I Am the Walrus

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I Am the Walrus
Single par The Beatles
extrait de l’album Magical Mystery Tour
Face A Hello Goodbye
Face B I Am the Walrus
Sortie Royaume-Uni 24 novembre 1967
Enregistrement 5 septembre 1967
aux studios Abbey Road
Durée 4:34
Genre(s) Rock psychédélique
Format 45 tours
Auteur(s) John Lennon et Paul McCartney
Producteur(s) George Martin
Label Parlophone
Pistes de Magical Mystery Tour
Your Mother Should Know
Hello Goodbye
Singles de The Beatles
All You Need Is Love/Baby You're a Rich Man (1967)
Lady Madonna/The Inner Light (1968)

I Am the Walrus est une chanson des Beatles, écrite par John Lennon (créditée Lennon/McCartney)[1], et publiée sur la face B du single Hello Goodbye. Elle paraît aussi sur l'album Magical Mystery Tour et dans le film de même nom destiné au petit écran. C'est d'ailleurs uniquement à cette occasion que I Am the Walrus sera jouée par le groupe.

Sommaire

[modifier] Genèse de la chanson

I Am the Walrus trouve son origine dans trois différentes idées de chansons sur lesquelles John Lennon travaillait. La première lui a été inspirée par le son d'une sirène de police qu'il a entendue de sa maison de Weybridge : Lennon écrivit « Mis-ter cit-y police-man » selon le rythme de la sirène. La seconde idée était un court vers au sujet de lui-même dans son jardin (toujours de Weybridge), et la troisième idée était une chanson insensée à propos d'être assis sur un flocon d'avoine. Incapable de concrétiser ces idées en trois chansons distinctes, il choisit à la place de les combiner en une seule et unique.

Quelque temps plus tard, Lennon reçut une lettre d'un élève de son ancienne école, la Quarry Bank Grammar School. Ce dernier expliquait que leur professeur d'anglais décortiquait les paroles des chansons des Beatles en classe. Amusé, Lennon décida d'écrire une chanson qui risquerait de donner du fil à retordre à quiconque voudrait l'analyser. Il demanda ainsi à Pete Shotton, un ami d'enfance, de lui citer quelques paroles de chansons que les enfants ont l'habitude de chanter. Shotton se souvint des mots : « Yellow matter custard, green slop pie, All mixed together with a dead dog's eye, Slap it on a butty, ten foot thick, Then wash it all down with a cup of cold sick » (Crème anglaise jaune et gâteau à la pâtée vert, mélangés avec l'œil d'un chien mort, fais-en un sandwich de trois mètres d'épaisseur, et fais-le passer avec une tasse de vomi froid). Lennon récupéra ces mots, les ajouta à ses trois chansons incomplètes, et le résultat donnera finalement I Am the Walrus. Selon Pete Shotton, Lennon aurait dit : « Voyons ce que ces connards seront capables de trouver là-dedans »[2].

L'univers décalé de I Am the Walrus est inspiré d'une œuvre de Lewis Carroll, De l'autre côté du miroir, ou plus particulièrement d'une chanson qui s'y trouve : Le Morse et le Charpentier (« Walrus » est le mot anglais pour « Morse », d'où le titre choisi par Lennon). Dans la fameuse interview qu'il accorde au magazine Playboy, en 1980, il revient sur sa chanson :

« Pour moi, c'était (Le Morse et le Charpentier) un magnifique poème. Ca ne m'était jamais venu à l'esprit que Lewis Carroll était en train de commenter le capitalisme et le système social. Je n'avais jamais essayé de comprendre ce que ça signifiait vraiment, comme les gens font avec le travail des Beatles. Plus tard, je suis revenu dessus et j'ai réalisé que le morse était le méchant dans l'histoire, et le charpentier était le gentil. Je me suis dit « Oh, merde, j'ai pris le mauvais gars. » J'aurais dû dire « Je suis le charpentier », mais ça n'aurait pas été la même chose n'est-ce pas ? Chanter I Am the Carpenter... »[3]

[modifier] Enregistrement et réception

L'enregistrement a lieu les 5, 6, et 27 septembre 1966 aux studios d'Abbey Road[4]. Parmi les instruments utilisés, on retrouve le violon, le violoncelle, le cor, la clarinette et le piano électrique, en plus des habituelles guitare, basse, et batterie[5].

Suite à sa publication, I Am the Walrus a été censurée sur la BBC, à cause des mots « pornographic priestess » (« prêtresse pornographique ») et « let your knickers down » (« baisse ta petite culotte »)[6]. Lennon expliquait à ce moment que knickers « est un mot merveilleusement expressif : il coule sous la langue et peut signifier n'importe quoi ». Paul McCartney a aussi réagi à ce sujet : « Tout le monde dit que la meilleure façon d'écrire pour les adolescents, c'est d'être ouvert. Maintenant qu'on le fait, on est critiqué. Le mot knickers ne peut offenser personne. Shakespeare a écrit des mots beaucoup plus osés que ça ! »[3]

En 1999, le manuscrit original de I Am the Walrus a été vendu à 80 000 livres[7].

[modifier] Structure musicale

La chanson est constituée de trois parties.

[modifier] Analyse des paroles

Les premiers vers annoncent d'emblée la nature décalée de la chanson :

« I am he as you are he as you are me and we are all together » (« Je suis lui comme tu es lui comme tu es moi et nous sommes tous ensemble »)
« See how they run like pigs from a gun, see how they fly / I'm crying » (« Regarde comme ils courent, comme des porcs jaillissant d'un pistolet, regarde comme ils volent / Je pleure »)

Lennon a soutenu par la suite qu'il a écrit ces deux premières lignes sous l'emprise du LSD[8]. Son idée était de composer « à la Bob Dylan » : bien que reconnaissant son talent d'écriture, il arguait que les chansons de Dylan ne contenaient pas toujours autant de choses que ce que les gens pouvaient en dire. Il s'est donc dit qu'il pouvait lui aussi bluffer[2].

La chanson se poursuit dans une ambiance des plus surréalistes. Martelant à tue-tête qu'il est tantôt « l'homme-œuf », tantôt le Morse, Lennon, assis sur un flocon d'avoine, attend le van des policiers, policiers qui s'avèrent voler comme « Lucy dans le ciel ». Plus tard, dans un jardin anglais, assis à attendre le soleil, il préfère se dire qu'il peut s'en passer et bronzer sous la pluie. Tout à la fin de la chanson, on peut entendre un extrait du Roi Lear de Shakespeare, qui passait à la radio lorsque Lennon écrivait ; les mots « What, is he dead ? Sit you down, father. Rest you. » notamment sont perceptibles.

Bien qu'essentiellement absurde et déjantée, I Am the Walrus contient quelques références à relever. Ainsi, le vers « See how they fly like Lucy in the sky » est une allusion à une autre des compositions signées Lennon, Lucy in the Sky with Diamonds. La chanson est aussi une attaque destinée au mouvement Hare Krishna et à tous les gens qui s'extasiaient autour. En effet, par « elementary penguin singing Hare Krishna » (« pingouin élémentaire chantant Hare Krishna »), Lennon voulait critiquer cette attitude naïve, primaire, qui consistait à crier partout le mantra Hare Krishna en plaçant toute sa foi dans une idole[3]. C'était le poète Allen Ginsberg qui était particulièrement visé, puisqu'il chantait Hare Krishna lors de ses lectures publiques[2].

La « saga du Walrus » se poursuivra un an plus tard avec la chanson Glass Onion, en 1968, lorsque Lennon, pour à nouveau brouiller les pistes, écrit « Well here's another clue for you all / The Walrus was Paul » (« Eh bien voici un autre indice pour vous / Le Morse, c'était Paul »). Le chapitre est définitivement clos en 1970, avec le titre God de son premier album solo, Plastic Ono Band, qui se termine par « I was the Walrus but now I'm John » (« J'étais le Morse mais maintenant je suis John »).

[modifier] Personnel

[modifier] Reprises

  • Lol Coxhill sur l'album Ear Of Beholder, en 1971
  • Crack The Sky sur Live Sky, en 1978
  • Gray Matter sur Food For Thought, en 1984
  • Men Without Hats sur Sideways, en 1991
  • Oingo Boingo sur Boingo, en 1994
  • Love/Hate sur I'm Not Happy, en 1995
  • Oasis sur The Masterplan, en 1998
  • Styx sur Big Bang Theory, en 2003
  • La chanson Piggy in the middle du groupe The Rutles pastiche l'ambiance, le rythme et les sons de I Am the Walrus.
  • Bono sur Bono and Secret Machines

[modifier] Notes et références

  1. I am the Walrus, Review, AllMusic. Consulté le 6/06/2007
  2. abc (fr) Steve Turner, L’Intégrale Beatles : les secrets de toutes leurs chansons (A Hard Day’s Write), Hors Collection, 1999, 208 p. (ISBN 2-258-04079-5), p. 146
  3. abc Extraits d'interviews
  4. Magical Mystery Tour, sur Lucy in the web
  5. Fiche technique de I Am the Walrus, sur Yellow-sub.net
  6. I Am the Walrus, sur Songfacts.com
  7. Hunter Davies, Les Beatles, la biographie, le cherche midi, 2004 (ISBN 2-74910-211-1), p. 9
  8. Sheff, David (2000). All We Are Saying: The Last Major Interview with John Lennon and Yoko Ono. New York: St. Martin's Press. ISBN 0-312-25464-4. 

[modifier] Liens externes et sources

  • (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu d’une traduction de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « I Am the Walrus ».