Iroha

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Le Iroha-uta (Japonais: いろは歌, littéralement Chant du Iroha), ou plus couramment Iroha, désigne la traduction en japonais d'un hymne du Sūtra du Nirvāna. Sa date d'écriture est, d'après les linguistes, ultérieur au XIe siècle. Longtemps utilisé pour l'apprentissage des kana, il fut remplacé par le Goinzu (tableau de cinq sons) puis par le Gojūonzu (tableau des cinquante sons) durant l'époque d'Edo. Il est maintenant utilisé pour l'initiation à la calligraphie, et sert parfois de classement.

D'auteur inconnu, ce célèbre poème est composé avec la totalité des 47 kana, à l'exception du (n) qui date de l'ère Edo, ainsi que du /ye/ qui disparaît avant cette date. Ce texte est traditionnellement attribué au moine et savant bouddhiste Kukai. Depuis l'apparition du kana , ce dernier a été rajouté pour continuer d'être un exercice complet.

Sommaire

[modifier] Hiragana composants l'Iroha

Rappelons-nous que, traditionnellement, la calligraphie japonaise se lit d'abord du haut vers le bas et ensuite de droite à gauche. Notons aussi la présence des vieux caractères (we) et (wi) qui ne sont plus utilisés de nos jours. Il est impossible de connaître la prononciation exacte ; de plus les signes de voisement n'existaient pas.

  













































[modifier] Texte du poème en kana

Coupons les lignes aux bons endroits pour former des phrases de 5 ou 7 syllabes autant que possible. Écrivons dans le sens qui nous est commun, c'est-à-dire de gauche à droite. Dans l'ancienne version du poème, cela donne :

  

い ろ は に ほ へ と
ち り ぬ る を
わ か よ た れ そ
つ ね な ら む
う ゐ の お く や ま
け ふ こ え て
あ さ き ゆ め み し
ゑ ひ も せ す

  

Iro ha nihohe to
chiri nuru wo
Waka yo tare so
tsune naramu
Uwi no okuyama
kefu koete
Asaki yume mishi
wehi mo sesu

  

7
5
6
5
7
5
7
5

[modifier] Texte du poème en japonais (kanjis et kanas)

En japonais l'écriture phonétique des kanas ne suffit pas. Il y a trop d'homonymes pour permettre une compréhension facile du japonais écrit. Écrivons donc le poème avec les kanjis adéquats. La version moderne diffère légèrement de celle donnée ci-dessus.

  

色は匂へと
散りぬるを
我か世誰そ
常ならむ
有為の奥山
今日越えて
浅き夢見し
酔ひもせす

  

Iro ha nihohe to
chiri nuru wo
Waka yo tare so
tsune naramu
Uwi no okuyama
kefu koete
Asaki yume mishi
wehi mo sesu

  

Les couleurs sont parfumées,
  mais pourtant elles disparaissent.
Qui peut dans notre monde
  rester sans changements.
La haute montagne des aléas,
  aujourd'hui, j'irai au-dessus d'elle.
N'ayant ni les rêves vains,
  n'obtenant ni l'ivresse du vin.

  

7
5
6
5
7
5
7
5

[modifier] Une traduction du poème

Comme souvent, traduire un poème dans une autre langue est un exercice très difficile, surtout avec une langue comme le japonais. La traduction proposée ci-dessous, sans explications, s'inspire, outre d'une traduction littérale du japonais, de plusieurs adaptations en français et en anglais.

Le plaisir est enivrant mais s'évanouit
Ici-bas, personne ne demeure.
Aujourd'hui franchissant les cimes de l'illusion,
Il n'est plus ni de rêves creux,
ni d'ivresse.

[modifier] Utilisation de l'Iroha

Dans certains vieux théâtres japonais, les rangs sont organisés suivant l'Iroha (c’est-à-dire que le premier rang est i (い), le second rang ro (ろ), etc).

Enfin Microsoft Word et OpenOffice peuvent numéroter les chapitres en Iroha.

[modifier] Variante de l'Iroha

Il existe une variante de l'Iroha qui porte le nom de Tori Naku (Le Chant des oiseaux). Voici ce texte en kana (les kanji correspondants sont indiqués entre parenthèses).

とりなくこゑす (鳥鳴く声す)
ゆめさませ (夢覚ませ)
みよあけわたる (見よ明けわたる)
ひんかしを (東 (ひんがし) を)
そらいろはえて (空色映えて)
おきつへに (沖つ辺に)
ほふねむれゐぬ (帆船群れゐぬ)
もやのうち (靄の内)

Une transcription phonétique en rōmaji donne :

Tori naku kowe su
yume sama se
miyo ake wataru hin kashi wo.
sorairo haete oki tsu heni
Hofune murewi nu
moya nō uchi.

Une traduction possible est :

Le chant des oiseaux me tire de mes rêves
Regarde à l'est le jour se lève.
L'azur brille et entre le large et la côte
Une flotille de voiliers repose dans la brume.