifier] Bibliographie

s:

Jésus-Christ en Flandre est disponible sur Wikisource.

  • John Axcelson, « L’Empreinte sur le sable: Reconstructing Religious Consciousness in La Comédie humaine », European Romantic Review, Winter 1992, n° 3 (2), p. 113-32.
  • (en) Roland A. Champagne, « The Architectural Pattern of a Literary Artifact: A Lacanian Reading of Balzac’s Jesus-Christ en Flandre », Studies in Short Fiction, 1978, n° 15, p. 49-54.
  • (en) Thomas R. Palfrey, « Cooper and Balzac: The Headsman », Modern Philology, Feb. 1932, n° 29 (3), p. 335-41.
  • André Vandegans, « Jésus-Christ en Flandres, Érasme et Ghelderode », L'Année balzacienne, 1978, p. 27-48.