Illustration

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Une illustration est une représentation graphique ou picturale servant à décrire ou accompagner par l'image un récit, un roman, une poésie, ou à appuyer un texte informatif (scientifique, ou journalistique). Elle a aussi une fonction publicitaire (affiches, couverture de magazines).

Sommaire

[modifier] Formes

L'illustration, réalisée par un dessinateur-illustrateur, artiste, graveur ou photographe, recouvre une grande variété de domaines :

  • l'illustration littéraire : romans, nouvelles, récits, couvertures de livres, littérature pour la jeunesse ;
  • l'illustration documentaire et technique : dictionnaires, encyclopédies, ouvrages thématiques et de vulgarisation, modes d'emploi…
  • l'illustration de presse : illustrations d'articles, dessin d'humour…
  • l'illustration publicitaire et commerciale : annonces de presse, affiches, conditionnements (boîtes et emballages), etc., les cartes postales…

Cette liste n'est pas limitative et les frontières entre ces diverses catégories ne sont pas nettes et fluctuent. Sauf exceptions, l'illustration se distingue de l'œuvre d'art en ce qu'elle accompagne un texte, et qu'elle est reproduite à de multiples exemplaires par les procédés de l'imprimerie ou de l'estampe. Mais une œuvre d'art originale est fréquemment utilisée comme illustration. L'original d'une illustration peut souvent être considéré comme œuvre d'art indépendamment du contexte de sa réalisation.

[modifier] Emploi

Des illustrations peuvent présenter un éventail de thèmes et être employées pour une variété de fonctions tels :

  • Faire ressortir les nuances d'un récit.
  • Inspirer un sentiment au lecteur.
  • Personnifier les personnages d'un récit
  • Visualiser par l'exemple un article d'ouvrage universitaire ou scientifique.
  • Schématiser des instructions dans un guide d'utilisation, ou un mode d'emploi.
  • Faire vendre un produit.

[modifier] Histoire

[modifier] Origines

L'origine de l'illustration se confond avec les premières représentations figurées, les enluminures réalisées au Moyen Âge et à la Renaissance peuvent être considérées comme les premiers exemples de cet art en Occident et au Proche-Orient. Parmi les enluminures remarquables, figurent celles illustrant Les Très Riches Heures du duc de Berry.

En Extrême-Orient, et plus particulièrement en Chine, en Corée et au Japon, les estampes ont une fonction similaire, mais plus généralement dans l'art pictural de ces pays, la peinture contenait toujours un bref texte poétique jusqu'au XIXe siècle.

[modifier] Du XVe au XVIIIe siècle

Le XVe siècle voit l'invention de l'imprimerie, les livres sont illustrés de gravures sur bois. Lors des siècles suivants, les techniques de gravure évoluent, passant du bois au cuivre (taille-douce, eau-forte) et, à la fin du XVIIIe siècle, à la lithographie. Les planches gravées de l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert sont un exemple d'illustrations de cette pèriode.

[modifier] Début du XIXe siècle

Au début du XIXe siècle la diffusion des journaux et des almanachs, et la popularité des nouvelles et feuilletons qui y sont publiés, voit se développer l'illustration de presse. Des figures notables de cette nouvelle discipline sont Hablot K. Browne et en France, Honoré Daumier. Dans le domaine de l'édition, les ouvrages encyclopédiques généralisent son usage.

[modifier] L’âge d'or de l’illustration

La seconde moitié du XIXe siècle est considérée comme l'âge d'or de l'illustration en Europe et aux États-Unis. Le développement de l'édition grand public et l'apparition des magazines accentuent la diffusion des illustrations. La technique de la gravure sur bois debout, avec des graveurs virtuoses, permet de rendre dans le moindre détail le travail des dessinateurs. L'invention de nouvelles techniques d'impression (notamment la photogravure) libère les illustrateurs qui emploient de nouvelles techniques et réalisent les premières illustrations occidentales en couleurs.

En France cette discipline est élevée au rang d'art par Paul Gavarni, J.J. Grandville, et surtout Gustave Doré dont les illustration des Fables de La Fontaine, les Contes de Perrault, ou le Don Quichotte de Miguel de Cervantes font date. Ses illustrations sombres de la pauvreté, dans le Londres des années 1860, furent des exemples marquants de commentaire social dans l'art. L'édition emploie massivement l'illustration grâce à la technique de la gravure sur bois de bout, pratiquée par des graveurs virtuoses, sans qui aucun simple illustrateur n'aurait pu être publié. L'exemple le plus représentatif est sans doute celui des éditions Hetzel, qui publient entre autres les romans de Jules Verne. Cette technique permet d'imprimer les illustrations en même temps que le texte, et à des tirages élevés, aucontraire des autres techniques (taille-douce, lithographie) qui obligeaient à une impression séparée et donc à des illustrations hors-texte. La plupart de ces graveurs, chargés de reproduire les originaux des dessinateurs, étaient souvent eux-même des illustrateurs : François Pannemaker, Édouard Riou, Léon Benett, et bien d'autres. Quelques grands peintres comme Édouard Manet et Edgar Degas s'essayent aussi à illustrer des poésie d'Edgar Poe ou des nouvelles de Guy de Maupassant.

La fin du siècle généralise l'affiche publicitaire en couleurs grâce à la technique de la lithographie, Jules Chéret, Eugène Grasset, Mucha et Toulouse-Lautrec inventent l'affiche moderne.

Aux États-Unis cet âge d'or se situe des années 1880 à 1914. Arthur Burdett Frost et Howard Pyle, fondateur de l'école de la Brandywine Valley, accèdent à la célébrité en illustrant des ouvrages destinés à la jeunesse et ont une influence sur l'œuvre de N.C. Wyeth (son élève) et Norman Rockwell.

En Grande-Bretagne, les illustrations de John Tenniel impriment fortement l'imaginaire collectif des lecteurs de Lewis Carroll. Arthur Rackham, Edmund Dulac sont représentatifs de l'influence des préraphaélites sur l'illustration britannique, par contraste Beatrix Potter illustre ses propres contes dans un style naturaliste mettant en scène des animaux habillés à la mode victorienne. D'autres illustrateurs comme Aubrey Beardsley, influencé par le japonisme, adoptent un style épuré en noir et blanc à la manière des Nabis.

[modifier] De 1914 à 1945

Un mouvement est initié en Amérique latine par Santiago Martinez Delgado tandis qu'il était étudiant d'art à Chicago, il travaille dans les années 1930 pour le magazine Esquire, et plus tard en Colombie pour le magazine Vida. Disciple de Frank Lloyd Wright ses illustrations sont influencées par le style art-déco.

Dans les années 30 l'influence de l'expressionisme se fait sentir dans le travail de l'illustrateur indépendant britannique Arthur Wragg. Il stylise des formes obtenues par la technique du pochoir telle qu'elle était employée dans les affiches de propagande.

Aux États-Unis la presse magazine impose les noms de J.C. Leyendecker, James Montgomery Flagg, et Norman Rockwell dont les couvertures pour le Saturday Evening Post dépeignent la vie de l'américain moyen.

[modifier] de 1945 à nos jours

Durant la seconde moitié du XXe siècle, la presse magazine abandonne peu à peu l'illustration dessinée au profit de la photographie. Mais les illustrateurs restent actifs dans les domaines de la publicité, de l'édition pour la jeunesse et de l'édition scientifique et dans les journaux où se développe le dessin de presse, généralement du dessin d'humour à forte charge politique et sociale (Le Canard enchaîné, Charlie Hebdo). De grandes individualités se détachent, exerçant dans différents domaines comme le dessin de presse, l'illustration littéraire, la littérature jeunesse, comme Ralph Steadman, Tomi Ungerer, Daniel Maja,Roland Topor... Des éditeurs d'art ont fait appel à des grands peintres comme Matisse, Moretti, ou Pablo Picasso qui a par exemple illustré Les Métamorphoses d'Ovide pour l'éditeur Skira. L'illustration vit essentiellement dans la presse et la communication, suivant des modes liées aux courants picturaux, mais les précédant parfois. En France, dans les années 1970, dans la presse, les jeunes graphistes du groupe Bazooka imposent un style agressif et novateur, fait de collages, inspiré des constructivistes russes aussi bien que de la bande dessinée, jouant de la photographie et de la typographie. Les années 1980 voient au travers de la redécouverte de Norman Rockwell une tendance hyperréaliste, utilisant largement la reproduction et l'interprétation de montages de photographies et l'usage de l'aérographe, avant que celui-ci ne soit supplanté par l'informatique.

Dans les années 1980-90, les médias audiovisuels tels que la télévision utilisent parfois les services d'illustrateurs, qui au moyen d'une tablette graphique caricaturent ou illustrent les thèmes traités, en direct. Ce type d'illustration nécessitant de grandes qualité d'improvisation et de vitesse de dessin, est parfois également utilisé lors de symposiums, congrès, séminaires ou manifestations de ce type.

Depuis la fin du XXe siècle, les techniques traditionnelles continuent à être enseignées et utilisées (Beaux-arts, écoles d'Art graphique…), mais l'illustration multimédia et l'infographie permises par le développement de l'outil informatique deviennent de plus en plus présentes. Ainsi les grandes encyclopédies-papier existent-elles aussi maintenant en version multimédia (CD-Rom + liens internet), utilisant toujours l'image, le dessin et les reproductions photographiques, mais aussi le son, les images de synthèse, les animations, les vidéos…) L'illustration dessinée reprend en popularité dans les magazines spécialisés (informatique, avec Hebdogiciel, féminine, etc.) et explose dans le nombre grandissant de magazines pour la jeunesse.

[modifier] Bibliographie

  • Michel Melot, L'Illustration; histoire d'un art; éd. Skira (Genève) 1984 (ISBN 2-605-00033-8)
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