Frontière linguistique en Belgique

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La frontière linguistique belge fut établie officiellement en 1932 entre les communes néerlandophones et les communes francophones.

Sommaire

[modifier] Motivations de Wallons, motivations des Flamands

Cette frontière fait suite à la reconnaissance du néerlandais comme une des langues officielles du royaume de Belgique en 1898 et à la revendication du mouvement flamand de posséder un territoire associé à cette langue. Mais si cette revendication peut être considérée comme d'abord flamande, au moins chronologiquement, il ne fait pas de doute que le mouvement wallon très actif au moment de cette fixation et dans le Centre Harmel, la souhaitait aussi. C'est ce que démontre l'ouvrage La décision politique en Belgique. Voyez Histoire de Belgique de 1945 à 1993. Les Flamands la voulaient pour défendre leur langue menacée par l'expansion du français. Les fédéralistes wallons, très influents au sein du PSB mis sous pression par le Mouvement populaire wallon, la voulaient également, sentant bien que la fixation de cette frontière mettait en place deux des éléments de l'État à savoir la population et le territoire, ce qui pouvait être considéré comme une étape vers la constitution d'une entité fédérée appelée Wallonie.

Cette frontière fut fixée entre les provinces flamandes d'une part (Flandre orientale, Flandre occidentale, Limbourg) et wallonnes d'autre part (Hainaut, Namur, Liège) ayant frontière commune. Le Brabant wallon fut également réuni à la Wallonie alors qu'il constituait à cette époque l'arrondissement de Nivelles. Le Brabant fut divisé ultérieurement au sud de Bruxelles entre Brabant flamand et Brabant wallon (appellation qui date d'ailleurs du XVIe siècle), celui-ci étant tout simplement l'arrondissement de Nivelles. Cependant - et c'était aussi une volonté des Flamands et Wallons radicaux - les communes majoritairement francophones de Flandre occidentale comme par exemple Mouscron furent rattachées à une province wallonne (en l'occurrence le Hainaut). Et les communes des Fourons furent rattachées au Limbourg, ce qui suscita ultérieurement l'opposition violente de la population des six villages, le soutien à cette agitation du Mouvement populaire wallon, de la population de Liège puis finalement d'une large majorité des parlementaires wallons qui, tant à la Chambre qu'au Sénat rejetèrent la réunion des Fourons à la Flandre. Le problème des Fourons allait empoisonner la vie politique belge et contribuer à l'ascension politique d'un de leur leader José Happart, qui fut un certain temps l'homme politique le plus populaire en Wallonie et préside actuellement le Parlement wallon.

Les 19 communes formant l'agglomération bruxelloise gardèrent leur statut bilingue.

[modifier] Histoire

On fait souvent remonter la formation de la frontière linguistique à la période romaine mais de moins en moins d'éléments historiques et archéologiques permettent d'attester cette thèse. A cette époque la langue officielle était le latin et il ne reste aujourd'hui que de rares traces de la langue originale le "celte".

C'est plutôt à la période mérovingienne et carolingienne qu'il faut attribuer à la fois la germanisation de certaines contrées et la francisation du latin. Le paysan parle la langue de son seigneur direct, les échanges sont rares, la langue officielle et littéraire est et reste le latin.

Il semble que la première fois que fut vraiment tracée une frontière des langues en Belgique ce fut avec les Notion de la Wallonie au XVIIe siècle des Jésuites et des Capucins.

Il faut également remarquer que jusque dans les années 1950, la langue vernaculaire, et non une des langues officielles, était la langue maternelle d'une majorité de Belges tant du côté wallon que du côté flamand. Les gens parlaient plus facilement des langues comme le wallon, le flamand occidental (Vlaemsch), le flamand oriental, le picard, le luxembourgeois que le français ou le néerlandais. Ces langues régionales connaissaient bien sûr des variantes de village à village, mais l'intercompréhension a été bien plus large, y compris avec d'autres langues régionales que le wallon comme le picard ou le lorrain. Il y a d'ailleurs eu à la fin du XIXe siècle une importante presse de langue wallonne (ou picarde et lorraine), lisible largement. En outre le wallon était la langue obligatoire (de fait) dans les installations industrielles du fait de la meilleure aptitude de cette langue à désigner les réalités techniques modernes, notamment dans les charbonnages [1].

La frontière linguistique fixée (en 1932), cela conforta l'usage du néerlandais comme langue de culture en Flandre où elle était concurrencée par le français. En Wallonie, la situation est quelque peu différente. Depuis le vote de l'instruction obligatoire en 1914 (mais qui ne peut s'appliquer qu'après la guerre), tous les Wallons étaient enseignés en français dès l'école primaire. Il est arrivé dans certaines régions que les instituteurs prennent les enfants avant l'âge légal en vue de leur insuffler quelques éléments du français. Pour se faire une idée de la langue réellement pratiquée en Wallonie entre 1920 et 1940, il vaut la peine de lire les livres de Paul Biron, l'un des phénomènes littéraires de la Wallonie dont les livres ont connu les meilleures ventes avec ceux des livres d'Arthur Masson. Arthur Masson incruste des passages en wallon dans une langue française très travaillée et plus que correcte. En revanche Paul Biron écrit dans une langue qui mélange le français et le wallon, à la manière dont le faisaient les Wallons (et le font encore), un peu comme on le fit (et fait) longtemps à Bruxelles en mélangeant langue régionale bruxelloise et français.

[modifier] Bibliographie

  • Ladrière, Meynaud, Perin (sous la direction de), La décision politique en Belgique, CRISP, Bruxelles, 1995.

[modifier] Voir aussi

Autres langues