Giambattista Bodoni

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Giambattista Bodoni
Giambattista Bodoni

Giambattista Bodoni (né le 16 février 1740 à Saluzzo, dans la province de Coni dans le Piémont - mort le 30 novembre 1813 à Parme) était un graveur, imprimeur et typographe italien de la fin du XVIIIe siècle et du début du XIXe siècle, qui travailla à Parme.

Sommaire

[modifier] Biographie

[modifier] La jeunesse

Giambattista Bodoni nait en 1740 à Saluzzo d'un père imprimeur lequel lui apprend le métier dès son plus jeune âge. À peine âgé de 18 ans, Bodoni se rend à Rome le 15 février 1758, marchant sur les traces de son grand-père qui avait été compositeur dans l'imprimerie de la Chambre, il est chargé par le préfet de la Propagande auprès du Saint-Siège de mettre de l'ordre dans les caractères de type Garamond, acquis par le pontife Sixte Quint au XVe siècle puis pour travailler dans l'imprimerie de la "congrégation de la propagation de la foi" (crée en 1622 par la pape Grégoire XV pour diffuser la doctrine de l'église catholique dans le monde) typographie qu'il abandonne quand le directeur, qui est aussi son maitre se suicide. Il avait mis à profit sa présence à Rome pour apprendre à « La Sapienza » les rudiments de plusieurs langues orientales. En 1766, il décide de se rendre à Londres où l'art de la typographie est fleurissant grâce à John Baskerville et Wilson Caslon mais il tombe malade. Une fois rétablie, sur proposition de Guillaume Du Tillot premier ministre de Ferdinand duc de Parme qui souhaite donner à Parme une imprimerie aussi importante que celle de Paris, Madrid ou Vienne propose de le nommer directeur de l'imprimerie ducale de Parme en collaboration avec Clemente Bondi, poste qu'il acceptera le 24 mars 1768. Il obtient en même temps l'autorisation de former pour son compte un établissement particulier.

[modifier] l'imprimerie ducale de Parme

L'imprimerie est située à l'intérieur du vieux palais ducal de la Pilotta où se trouve actuellement le Musée Bodoni et elle emploie 20 personnes.

Dès octobre 1768, il imprime des livres avec du matériel typographique commandé à Saluzzo, à Turin et auprès du célèbre graveur Pierre-Simon Fournier. En 1770, son frère Giuseppe le rejoint et prend en charge la fonderie. En 1771, il publie sa première collection de vignettes et de majuscules inspirée de Fournier, cette collection et celles qui suivirent rendirent Bodoni célèbre en Italie et à l'étranger. Pour le compte de José Nicolás de Azara, ambassadeur du roi d'Espagne à Rome, il publie Les travaux d'Horace en 1791, Virgile en 1793 et Tibulle et Properce en 1794. Le 18 mars 1791, Bodoni épouse Margherita dell'Aglio qui l'aide dans son abondante correspondance et continuera l'œuvre après sa mort et il crée la même année son imprimerie avec l'autorisation du Duc de Parme.

[modifier] L'occupation française

Bodoni poursuit son activité après l'occupation des troupes napoléoniennes (1796-1797) et l'annexion en 1802.

Vers 1798 Bodoni dessine un caractère dont les lignes sont d'un grand contraste et d'une extrémité finie ce qui provoqua une grande innovation dans la communauté typographique et qui constitua le point de départ des caractères modernes.

Bodoni supervise l'édition de la célèbre édition de l'"Oratio Dominica" publiée en 1806. Il réalise un prologue en français, en italien et en latin avec les caractères Bodoni et une dédicace au prince Eugène de Beauharnais qui finance la publication. L'œuvre contient la traduction en 155 langues du Notre Père et c'est le plus vaste catalogue alphabétique et de caractères typographiques jamais publié. Bodoni grave et prépare les matrices lui-même et chaque page est une œuvre élégante contenant les caractères les plus étranges des langues presque inconnues en Europe au début du XIXe siècle ce qui augmente l'enchantement de ce livre unique au monde.

Les éditions de Bodoni eurent un énorme succès dues surtout à la qualité de celles-ci pour lesquelles il utilisait de riches illustrations et d'élégantes typographies. Les membres de l'aristocratie européenne utilisait du papier de la meilleure qualité, dessinait d'élégantes pages, les imprimaient et les reliaient avec soin. Bodoni reçut des récompenses du pape, de différents rois d'Europe et de la ville de Parme qui créa une médaille en son honneur. Un fait curieux évoque une correspondance avec Benjamin Franklin sur le thème de la typographie.

À la demande de Joachim Murat, Bodoni publie en 1812 Fénelon et en 1813 Racine avant de décéder le 30 novembre 1813. Au cours des vingt ans qui suivent son décès, l'imprimerie privée dirigée par Giuseppe Paganino publie deux cent ouvrages dont en 1814 La Fontaine et Boileau. Sa femme Margherita, restée veuve, publie en 1818, l'œuvre principale de Bodoni : Il Manuale Tipografico.

[modifier] Le manuel typographique

Les caractères de la police Bodoni
Les caractères de la police Bodoni

Le Manuale Tipografico contient plus de 600 incisions, caractères latins et exotiques, mille ornements et gravures dessinés par le grand typographe. Mais sa vraie valeur ne réside pas dans le fait d'être un livre merveilleusement imprimé et d'une grande rareté ni dans le fait d'être le testament du typographe le plus important de son époque mais c'est d'avoir en son sein les premiers caractères modernes, évolués, raffinés et rigoureux comme ceux créés par John Baskerville, et pourtant non aussi rigides et formels comme ceux dessinés par son grand rival français Firmin Didot. Un autre aspect important de cette œuvre monumentale est son intégrité de style qui constitue un modèle de cohérence artistique en vigueur encore à notre époque. Dans la préface du manuel, Bodoni expose les quatre principes ou qualités qui constituent la beauté d'une famille de caractères d'imprimerie :

  • La première est l'uniformité du dessin qui consiste dans la compréhension que bon nombre de caractères d'un alphabet ont des éléments en commun qui doivent se retrouver dans chacun d'eux.
  • Le second est l'élégance unie à la pureté par la juste taille et le finissage méticuleux des poinçons qui produisent une matrice parfaite d'où on obtient des caractères purs et délicats.
  • Le troisième principe est le bon gout: le typographe doit rester fidèle à une pure simplicité et ne jamais oublier sa "dette" envers les meilleurs lettres écrites dans le passé.
  • La quatrième qualité affirme Bodoni, c'est le charme, une qualité difficile à définir, mais qui est présente dans ces lettres qui donnent l'impression d'avoir été écrite ni avec nonchalance ni avec rapidité, mais avec beaucoup de calme comme un acte d'amour.

Bodoni fut un grand admirateur de John Baskerville et il étudia dans le détail les dessins de Pierre-Simon Fournier et Firmin Didot si bien qu'il s'inspira de ces travaux, surtout de Didot, il n'y a aucun doute que Bodoni trouva son style personnel et particulier aussi en raison de la manière d'imprimer. Actuellement le Musée Bodoni de Parme conserve plus de 25 000 poinçons originaux.


Dessins modernes de caractères Bodoni:

  • ATF Bodoni de M.F. Benton (1907-1915)
  • Mergenthales Linotype Bodoni (1914-1916)
  • Haas Bodoni (1924-1939)
  • Bauer Bodoni de Louis Hoell (1924)
  • Berthold Bodoni (1930)

La fondation Stempel produit des adaptations de la Bodoni de Haas.

[modifier] les récompenses

  • En 1782, typographe de la chambre du roi Charles III d'Espagne avec pension sur proposition
  • En 1803 il est fait citoyen de Parme et une médaille est réalisée en son honneur.
  • En 1806, médaille d'or de la première exposition de Paris.
  • En 1808 il reçoit une pension à vie de Murat et en 1810 une seconde de Napoléon.
  • En 1812, il est décoré de l'ordre impérial de la Réunion.

[modifier] Éditions

[modifier] Publications

  • Manuel typographique, 1788, réimprimé en 1818 avec améliorations.

[modifier] Bibliographie

  • (it) Giambattista Bodoni tra due centenari G. Avanzi 1913-1940. Saggio bibliografico, in «Archivio storico per le provincie parmensi», terza serie, V, 1940, pp. 137-61, présenté comme la plus riche bibliographie.
  • (it) des dizaines d'autres ouvrages

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens internes

[modifier] Liens externes

[modifier] Sources

  • (it) Cet article est partiellement ou en totalité issu d’une traduction de l’article de Wikipédia en italien intitulé « Giambattista Bodoni ».
  • (it)Parma Edition Quaderni Parmensi, de Gianfranco Stella (1988)
  • (it) Dizionario Biografico dei Parmigiani de Roberto Lasagni, Parma, PPS, 1999, 4 volumes