Griot

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Voir « griot » sur le Wiktionnaire.

Le griot désigne, en Afrique occidentale, un communicateur traditionnel.

Un griot en habit de fête (1890)
Un griot en habit de fête (1890)

Sommaire

[modifier] Origines

La caste des griots est née puis s'est développée dans un contexte où n'existaient historiquement ni l'écriture (sauf pour les religieux), encore moins la radio et la télévision. Le griot est ainsi considéré comme étant notamment le dépositaire de la tradition orale. Les familles griotiques sont spécialisées soit en histoire du pays et en généalogie, soit en art oratoire, soit en pratique musicale. Les principaux groupes de griots ou communicateurs traditionnels sont appelés djéli en pays mandingue, guéwël en pays wolof et gawlo chez les Toucouleurs. Le développement de cet article insiste sur le cas du "djéli".

[modifier] Le griot et la djéliya

Le terme malinké djéliya signifie « transmission par le sang », il désigne le griotisme, la science dont est pourvue le griot, réservée à un groupe d'hommes et de femmes unis par les liens du sang.

Djéliya a pour racine le mot malinké djéli qui signifie « sang » et qui est aussi le nom donné aux griots dans les pays qui délimitent l'ancien Empire du Mali ou Mandingue.

[modifier] Le djéli et la naissance d'un empire

Un griot à Diffa (Niger)
Un griot à Diffa (Niger)

L'empire du Mandingue s'étendait, à son apogée, au milieu du XIIIe siècle, de l'Afrique centrale (Tchad, Niger) à l'Afrique de l'Ouest sub-saharienne (Mali, Sénégal). Son apogée correspond au règne de l'empereur Sundjata Keïta dont les glorieux exploits ne cessent d'être commémorés encore de nos jours. Naré Maghann Konaté, à sa mort, avait offert à son fils Sundjata — que la prédiction des chasseurs-sorciers annonçait comme futur chef de l'empire — un griot, Balla Fasséké, qui devait lui servir de soutien et l'accompagner dans son règne.

Balla Fasséké est considéré comme le premier griot, il donna naissance à la lignée des griots Kouyaté dont l'activité se poursuit encore de nos jours.

Chaque famille de djéli accompagne une famille de rois-guerriers, que l'on nomme diatigui. Il n'est pas de djéli sans diatigui, il n'est pas de diatigui sans djéli, les deux sont indissociables et l'un ne vaut rien sans l'autre. Toutefois le diatigui peut accepter de « prêter » son djéli à un autre diatigui.

L'empire du Mandingue s'organisait en castes, chaque caste correspondait à une profession ou une activité artisanale, participant à la cohésion et à l'unité de la société. Les forgerons, les cordonniers, les cultivateurs, les tisserands, les chasseurs, les griots constitutaient les principales castes de la société mandingue.

[modifier] « On ne devient pas griot, on naît griot par des liens particuliers»

Les liens du sang sont sacrés.

Tout enfant est initié dès son plus jeune âge aux techniques et aux savoirs de sa caste. Ce sont les anciens qui forment les jeunes.

Être griot, c'est donc appartenir à la caste des djélis (« sang »), caste qui peut être identifiée par le nom de famille : Kouyaté, Diabaté, Dramé, Niakaté, Soumano… Il n'est pas possible de passer d'une caste à une autre. De plus, les mariages exogames sont interdits. Les djéli, porteurs des savoirs et des mystères, ne peuvent épouser que des membres de leur caste afin de sauvegarder la djéliya et de préserver l'identité des djélis.

Un enfant (fille ou garçon), né(e) dans une famille de djéli, reçoit l'instruction propre à sa caste, une instruction qui s'établit selon neufs paliers de sept années chacun, chaque pilier correspondant à une étape de la vie.

De nos jours, du fait de l'exode rural, de l'émigration et de la mondialisation, nombreux sont les enfants de griots qui ignorent tout des pratiques artistiques et des connaissances de leurs ancêtres. Par ailleurs, il est possible que des membres appartenant à d'autres castes accomplissent des fonctions de griots mais ceux-là ne peuvent être assimilés aux griots. Il en est ainsi de Salif Keïta (descendant de Sundjata Keita, caste des rois).

[modifier] Qui sont les griots ?

On dénombre trois « familles » de griots.

Les nyamakala sont ceux qui n'ont pas de totem ou d'interdit, de ce fait, ils sont craints. Par ailleurs, proches du pouvoir, ils suscitent l'admiration. Ce sont les détenteurs de la parole, du chant et de la musique. Ils sont rattachés à un diatigui (un noble) et ne chantent que pour louer leur maître. Enfin ils sont les seuls à pouvoir et devoir dire ce que pense le peuple, et ce que doit faire le roi. Les djéli sont des nyamakala.

Les finims sont les louangeurs, ils vantent les mérites de telle personne pour gagner de l'argent. Ces griots ne disposent que de la parole.

Les niakaniakadjeli ont les mêmes fonctions que les griots mais ne portent pas un nom de famille de griots.

[modifier] Rites funéraires

Crânes de griots ensevelis au pied d'un baobab à la Réserve de Bandia (Sénégal)
Crânes de griots ensevelis au pied d'un baobab à la Réserve de Bandia (Sénégal)

Au Sénégal, certaines ethnies – notamment les Sérères et les Lébous – n'enterraient pas leurs griots, mais les déposaient à l'intérieur des troncs creux de gros baobabs, une coutume qui s'est poursuivie jusqu'au XXe siècle.

L'anthropologue belge Guy Thilmans a, le premier, effectué des fouilles systématiques dans le pays afin de recueillir de tels restes. Il a rassemblé 140 crânes et de nombreux ossements qu'il a étudiés dans le cadre du Département d'Anthropologie physique de l'Institut français d'Afrique noire, transformé dans l'intervalle en Institut fondamental d'Afrique noire. Cette investigation a jeté les bases de l'anthropologie ostéométrique.

[modifier] Liste d'artistes et de groupes griots

  • Abdoulaye Diabaté (Mali)
  • Alpha Oulare (Guinee)
  • Amadu Bansang Jobarteh (Gambie)
  • Ba Cissoko (Guinée)
  • Baba Sissoko (Mali)
  • Badenya Brothers Coulibaly (Burkina Faso)
  • Balla Kouyate (Mali)
  • Sotigui Kouyaté (Burkina Faso)
  • Balla Tounkara (Mali)
  • Dembo Jobarteh (Gambie)
  • Djado Sekou (Niger)
  • Djelimady Tounkara (Mali)
  • Djimo Kouyate (Sénégal)
  • Djoliba Badjé (Niger)
  • El Hadj Djeli Sory Kouyate (Guinée)
  • Foday Musa Suso (Gambie)
  • Kasse Mady Diabate (Mali)
  • Lamin Saho (Gambie)
  • Malamini Jobarteh (Gambie)
  • Mory Kanté (Guinee)
  • N'Faly Kouyate (Guinee)
  • Ndiaga Mbaye (Sénégal)
  • National Instrumental Ensemble of Guinea (Guinée)
  • Papa Susso (Gambie)
  • Pope Kanouté (Sénégal)
  • Prince Diabaté (Guinée)
  • Salieu Suso (Gambie)
  • Seikou Susso (Gambie)
  • Sherrifo Konteh (Gambie)
  • Soum Bill (Côte d'Ivoire)
  • Vieux Diop (Sénégal)
  • Yacouba Sissoko (Mali)
  • Aboubacar Kouyaté (Mali)
  • Djibril Ndiaye Rose (Sénégal)

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Bibliographie

[modifier] en français

  • (fr) Paroles de griots, Albin Michel, 2003
  • (fr) Pierre Bordage, Griots célestes. I, Qui-vient-du-bruit, L'Atalante, 2002
  • (fr) Sory Camara, Gens de la parole : Essai sur la condition et le rôle des griots dans la société malinké, Paris, Karthala, 1992, 375 p. (ISBN 2865373541)
  • (fr) Kama Kamanda, La nuit des griots, Présence africaine, 1996 (nouvelle édition)
  • (fr) Karamogo Kamara, Griots de Samatiguila, Université d'Abidjan, Institut de linguistique appliquée, Agence de coopération culturelle et technique, 1983
  • (fr) Isabelle Leymarie, Les griots wolof du Sénégal, Maisonneuve et Larose, 1999
  • (fr) Raymond Mauny, « Baobabs-cimetières à griots », Notes africaines, 1955, n° 67, p. 72-76
  • (fr) Guy Thilmans, « Les baobabs à griots du Sénégal (1965) : carnet de fouilles », Senegalia. Études sur le patrimoine ouest-africain. Hommage à Guy Thilmans, Saint-Maur-des-Fossés, Éditions Sépia, p. 167-182
  • (fr) Ada Ugah, Rêves interdits, poèmes suivi de La révolte des griots : suivi de ; Rêves retrouvés, Naaman, 1983

[modifier] autres langues

  • (en) Thomas A. Hale, Griots and Griottes: Masters of Words and Music, Indiana University Press, 1998
  • (it) Luigi Dadina et Mandiaye N'Diaye, Griot Fuler, République de Saint-Marin, Guaraladi/AIEP, 1994, 144 p. (ISBN 88-86051-21-2)

[modifier] Liens externes

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