Guy-André Kieffer

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Guy-André Kieffer est un journaliste franco-canadien, né le 25 mai 1949. Il a disparu le 16 avril 2004 à Abidjan, capitale économique de la Côte d'Ivoire, dans des circonstances qui n'ont pas été élucidées.

Sommaire

[modifier] Biographie

Journaliste économique, il d'abord travaillé à Libération. Il rejoint ensuite, dès sa création en 1984, le quotidien La Tribune, créé par quatre journalistes économiques du quotidien Le Monde, qui souhaitaient dépoussiérer l'information économique, en mettant l'accent sur l'enquête, l'infographie et le reportage. Il y restera 18 ans.

Surnommé GAK par ses amis et collègues [1], Guy-André est devenu un connaisseur apprécié du monde, souvent opaque, des matières premières, et l'un des animateurs du Cercle Cyclope, qui réunit des journalistes, économistes, et professionnels des matières premières. Ses collègues de La Tribune constataient chaque matin que « chacun de ses articles [était] une enquête ».

Guy-André était le principal rédacteur des bulletins mensuels de Cyclope et du rapport annuel du même nom, un livre relié de 400 pages, qui faisait chaque année référence dans le domaine des matières premières, sous la direction de l'économiste Philippe Chalmin.

Par ailleurs délégué syndical CGT pour la rédaction de La Tribune, il a négocié pour ses collègues plusieurs accords importants, en particulier sur les droits d'auteurs.

En 2002, il prend un congé sabbatique pour se rendre en Côte d'Ivoire, à la demande du président Gbagbo, élu en 2000, qui souhaitait lui confier une mission d'audit de la filière cacao dont la Côte d'Ivoire est le premier producteur mondial.

Cet audit met rapidement en lumière les malversations considérables qui affectent cette filière. Un rapport d'audit de l'Union européenne sur « l'argent du cacao », publié fin 2005, et dont il connaissait la teneur avant son assassinat, a démontré le bien-fondé des conclusions auxquelles GAK avait été amené.

Plutôt que de renoncer à ses investigations, GAK a décidé de les poursuivre et même d'en élargir le champ, en qualité de journaliste indépendant. Dans les mois précédant son enlèvement, il avait notamment travaillé sur le financement des ventes d'armes en Côte d'Ivoire, le financement des groupes rebelles du Libéria, le montage de la Banque Nationale d'Investissement et le paiement occulte des salaires de Guinée-Bissau par la Côte d'Ivoire.

Il produit alors, jusqu'au jour de son enlèvement, le 16 avril 2004, de nombreux articles bien renseignés et très critiques sur l'économie et les finances de la Côte d'Ivoire, qu'il publie dans la presse ivoirienne sous des pseudonymes divers.

Un documentaire intitulé « Guy-André Kieffer : un journaliste qui dérangeait » a été réalisé par Bernard Nicolas et diffusé sur Canal + dans le cadre de Jeudi investigation fin mai 2008. La chute a prêté a polémique, le président Laurent Gbagbo ayant en substance déclaré que, en temps de guerre, la mort d'un homme n'était qu'un “détail”.

[modifier] Enlèvement

Au moment de sa disparition, Guy-André Kieffer était correspondant de La Lettre du Continent, lettre confidentielle consacrée à l'Afrique, spécialisé dans les matières premières, notamment le cacao, ainsi que les affaires économiques et financières. En plusieurs occasions, après des articles gênants, il avait été la cible de sérieuses attaques dans la presse proche du pouvoir du président Gbagbo.

Une semaine après sa disparition, des menaces de mort ont aussi obligé le journaliste ivoirien Baudelaire Mieux, ami de Guy-André, qui suivait les mêmes dossiers, mais pour l'agence de presse Associated Press (AP), à quitter la Côte d'Ivoire pour quelques temps.

L'enquête menée en France a pu montrer qu'il avait été enlevé par un commando proche de la présidence ivoirienne, composé de membres des services de renseignement [2]. Elle a aussi montré qu'il a été victime d'un piège tendu par Michel Legré, beau-frère de Simone Gbagbo, qui lui a donné rendez-vous sur le parking d'un supermarché où l'enlèvement a eu lieu [2]. Legré a été incarcéré quelque temps à la prison d'Abidjan avant d'être relâché, et n'a jamais accepté d'être interrogé en France [2].

Le président Jacques Chirac n'a jamais reçu sa femme à l'Elysée, mais Osange Silou-Kieffer a pu avoir des entretiens avec Nicolas Sarkozy après son élection [2].

Le 16 avril 2004, jour de son enlèvement, Bruno Joubert, actuel Monsieur Afrique de Nicolas Sarkozy, a débarqué à Abidjan, pour des raisons inconnues, en compagnie de Nathalie Delapalme, conseillère Afrique pour plusieurs ministres des Affaires étrangères [2]. Les avocats de la famille requièrent leur audition, sans succès jusqu'à présent [2].

[modifier] Références

  1. Les amis et ex-collègues de Guy-André Kieffer à la Tribune ont créé l'association Vérité pour Guy-André Kieffer
  2. abcdef David Servenay, Le journaliste Guy-André Kieffer disparu depuis quatre ans, Rue 89, 16 avril 2008

[modifier] Liens externes

  • Affaire Kieffer : un ex-officier ivoirien écroué à Paris, Le Monde, 2 février 2006