Gorge profonde (film)

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Gorge profonde
Titre original Deep Throat
Réalisation Gerard Damiano
Acteur(s) Harry Reems
Linda Lovelace
Dolly Sharp
Carol Connors
Scénario Gerard Damiano
Producteur(s) Louis Peraino
Arrow Productions
Budget $ 22 000
Durée 65 minutes (1h05)
Sortie janvier 1972
Pour les articles homonymes, voir Gorge profonde.

Gorge profonde (Deep Throat) est un film américain à caractère pornographique écrit et réalisé par Gerard Damiano et sorti sur les écrans en janvier 1972.

Sommaire

[modifier] Synopsis

Une jeune femme, Linda, consulte un médecin pour lui faire part de ses difficultés à atteindre l'extase lors des rapports sexuels. Après examen, celui-ci l’informe que sa frigidité s’explique par le fait que son clitoris n’est pas localisé là où il devrait être mais au fond de sa gorge. Dès lors le remède qu'il prescrit est simple puisqu’il lui suffira d'avaler la totalité d'un organe masculin pour atteindre la satisfaction. Et il s’empresse de le lui démontrer en lui donnant son propre organe à succer. Reconnaissante, Linda se propose pour être sa compagne mais le docteur refuse car il est déjà engagé auprès de sa propre infirmière. Il lui offre toutefois un rôle de thérapeute auprès de ses patients incluant la fellation, la pénétration vaginale et la sodomie. Le film s'achève alors que Linda est en visite chez l'un de ses patients tandis que, un godemichet en verre dans le vagin, la bande-son joue I'd Like To Teach the World To Screw, parodie d'un jingle célèbre de l'entreprise Coca-Cola.

[modifier] Commentaires

Second film pornographique de long métrage sorti aux États-Unis après Behind the green door, Deep Throat fut à l'origine en 1972 d'un scandale qui propulsa sa vedette, Linda Lovelace, au premier plan de l'actualité en la consacrant comme première star de ce genre controversé. Tourné en six jours à Miami et destiné à l'origine à une diffusion confidentielle sous le manteau, ce film n'avait coûté que 25 000 dollars à produire. Toutefois, au cours de ses trente ans d'exploitation, le FBI estima qu'il avait rapporté plus de 600 millions de dollars ce qui le place parmi les plus grandes réussites de l'industrie cinématographique américaine. Par son concept provocateur mettant en image une fellation profonde, et grâce à son humour distanciateur, ce film participa à la destruction de nombreux tabous et initia une mode du « Porno-Chic » qui contribua à une libération des mœurs aux États-Unis. Aujourd'hui encore, il suscite une polémique qui n'est sans doute pas près de s'éteindre. Par exemple :

« Les témoignages 'explicites' de 'hardeurs' ne sont certes pas nouveaux. [...] Mais le plus pathétique est sans doute celui de Linda Boreman (1981), alias Linda Lovelace, la star du film culte Deep Throat - Gorge profonde - produit en 1972. Deep Throat est l'histoire d'une femme qui n'arrive pas à obtenir de satisfaction sexuelle, jusqu'à ce qu'un médecin (après examen approfondi) découvre son clitoris enfoui dans le fond de sa gorge. La hardeuse explore au cours de tout le film les 'caresses sexuelles buccales'. Gorge profonde a été un des premiers films pornographiques à obtenir une audience débordant les salles pornographiques. Il a défié les lois américaines sur l'obscénité et a été présenté dans des salles de cinéma 'ordinaires' ; il a ainsi participé à la 'libération' de la pornographie aux États-Unis et dans le reste du monde occidental. Il a fait de la pornographie un phénomène social acceptable qui ne pouvait être contesté que par des conservateurs, des groupes religieux et des femmes coincées. Près d'une décennie après la sortie du film, qui en a fait une vedette, la hardeuse publie son autobiographie, Ordeal (Épreuve). Elle y narre l'histoire du film et celle de son rapport avec son ancien mari et souteneur, Jack Traynor. Ce récit n'est pas une apologie de la liberté sexuelle, du sexe gratuit et du porno chic, mais celui de l'humiliation, de l'esclavage et de l'abus sexuel. Loin d'être consentante, Lovelace est la victime d'un mari proxénète brutal, qui, après l'avoir droguée et prostituée, la place devant les caméras sous la menace d'une arme à feu et la frappe sans la moindre hésitation. Afin de réussir les fellations du film sans s'étouffer, elle a dû subir un entraînement pour apprendre à avaler entièrement un pénis. Pendant les mois qui ont suivi, de nombreuses femmes ont été hospitalisées aux États-Unis, victimes de viols de la 'gorge' du fait que leurs petits amis ont tenté de leur faire réitérer à la maison l'exploit de Lovelace, dans un état second et sous la menace. Deep Throat a été tourné en 6 jours en Floride et a coûté 22000 dollars américains à réaliser. Il a rapporté à ses producteurs 600 millions de dollars, dont 100 millions en argent comptant. Linda Lovelace est vite devenue la première superstar du show-biz pornographique, le symbole sexuel de la femme 'libérée'. En fait, c'est un viol à répétition qui a permis à la pornographie de sortir de son ghetto. et son souteneur de mari ne lui a jamais versé un seul dollar pour ses 'prestations'.[1] »

[modifier] Distribution

  • Linda Lovelace : Linda
  • Harry Reems : Docteur Young
  • Dolly Sharp : Helen
  • Bill Harrison : M. Maltz
  • William Love : Wilbur Wang
  • Carol Connors : la nurse
  • Bob Phillips : M. Fenster
  • Ted Street : le livreur
  • Jack Byron
  • Michael Powers
  • Gerard Damiano

[modifier] Autour du film

  • Devant l'énorme succès du film, un Gorge Profonde 2 a vu le jour sous la direction de Joseph W. Sarno en 1974, Gérard Damiano se contentant du poste de producteur exécutif, toujours avec Linda Lovelace et Harry Reems en tête d'affiche. Puis Gorge Profonde 3 directement en vidéo en 1989 sous la direction de Jérôme Bronson où toute l'équipe des deux premiers volets a disparu, mis à part des archives de Linda Lovelace insérées dans le film. On y trouve notamment des stars du porno comme Peter North ou Aja. Enfin, trois autres suites virent le jour sur le marché vidéo sous la direction de Ron Jeremy en 1990, 1991, et 1993 dans lesquels Victoria Paris incarnait Linda Lovelace.
  • Dans sa biographie L'Épreuve, Linda Lovelace écrit que son manager et ancien mari Chuck Traynor l'aurait forcée à exécuter certaines scènes qui ont fait la célébrité du film, allant jusqu'à déclarer que : « À chaque fois que quelqu'un regarde Gorge Profonde, il me voit en train d'être violée. C'est un crime qui est en train de se dérouler dans ce film ; il y avait un revolver contre ma tête tout le temps ». Ces déclarations sont à prendre avec une certaine prudence compte tenu de la carrière de cette actrice - comprenant en outre sa suite Gorge Profonde 2. Elles dénotent toutefois une certaine tension qui peut expliquer son féminisme exacerbé.
  • Le titre du film inspira le journaliste Bob Woodward pour le surnom de son informateur secret qui permit de révéler le scandale du Watergate et dont on n'a appris qu'en 2005 qu'il se nommait W. Mark Felt.
  • Le 11 février 2005, un documentaire d'1h30 intitulé Inside Deep Throat est sorti aux États-Unis. Revenant sur l'énorme succès de ce film, ce reportage de Fenton Bailey et Randy Barbato met en exergue l'écart entre les modestes intentions de ses promoteurs et son incroyable impact sur la société américaine. Il est sorti en France le 27 juillet 2005.

[modifier] Références externes

[modifier] Notes et références

  1. Extrait de La Mondialisation des industries du sexe. Prostitution, pornographie, traite des femmes et des enfants, éditions Interligne, 2004, p. 194-95, par Richard Poulin, professeur de sociologie à l'Université d'Ottawa.