Hugues de Bourgogne

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Hugues de Bourgogne, aussi connu sous le nom de Hugues de Die ou Hugues de Romans, (vers 1040-†Suze en Piémont le 7 octobre 1106) était un homme d'Église français qui fut évêque de Die, archevêque de Lyon et légat du pape.

Sommaire

[modifier] Biographie

Son origine n'est pas claire: il semble être natif de Romans, ou du moins du diocèse de Vienne. Présenté aussi comme un neveu du duc Hugues Ier de Bourgogne, il est vraisemblablement le frère de Guigues, abbé de l'Île-Barbe, et l'oncle de Hugues, prieur clunisien de Saint-Marcel-les-Chalon. Il est en tous cas chamarier[1] du chapitre cathédral de Lyon en octobre 1073, au moment où le légat Gérard, cardinal évêque d'Ostie, le substitue à Lancelin, évêque de Die, qu'il vient de déposer pour simonie. Il va alors se faire ordonner et consacrer évêque à Rome (2e dimanche de Carême 1074) où il assiste au concile de mars 1074. C'est au cours du concile romain suivant, en février 1075 (quand est publié par ailleurs le décret contre les investitures laïques), qu'il est nommé légat en Bourgogne et en France.

Il applique ainsi les préceptes du pape Grégoire VII à plusieurs niveaux :

  • au plan local, il s'efforce de faire régler dîmes et prémices, et pour améliorer la qualité du clergé, soutient le développement des chanoines réguliers.
  • au plan du haut clergé, il réunit une série de conciles où il diffuse les décrets grégoriens et lutte de façon instransigeante contre l'investiture laïque. Des évêques sont déposés (à Clermont, à Tours) où leur élection est cassée (à Chartres, à Chalon-sur-Saône). Les archevêques de Sens et Bourges sont momentanément suspendus en 1078, et Hugues s'efforce d'obtenir la déposition de l'archevêque de Reims Manassès (effective en 1080).

Son action est parallèle à celle de l'autre grand légat grégorien dans l'Ouest de la France, Amat d'Oloron.

A travers son action souvent jugée radicale, Hugues cherche, comme Grégoire VII, à redéfinir totalement la place de l'église dans la société médiévale en la dégageant des liens féodaux (la plupart des évêques gouvernent un comté, et sont en tant que tels des rouages du gouvernement du royaume de France). Le roi de France, l'archevêque de Reims, le duc d'Aquitaine ont parfois entravé son action. Engagé dans une longue lutte contre l'empereur Henri IV, Grégoire VII lui-même qui devait les ménager pour ne pas ouvrir un "second front", a ainsi tempéré l'action de son légat de 1077 à 1080, en lui adjoignant en particulier comme légat Hugues de Semur, abbé de Cluny.

En 1083, à la mort de Jubin ou Gébuin, qui avait obtenu le titre de primat des Gaules, il lui succède (jusqu'à sa mort en 1106). Il s'efforce de faire correspondre cette primatie nouvelle à des pouvoirs réels, dans une optique centralisatrice, contrairement au sens simplement honorifique que l'Église a finalement donné à la primatie lyonnaise. Mais il tombe en disgrâce sous le pontificat de Victor III (Didier, abbé du Mont-Cassin), qui l'excommunie de même que Richard, légat du pape et abbé de Saint-Victor de Marseille, au concile de Bénévent (août 1087).
Sous Urbain II (1088-1099), il retrouve ses pouvoirs de légat, traitant en particulier de la question de l'adultère royal de Philippe 1er qui a enlevé Bertrade de Montfort pour vivre avec. En octobre 1094, c'est sous sa présidence que le concile d'Autun, réuni à sa demande, excommunie le roi de France, excommunication confirmée par le pape lui-même à Clermont en 1095 ; l'interdit est jeté sur le royaume de 1096 à 1104.
Mal acceptée par le clergé de France soucieux de conserver son autonomie, l'autorité du primat (qui reposait sur les pouvoirs du légat) s'effondre avec l'élection du pape Pascal II en 1099.
Infatigable voyageur, après un pèlerinage à Compostelle (1095), Hugues fait celui de Terre sainte (1101-1103). Il meurt le 6 octobre 1106 à Suze, sur la route du concile de Guastalla.

[modifier] Conciles réunis par le légat Hugues de Die-Lyon

  • Anse, Dijon, Clermont (7 août 1076)
  • Autun (sept. 1077)
  • Poitiers (janv. 1078), interrompu par le duc d'Aquitaine
  • 1079: Troyes, empêché par le roi
  • 1080: Lyon, Avignon, Toulouse
  • 1081: Bordeaux, Saintes, Issoudun
  • 1082: Meaux
  • 1094: Autun

[modifier] Références

  1. Le chamarier était l'un des huit grands dignitaires du chapitre cathédrale de Lyon. Chanoine-comte, il supervisait la sécurité, la justice, la voirie et avait sous ses ordres douze agents de surveillance. C'est lui qui détenait les clefs des six portes de l'enceinte

[modifier] Liens externes

[modifier] Bibliographie

Principales sources

  • Chronique d'Hugues de Flavigny (PL CLIV)
  • Lettres d'Hugues de Die (PL CLVII, col.508-528)
  • Lettres de Grégoire VII (MGH)
  • Lettres d'Yves de Chartres

Etudes

  • W. LUHE, Hugo von Die und Lyon, Breslau, 1898
  • Abbé RONY, "Hugues de Romans, légat pontifical", Revue des questions historiques, 107, 1927, p.287-303. ID., "La politique française de Grégoire VII. Conflit entre le pape et son légat", Revue des questions historiques, 109, 1928, p.5-34. ID., "La légation d'Hugues, archevêque de Lyon sous le pontificat d'Urbain II", Revue des questions historiques, 112, 1930, p.124-147.
  • Theodor SCHIEFFER, Die päpstlichen Legaten in Frankreich vom Vertrage von Meersen (870) bis zum Schisma von 1130, Berlin, 1935
  • Bernard BLIGNY, L'Eglise et les ordres religieux dans le royaume de Bourgogne, Grenoble, 1960.
  • Gilles BOLLENOT, Un légat pontifical au XIe siècle. Hugues, évêque de Die (1073-1082), primat des Gaules (1082-1106), thèse (Université de Lyon, Faculté de Droit et des Sciences économiques), 1973.
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