Gaudapâda

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Gaudapâda fut un maître hindou, probablement au VIe ou VII^e siècle, d'expression sanskrite. On pense qu'il était originaire du nord du Bengale.

Comme celui que l'on se plaît à désigner comme son « petit-fils » spirituel, Adi Shankarâchârya, il fut un grand métaphysicien, défenseur de la doctrine de la non-dualité. La présence très forte à son époque du bouddhisme en Inde a engagé certains exégètes à vouloir à tout prix trouver chez lui des influences bouddhistes, notamment dans certaines doctrines « négativistes ». Comme il s'agit du premier grand commentateur du védanta, après des siècles de domination bouddhiste, deux interprétations s'opposent : soit on le considère comme le premier maître participant à la restauration de l'hindouisme, le fondateur de l'advaita vedanta, soit on le considère, dans une perspective crypto-bouddhiste, comme ayant incorporé et acclimaté au contexte hindou tout ce qui, dans le bouddhisme, pouvait l'être. Si on adopte cette seconde interprétation, il faut alors admettre que l'illusionisme a été importé dans le védanta, via le bouddhisme. Cela appuye la thèse de ceux qui défendent que l'ancien védanta était réaliste (voir Shri Aurobindo). Dans ce cas, l'illusionisme serait une innovation bouddhiste tardivement importée dans l'hindouisme par Gaudapada lui-même. Mais le fameux commentaire (Karika) de la Mandukya Upanishad, est tellement classique qu'on le considère traditionnellement comme purement orthodoxe. Il pourrait en fait s'agir d'une innovation qui est "devenue" orthodoxe. Car avant Gaudapada, l'illusionisme n'existe pas dans l'hindouisme.

On pense que Gaudapada fut le guru de Govinda, lui-même maître de Shankara, d'où sa désignation comme « grand-père » du fameux métaphysicien.

« Gaudapada aurait obtenu la révélation suprême de Narayana (Vishnu fait homme […]), après s'être livré à une sévère ascèse au cœur de l'Himalaya » (Pierre FEUGA, in Comme un cercle de feu, Éditions Accarias, collection L'Originel, p. 24).

Gaudapada est également l'auteur d'un commentaire classique des Samkhya karika. Il s'agit peut-être d'un autre Gaudapada, car le dualisme défendu par le samkhya n'est guère compatible avec l'advaïta du premier. S'il s'agit du même auteur, alors, on doit considérer Gaudapada comme un érudit sans doctrine propre. Mais la force de conviction qui se dégage du commentaire de la Mandukya Upanishad n'autorise guère une telle interprétation.