Hydrocarbure perfluoré

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Formule type développée

Les hydrocarbures perfluorés ou perfluorocarbones (PFC) sont des composés halogénés gazeux de la famille des fluorocarbures (FC). Ces gaz fluorés sont composés d’atomes de carbone et de fluor. Se référer ici [1]pour leur nomenclature.

Les PFC sont des composés synthétiques ayant la particularité de dissoudre de grandes quantités de gaz, comme le dioxygène (O2), le gaz carbonique (CO2), l'azote (N2), etc. Ils peuvent dissoudre jusqu'aux deux tiers de leur volume de gaz.

Bien qu’ils ne soient pas dangereux pour la couche d’ozone, les PFC agissent comme gaz à effet de serre (GES). Ces gaz ne sont émis qu’en petites quantités dans l’atmosphère, mais ils participent activement aux changements climatiques en raison de leur grand potentiel de réchauffement planétaire (PRP - 100 ans) correspondant en moyenne à 7 600 fois celui du dioxyde de carbone (CO2), allant d’un facteur de 6 500 (CF4) à un facteur de 9 200 (C2F6). Ces grandes valeurs de potentiel de réchauffement planétaire sont notamment dues à leur grande durée de vie dans l’atmosphère, allant de 2 600 années (C3F8 et C4F10) à 50 000 années (CF4).[1],[2]

Les PFC font partie des six principaux gaz à effet de serre inscrits sur la liste du Protocole de Kyoto. Une diminution des émissions de PFC a été observée de 1990 à 2004 (-53% au Canada et -47% en France).[3],[4]

Sommaire

[modifier] Usages

  • Les PFC étaient essentiellement utilisés dans les climatiseurs, certaines unités de réfrigération et certains extincteurs.
  • Ils sont de plus en plus utilisés comme agent antiadhésif (instruments de cuisson) et comme imperméabilisants ou agents anti-tâche sur les textiles et tapis.
  • Ils sont parfois présents sur des emballages alimentaires (contenants de fast-food, emballages de pop corn prévu pour le micro-onde)
  • Ophtalmologie: utilisé comme remplacement temporaire de l'humeur vitreuse dans les chirurgies du détachement de la rétine.
  • Ventilation liquidienne
  • Substitut d'hémoglobine
  • Embolisation de tumeur[5]
  • Plongée sous-marine: Il n'existe toujours pas de matériel de plongée sous-marine utilisant les perfluorocarbones, bien que des recherches soient menées depuis plusieurs années.

[modifier] Impacts environnementaux

Ils sont mal connus à moyen et long terme, mais on sait qu'une partie très significatives des PFC sont in fine perdu dans l'atmosphère ou l'environnement où ils posent différents problèmes, d’abord car ce sont des gaz à effet de serre extrêmement puissant, ensuite parce qu'ils ont une très longue durée de vie (la durée de vie moyenne estimée de certains PFC semble pouvoir atteindre 50 000 ans (ex : PMID 14572085). Selon une étude publiée en 2003, le PFC le plus abondant dans l’atmosphère était le tétrafluorométhane (PMID 14572085), dont le potentiel de réchauffement de la planète (PRP) est 6 500 fois plus élevé que celui du dioxyde de carbone, alors que le PRG de l’hexafluoroéthane est lui 9200 fois supérieur à celui du dioxyde de carbone. [6].

Plusieurs gouvernements inquiets du potentiel nuisant de ces molécules sur le climat ont tenté de produire des accords internationaux visant à limiter leur utilisation avant qu'ils ne deviennent un problème pour le climat. Les PFC sont maintenant théoriquement suivis et réglementés dans le cadre du Protocole de Kyoto, sous la forme d’une large classe de PFC incluant les PFOS et PFOA, très persistants dans l'environnement.

Certains PFC utilisés comme antiadhésifs ou produits anti-tâche semblent aussi pouvoir largement contaminer l'environnement, via l'eau ou l'air (certains sont volatiles et facilement emportés par les courants aériens jusqu'au pôle nord, où ils peuvent encore se dégrader en d'autres substances bioaccumulables). Avec d'autres PFC, ils sont déjà détectés dans des échantillons de sang dans le monde entier et dans le corps de nombreux animaux (mammifères, mais aussi oiseaux, amphibiens et poissons, dont l’anguille, comme l'a montré une étude publiée en 2006 ayant porté sur des anguilles pêchées dans 21 rivières et lacs de onze pays de l'UE[7]. Des études écotoxicologiques récentes laissent penser que l'anguille pourrait transmettre à ses oeufs et à la génération suivanteune partie de sa charge en certaines polluants persistants. Lorsque les adultes repartent pondre en mer, ils consomment leurs réserves de graisses, lesquelles avaient concentré de nombreux polluants, lesquels pourraient aussi interférer avec le développement de l'embryon et de la civelle. Les PFC s'accumulent dans le foie, ce qui laisse penser qu'il pourraient présenter une certaine toxicité (le foie est un organe réputé détoxifiant). On les trouve dans le sang humain et ils passent de la mère à l'embryon et au fœtus via le cordon ombilical.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Références

  1. A.A. Lindley, A. McCulloch, Regulating to reduce emissions of fluorinated greenhouse gases, Journal of Fluorine Chemistry,126, 1457–1462 (2005).
  2. Environment Canada - GHG - Rapport d'inventaire national 1990-2004 - Sources et puits de gaz à effet de serre au Canada
  3. Rapport d'inventaire national 1990-2004 - Sources et puits de gaz à effet de serre au Canada
  4. CITEPA - Données annuelles nationales - GES - PFC
  5. Christophe Olry, Des bulles de gaz pour lutter contre les tumeurs, futura-science.com, Juillet 2006.
  6. Page de l’EPA(Agence américaine de protection de l’environnement), citant le GIEC, concernant le potentiel de différents gaz en terme de réchauffement climatique
  7. Rapport d'étude commandé par Greenpeace, 2006, 32 pp. intitulé “Presence of perflorinated chemicals in eels from 11 european countries, Investigating the contamination of the European eel with PFCs,substances used to produce non-stick and water-repellant coatings for a multitude of products