Initiative de défense stratégique

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L'Initiative de défense stratégique (IDS), dite aussi « Guerre des étoiles », est un projet lancé le 23 mars 1983 par le président Ronald Reagan durant la guerre froide compte tenu d'une part de la poussée soviétique depuis la moitié des années 1970 et de la volonté des États-Unis à vouloir rester inviolables et invincibles sur leur sol et dans leurs zones protégées. « Pour contrer l'horrible menace des missiles soviétiques (…) un programme ambitieux est mis à l'étude pour protéger les États-Unis par un bouclier spatial, identifiant et anéantissant tout missile venu de la haute atmosphère. »

Ce fut sous le nom éminemment plus évocateur dans le monde de la jeunesse, du cinéma et des jeux vidéos que les médias américains associèrent La Guerre des étoiles ((en) Star Wars program) avec le programme scientifique et militaire mobilisant les crédits publics dans le giron du complexe militaro-industriel, objet de cet article.
Ce fut sous le nom éminemment plus évocateur dans le monde de la jeunesse, du cinéma et des jeux vidéos que les médias américains associèrent La Guerre des étoiles ((en) Star Wars program) avec le programme scientifique et militaire mobilisant les crédits publics dans le giron du complexe militaro-industriel, objet de cet article.

Sommaire

[modifier] Contexte international

Test d'un antimissile ERINT qui donna naissance au Patriot PAC-3 actuellement en service
Test d'un antimissile ERINT qui donna naissance au Patriot PAC-3 actuellement en service

Le retentissement de ce projet est immense, bien qu'il n'offre pas de défense totale et qu'il s'avère extrêmement coûteux, même pour le pays le plus riche du monde. Il inquiète cependant les alliés des Américains car on redoute, s'il était matérialisé, qu'il transforme les États-Unis en une forteresse, inviolable et invincible incitant au repli de la super-puissance occidentale à un isolationnisme qu'ils avaient abandonné, non sans regrets, après la Seconde Guerre mondiale.

Pour l'URSS, ce projet est une très mauvaise surprise, car il remet en question l'équilibre de la terreur, concrétisé depuis 1949 par la possession à son tour de l'arme nucléaire, la rendant désormais vulnérable si les États-Unis voulaient pousser leur avantage : voir disparaître selon le mot de Reagan l'« Empire du Mal », alors que son économie n'a plus les moyens de se lancer dans une escalade vertigineuse des dépenses militaires. Moscou, qui s'enlise en Afghanistan et se voit contrer d'une manière plus musclée par l'administration Reagan, invoque l'accord ABM de 1972 (limitation stricte des systèmes antimissiles) puis mobilise, en vain, tous les arguments à sa disposition pour que les États-Unis abandonnent leur programme.

Lorsque Gorbatchev arriva à la tête de l'Union Soviétique en 1985, constatant le profond délabrement de son économie absorbée par le complexe militaro-industriel, bien que possédant eux-mêmes d'excellents scientifiques développant des systèmes d'armes similaires comme Polyus, 1re partie du programme Skif qui devait répondre à l'IDS, il commença par donner des gages sur le sujet du désarmement conventionnel et nucléaire, ce qui rendit l'ambition d'origine du projet IDS obsolète.

[modifier] Le point de vue géopolitique

Ce programme de relance en matière de recherches en armement est considéré rétrospectivement comme contributeur de la chute de l'Union Soviétique ; à tout le moins la stratégie reaganienne de confrontation avec ledit « Empire du Mal », selon les discours présidentiels, consistait à mettre à genoux l'adversaire en l'amenant sur le terrain d'une compétition militaro-économique visant à l'étouffer financièrement, les crédits alloués par le politburo à cette compétition ne l'étant pas sur d'autres pans plus fondamentaux de l'économie de l'URSS.

[modifier] Postérité

Dessin d'artiste d'un système laser hybride, le tir provenant d'une station terrestre puis réfléchi par un satellite imaginé dans les années 1980
Dessin d'artiste d'un système laser hybride, le tir provenant d'une station terrestre puis réfléchi par un satellite imaginé dans les années 1980
Tir en décembre 2001 du prototype du Ground-Based Midcourse Defense, déclaré opérationnel depuis
Tir en décembre 2001 du prototype du Ground-Based Midcourse Defense, déclaré opérationnel depuis

Ce programme fut finalement officiellement abandonné en 1993 sous l'administration Clinton après avoir vu se développer des concepts d'armes tels que l'installation d'armes laser de haute puissance en orbite et au sol, des constellations de satellites lance-missiles, anti-missiles ou des missiles intercepteurs lancés par sous-marin.

Les technologies développées servent pour le succédané de ce programme dénommé National Missile Defense relancé par l'administration G. W. Bush qui prévoit d'installer une centaine de Ground Based Interceptor (missiles balistiques anti-missiles) en Alaska et en Californie pour pouvoir intercepter une vague d'une vingtaine de missiles balistiques provenant d'Asie. Les premiers de ces missiles ont été déclarés opérationnels en 2005.

Divers systèmes d'armes anti-missiles tactiques sont aussi en cours de développement ou en fonction à cette date dans les forces armées des États-Unis.

Par le jeu de l'IDS, l'Europe aussi fut poussée dans cette course aux anti-missiles, dans la mesure où, fort des effets dissuasifs que reçut l'IDS sur l'« Empire du Mal », les États-Unis proposèrent également des contrats avec d'autres États alliés, ces derniers pouvant dès lors bénéficier du système. Bien que le projet fût irréalisable dans les délais prévus et reposât sur de simples spéculations politiques, l'Europe fut, en quelque sorte, pour ne pas se trouver à la merci des États-Unis, obligée de lancer à son tour le programme EUREKA, qui restait essentiellement civil, et qui n'aboutit pas non plus…

[modifier] Voir aussi

[modifier] Article connexe

[modifier] Liens externes